En décidant de dissoudre l’Assemblée nationale le 9 juin, le président de la République, Emmanuel Macron, a souhaité une « Retour au peuple », après des élections européennes peu favorables à son camp. Là « respiration démocratique » souhaitée par le chef de l’Etat, a-t-elle eu lieu, et surtout, a-t-elle eu les effets escomptés ? Rien n’est moins sûr, compte tenu du risque de censure qu’encourt le Premier ministre, Michel Barnier, au moment d’adopter le projet de loi de finances de l’État et celui du financement de la Sécurité sociale pour 2025.
La crise politique invoquée par Emmanuel Macron pour justifier sa dissolution n’a pas été enrayée. Pire encore, la situation semble encore plus aiguë qu’il y a un an. C’est l’un des enseignements de la douzième vague de l’étude « French Fractures », réalisée par Ipsos pour Le mondela Fondation Jean Jaurès, le Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof) et l’Institut Montaigne, du 14 au 21 novembre avec un panel de 3 000 personnes. « Le chaudron bout »résume Brice Teinturier, directeur général adjoint d’Ipsos, qui souligne une corrélation particulière, cette année, entre le « sphère personnelle et sphère politique ».
Personnellement, l’ambiance est sombre. Le mécontentement reste massif, touchant plus d’un sondé sur deux, même si le sentiment d’appartenance à une France « en colère et très protestataire » baisse très légèrement, à 43 %, après plusieurs années de forte croissance. Seuls 3% des Français interrogés déclarent « satisfait ou apaisé »et même parmi les partisans de la Renaissance, qui étaient 37 % satisfaits en 2021, seuls 10 % le sont.
« Effet d’étonnement »
Brice Teinturier attribue en partie cette baisse de satisfaction au choc de la dissolution, mais surtout au « découverte de l’ampleur du déficit public, qui a créé un effet d’étonnement, notamment parmi les sympathisants macronistes ».
L’inquiétude sur le pouvoir d’achat (en tête des préoccupations des Français) renforce l’évaluation négative de leur situation : 70% des sondés considèrent que leurs conditions de vie sont « de moins en moins bien » ; Seul un Français interrogé sur deux est satisfait de la vie qu’il mène et la même proportion (55%) déclare avoir des difficultés « joindre les deux bouts ».
Les Français sont moroses et leur perception de la situation du pays n’est pas de nature à leur remonter le moral. Le déclin, amorcé depuis l’accession au pouvoir d’Emmanuel Macron, a atteint un record : 87% considèrent que le pays est en déclin – un bond de 18 points depuis l’élection présidentielle de 2017, qui avait fait baisser cet indicateur.
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