Québec s’en prend aux spéculateurs qui achètent des terres agricoles

Québec s’en prend aux spéculateurs qui achètent des terres agricoles
Québec s’en prend aux spéculateurs qui achètent des terres agricoles

Le gouvernement Legault a dans sa ligne de mire les investisseurs étrangers et autres spéculateurs qui souhaitent s’enrichir en terres agricoles. Le ministre de l’Agriculture, André Lamontagne, veut s’attaquer à cette pratique et ralentir la perte de superficies cultivables avec la réforme qu’il prépare depuis plus d’un an et qu’il présentera ce jeudi avec le président de l’Union des producteurs agricoles. (UPA), Martin Caron.

Pourquoi le ministre agit-il maintenant en déposant un projet de loi?

Malgré l’adoption en 1978 du Loi relative à la protection du foncier et des activités agricolesles empiètements continuent. L’Institut de la statistique du Québec, qui s’appuie sur des photographies aériennes, calcule qu’entre 2000 et 2010, l’Estrie a perdu 87 km⁠2 des terres agricoles nettes, dont 16 % ont été « artificialisées », tandis que le reste est « revenu à l’état de forêt ». Les régions des Laurentides et de la Montérégie ont perdu respectivement 50 km⁠2 et 46 km⁠2 de terres agricoles aux mains de l’urbanisation, au cours de la même période.

L’UPA estime qu’en 25 ans, le Québec a perdu 60 000 hectares (600 km2) de terres agricoles, l’équivalent de 12 terrains de football par jour.

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PHOTO JACQUES BOISSINOT, SPECIAL COLLABORATION

Le ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation, André Lamontagne

« En tête de liste, nous voulons ralentir la perte de terres agricoles. C’est très, très important. Il y a une pression très importante du côté des zones d’urbanisation. Et, on le sait, cela se produit dans la vallée du Saint-Laurent, et c’est là que nous avons nos meilleures terres agricoles », affirme le ministre de l’Agriculture.

Comment y parviendra-t-il ?

André Lamontagne s’attaque principalement aux spéculateurs fonciers, qui s’enrichissent en achetant des terres agricoles. « Nous avons trouvé des moyens de lutter contre la spéculation foncière, de limiter les actions et les activités qui garantiraient que les terres agricoles soient convoitées à des fins autres que l’agriculture », dit-il.

Clairement, les gens qui « achètent des terres agricoles » et qui n’ont pas pour objectif de « cultiver » sont dans la ligne de mire du ministre. On peut penser aux spéculateurs qui achèteront des terres pour les laisser en jachère, par exemple. S’en prendra-t-il aux fonds d’investissement ou aux banques qui achètent des terres pour les louer aux agriculteurs ? En janvier, le gouvernement Legault a pris en considération un projet de loi de Québec solidaire qui visait à interdire purement et simplement cette pratique, sans toutefois la réclamer par la suite.

M. Lamontagne répond qu’il vise « tout ce qui peut contribuer à la spéculation ». Il souhaite également « durcir » les règles entourant l’achat de terres agricoles par des étrangers. L’objectif : en s’attaquant aux spéculateurs, réduire le prix des terres pour les rendre plus accessibles aux producteurs agricoles.

Quels autres aspects de la loi le ministre souhaite-t-il modifier ?

André Lamontagne estime que sa réforme est la plus importante à être mise en place depuis 46 ans. Depuis l’époque où Jean Garon a adopté la loi sur la protection du territoire agricole, l’industrie a changé.

M. Lamontagne veut, par exemple, encourager l’agrotourisme. Le ministre viendra-t-il à la rescousse du chanteur Mario Pelchat, qui n’a pas le droit de se produire dans son vignoble et qui a dû annuler des représentations et rembourser des milliers de billets vendus ? « Il y a des activités dans l’agrotourisme qui sont utiles pour augmenter les revenus de l’entreprise, mais aussi pour permettre l’accueil des gens, et aujourd’hui, c’est compliqué », explique-t-il.

Le ministre nuance également la qualité des terres agricoles dans la loi, afin que la Commission de protection des terres agricoles en tienne compte. «Lorsque quelqu’un fait une demande, et que l’implication est dans une zone de très haute qualité, ou dans une zone où il n’y a pas d’agriculture pouvant être pratiquée, pouvons-nous donner au commissaire les outils pour évaluer cette demande ? C’est certain que nous voulons aller dans ce sens», a-t-il déclaré.

Le ministre permettra-t-il de nouvelles activités sur les terres agricoles ?

André Lamontagne semble ouvert à permettre certaines activités industrielles à caractère agricole. Il souhaiterait par exemple permettre aux agriculteurs de mutualiser les activités de « transformation » ou de « stockage » de la production agricole pour réduire leurs coûts. « Existe-t-il un moyen de permettre aux gens de mutualiser certaines activités à leur profit ? Pour l’instant, il n’y a rien qui facilite cela », dit-il.

Il entend également inscrire dans la loi l’importance de la vitalité des communautés. Lors des grandes consultations qu’il a menées pour aboutir à l’élaboration du projet de loi, de nombreux intervenants lui ont soumis que faciliter le partage des terres agricoles permettrait l’implantation de nouveaux agriculteurs.

« La communauté municipale a exprimé des besoins en termes de favoriser la vitalité du territoire. […] On peut avoir un très beau territoire agricole, mais si, finalement, il n’y a personne qui habite dans les régions, on ne va pas plus loin », a-t-il déclaré.

 
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