Cela fait 21 jours que Yannick Bestaven a quitté le continent, loin du village du Vendée Globe, mais aussi de son chantier, rue Virginie-Hériot, au cœur du quartier des Minimes, à La Rochelle. C’est là qu’une partie des membres de l’équipe de voile Maître CoQ suivent le déroulement de la course du skipper rochelais et poursuivent l’activité quotidienne du site. Ces derniers jours, force est de constater que l’équipe ne s’ennuie pas : « Nous sommes très occupés à suivre le bateau, à surveiller la météo, à observer les scores, le classement, mais aussi à effectuer des réparations, par exemple sous forme de tutoriels, de Yannick. (Bestaven) s’il en a besoin », décrit Jean-Marie Dauris, directeur technique et sportif de l’équipe.
« On fait un peu la même chose que Yannick à bord »
Cet ancien skipper de course au large, connu pour avoir participé aux Jeux olympiques de Sydney en 2000 et ami de longue date de Bestaven, a chaque jour les yeux rivés sur ses écrans d’ordinateur depuis le départ du Vendée Globe. « On fait un peu la même chose que Yannick à bord puisque nous faisons aussi notre propre routage, explique-t-il. « On essaie de comprendre ce qu’il va faire en termes de stratégies pour anticiper et essayer d’être sur la même longueur d’onde que lui. S’il est nécessaire d’intervenir ou de comprendre les choses, il faut être informé le plus rapidement possible. »
Ce travail de suivi et d’analyse quotidien depuis La Rochelle est très important pour l’équipe et évidemment pour le skipper pendant la course. « Nous n’avons pas droit à l’assistance météo ni au routage », rappelle Jean-Marie Dauris. « En revanche, nous avons la possibilité de fournir une assistance technique à distance. Quand Yannick a des problèmes, on l’aide à les résoudre, il a besoin de se sentir soutenu et de savoir qu’il y a des gens derrière lui, à tout moment de la journée. » Le directeur technique a sur lui son téléphone portable 24h/24 avec une sonnerie spéciale et forte, correspondant au numéro de l’Imoca Maître CoQ V. « Si Yannick m’appelle directement, il y a quelque chose qui ne va pas, potentiellement grave ou gênant », assure le professionnel.
Un message WhatsApp par jour à Bestaven
Concernant le contact avec le skipper, Jean-Marie Dauris se contente d’envoyer un message WhatsApp par jour au vainqueur du Vendée Globe 2020. « Il s’agit de savoir s’il va bien et comment s’est déroulée la course. nuit. L’aide psychologique est interdite. On le laisse suivre son cours, c’est lui qui prend ses décisions stratégiques. Il sait qu’il a une liste de choses à faire chaque jour généralement sur le bateau », remarque l’ancien skipper.
Forte de son expérience ainsi que de celle de Yannick, l’équipe sait aussi gérer les mauvaises surprises. Le Rochelais en a eu un ce mardi 26 novembre lorsqu’il a découvert qu’une écoutille s’était ouverte provoquant une fuite dans son bateau. Il a dû s’arrêter pendant deux heures pour le réparer. Les ennuis sont monnaie courante lorsqu’on fait le Vendée Globe et Bestaven le sait bien. « Il est actuellement en train d’aller vite tout en préservant le bateau. Certains avancent à vive allure devant mais la route est encore longue », analyse de son côté Charlotte Tavitian, responsable de la communication de l’équipe navigante Maître CoQ V.
Réduction des stocks et du personnel
Au-delà du suivi de la course Bestaven, il faut quand même admettre que l’activité sur le chantier est plus calme qu’il y a un mois. « Nous en profitons pour remettre de l’ordre à tous les étages et nous anticipons aussi le retour du bateau, sa restauration après l’événement, les prochains chantiers… Tout cela nous occupe beaucoup », poursuit Jean-Marie Dauris.
Ces moments sont aussi l’occasion de réaliser des inventaires, une partie du métier un peu moins passionnante. « Nous trions un peu de tout, notamment le matériel de rechange (en double). C’est un travail important au final car il permet de réaliser tout ce qu’on a, pour ne pas racheter des choses inutilement. C’est un travail minutieux que l’on prend rarement le temps de réaliser lorsque l’on est dans le rythme intense des chantiers. »
Par ailleurs, et c’est tout à fait logique, les effectifs sont actuellement réduits sur site, avec des personnes en télétravail et en congés. Le co-skipper de Yannick Bestaven, Julien Pulvé, est, quant à lui, toujours présent à La Rochelle. « Avec Julien, on parle de la météo, on discute, on réfléchit à la suite. Nous sommes toujours connectés et prêts à intervenir si nécessaire. »