Combien de signalements liés au mal-logement avez-vous recensés dans le Finistère ?
En 2023, on compte 274 situations de mal-logement contre 196 en 2022 et 69 en 2021. En réalité, cette augmentation est principalement due aux moyens engagés par la Fondation Abbé Pierre et le Département du Finistère pour financer un poste à - plein dans chargé de ces questions chez Adil. Ce qui est sûr, c’est que nous recevons beaucoup de signalements et que nous avons besoin de davantage de ressources pour y répondre correctement.
Parmi les cas identifiés, certaines situations se répètent-elles plus que d’autres ?
La majorité des signalements concernent des locataires de logements privés, qui vivent dans des logements humides avec des traces de moisissures. A l’inverse, les propriétaires occupants se plaignent très rarement de leurs conditions de logement. Pour ces derniers, c’est parfois le syndrome de Diogène (un trouble du comportement qui inclut une tendance à accumuler des objets), et c’est souvent la mairie qui nous prévient. Les situations impliquant des propriétaires occupants sont particulièrement difficiles à gérer car la plupart d’entre eux refusent de déménager malgré le risque avéré pour leur santé.
Quelle est la procédure à suivre pour signaler un logement indigne ?
Il est possible d’appeler Adil directement. Avant d’actionner d’autres leviers, le locataire est invité à adresser un courrier au propriétaire-bailleur. Si un mois après l’envoi du courrier, le locataire n’a pas eu de nouvelles, alors il doit revenir vers nous. Par la suite, le locataire peut faire appel au conciliateur de justice, car il existe des obligations liées à la location du logement. Si la personne bénéficie d’une allocation de logement versée par la Caf ou la MSA, vous pouvez demander qu’un contrôle de décence du logement soit effectué. Si le diagnostic n’est pas conforme et que le propriétaire ne respecte pas les obligations de travail, l’indemnité n’est plus versée. Surtout, vous ne devez pas vous faire justice vous-même en ne payant pas le loyer. Il est beaucoup plus compliqué d’intervenir lorsque le locataire n’est pas à jour de ses paiements car le propriétaire peut engager une procédure d’expulsion.
Pourquoi de nombreux locataires ne signalent-ils pas leur situation ?
La majorité des personnes qui appellent Adil à ce sujet sont des personnes précaires, qui bénéficient de faibles revenus. Leur grande peur est de se retrouver sans toit. Cependant, il est vrai que le relogement des personnes mal logées est très compliqué car nous connaissons actuellement une importante pénurie de logements, tant dans le secteur privé que dans le social. Et puis, certains locataires ne sont pas à l’aise pour entamer des démarches administratives et/ou craignent d’éventuelles représailles de la part de leur propriétaire.
La plupart des mauvaises conditions de logement sont-elles le résultat de propriétaires peu scrupuleux ?
Je ne souscris pas à la vision « mauvais propriétaire VS gentil locataire ». Il existe des cas où les propriétaires ignorent leurs obligations. Du côté des locataires, on se rend également compte que, parfois, les compétences de vie font défaut. Il y a par exemple des locataires qui, pour ne pas payer trop cher l’électricité, arrêtent de chauffer leur logement et coupent la ventilation. Mais c’est le genre de choses qui entraîneront une détérioration des logements.