Un budget adopté par ordonnance. PEU PROBABLE
“Si une motion de censure était votée sur la loi de financement de la Sécurité sociale, le vote du projet de loi de finances serait profondément perturbé”, observent les juristes Jean-Pierre Camby et Jean-Éric Schoettl, sur le site actuel. légal.fr. Avec un premier scénario possible : l’article 47 de la Constitution permet au gouvernement de promulguer son projet de budget par ordonnance, sans vote, si le Parlement ne l’a pas voté au bout de soixante-dix jours.
Ce système, jamais utilisé jusqu’à présent, comporte cependant beaucoup d’incertitudes juridiques, surtout avec un gouvernement démissionnaire (qui ne peut continuer que les affaires courantes). Cela serait inévitablement perçu par beaucoup comme un contournement du Parlement. “Le gouvernement renversé ne pourrait pas recourir à une ordonnance de l’article 47, car lorsqu’un gouvernement tombe, toutes les propositions de loi qu’il porte tombent aussi”, estime Xavier Cabannes, professeur de droit public au Monde. Université Paris Cité.
Un nouveau gouvernement pour un nouveau budget. QUASI IMPOSSIBLE
Deuxième option pour sortir de l’ornière, un nouveau budget, concocté par un nouveau gouvernement. Compte tenu de la situation politique bloquée, une telle issue avant le 31 décembre paraît tout à fait illusoire.
Une loi d’urgence pour renouveler le Budget 2024. PLUS SIMPLE, MAIS…
Le gouvernement (démissionnaire ou nouvellement installé) disposera d’une dernière carte : présenter un projet de loi spécial l’autorisant à percevoir les impôts existants et répartir par décret les crédits correspondants pour l’exercice 2024. « Cette loi spéciale n’indexerait ni le barème des impôts ni les crédits à l’inflation. Cela réduirait donc automatiquement le déficit d’une dizaine de milliards d’euros », expliquent Jean-Pierre Camby et Jean-Éric Schoettl. Mais ils soulignent qu'”on serait pourtant loin des 60 milliards initialement espérés par le gouvernement pour le budget 2025″. ».
Le problème serait reporté à l’année prochaine, mais la catastrophe d’une discontinuité budgétaire évitée
Autre effet secondaire : le report des mesures d’urgence contenues dans le PLF (notamment en faveur des agriculteurs). “Cela ne dispenserait pas le vote d’une loi de finances 2025 en bonne et due forme au cours de l’année 2025. Le problème serait donc reporté à l’année prochaine, mais la catastrophe d’une discontinuité budgétaire évitée”, concluent-ils. Le président de la commission des Finances de LFI, Éric Coquerel, et le vice-président du RN, Sébastien Chenu, se sont dits prêts à voter une telle loi en cas de censure du gouvernement Barnier.