Les électeurs de Cher font face au front républicain – .

Les électeurs de Cher font face au front républicain – .
Les électeurs de Cher font face au front républicain – .

Vote blanc, front républicain, bulletin RN ? Vers qui se tourneront les électeurs qui ont voté pour un candidat absent du second tour dans le Cher ? Des réunions.

Que faire au second tour lorsque votre candidat a été éliminé ou a décidé de se retirer pour faire barrage au Rassemblement national ?

Dans le Cher, cette question du report des voix, clé du scrutin, est posée par plus de 38 000 électeurs qui se sont rendus aux urnes dimanche. Certains ont tranché sans hésiter, portés par la volonté de tenir tête à un RN arrivé en tête dans les trois circonscriptions. D’autres s’interrogent encore.

Face à la vague du Rassemblement national dans le Cher, les députés sortants en quête de voix

En bas de son immeuble de Saint-Doulchard, Michèle se dit « totalement perdue ». Dimanche, « pensant que c’était mieux pour ses petits-enfants », la septuagénaire a voté pour Gabriel Behaghel, le candidat d’Horizons. Arrivé en troisième position dans cette 2e circonscription, il s’est retiré, appelant à voter pour Nicolas Sansu (NFP) et laissant aux électeurs le soin d’arbitrer le duel entre le député communiste sortant et la cheffe des jeunes du RN dans le Cher.

« La seule certitude, c’est que je voterai, poursuit Michèle. Mais pour qui ? Un communiste ? Le RN ? Ce sont deux extrêmes. Je n’exclus pas de voter blanc, même si cela ne sert pas à grand-chose. »

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Pour Étienne, autre électeur de Saint-Doulchard « sous l’effet des résultats de l’extrême droite », un vote blanc ou l’abstention ne sont pas des options. Encore moins un vote RN. « C’est impensable. Un parti raciste, qui porte le discours de “la France aux Français”, ce ne sont pas mes valeurs. Avec le RN, la République est en danger. Tout candidat face au RN, je vote pour lui. » Il contribuera à construire la barrière au RN, en votant pour Nicolas Sansu.

Des votes par dépit

Ce n’est pas dans cet état d’esprit que Diane

La candidate envisage sa participation au second tour. Rencontrée rue Coursarlon à Bourges, la quinquagénaire dit avoir toujours voté à droite. « Je ne pourrai pas voter à gauche dimanche, c’est impossible pour moi. » L’abstention n’est pas non plus envisageable. « Non, je pense que je voterai RN », avoue-t-elle.

Historiquement rouge, Vierzon a pourtant un teint bleuté en ce lendemain du premier tour, même si dans la sous-préfecture du Cher, l’ancien maire communiste est arrivé en tête. Au second tour, Ahmed, électeur de Gabriel Behaghel (Horizons), votera par dépit. Mais le trentenaire tiendra ses positions : « Je voterai pour faire bloc contre le RN. Je voterai Sansu, mais pas par soutien, loin de là. J’ai peur. Peur pour l’état de la société, pour l’emploi aussi. »

Quelques kilomètres plus loin, le maire de Vignoux-sur-Barangeon, candidat de la diversité de droite, Philippe Bulteau (6,4 %) n’est pas non plus prophète en son pays. Arrivé quatrième dans sa propre ville (12,74 %), ses électeurs ne courent pas les rues. Jacques fait partie de ces soutiens. « Naturellement j’ai voté pour mon maire. » A défaut de l’avoir au second tour, le sexagénaire confie avoir une plus grande appétence pour voter à droite que pour gauche : « Je ne voterai pas pour le NFP, ils sont dangereux. » Considérant la sécurité et l’immigration comme des sujets « primordiaux », il remettra son vote dans les urnes le 7 juillet pour le candidat RN Bastian Duenas.

Il faut arrêter de diaboliser le RN. Si 40% des électeurs votent RN, ce n’est peut-être pas sans raison…

A Saint-Germain-du-Puy, bastion communiste qui a intercalé Hugo Lefelle, candidat PS du Nouveau Front populaire entre Ugo Iannuzzi et le député sortant François Cormier-Bouligeon, les électeurs devront choisir entre RN et majorité présidentielle. Pourtant en position de se maintenir dans cette 1re circonscription, Hugo Lefelle, adjoint au maire de Bourges, s’est retiré, appelant à voter pour François Cormier-Bouligeon. « Sans hésitation, mais à contrecœur », Françoise, dont la voix était allée à Hugo Lefelle, se glissera dans un bulletin Cormier-Bouligeon.

Qu’il ait été ou non instruit, sa décision a été prise à la lumière de la « gifle » du Front national : « Entre un Républicain, même si je ne partage pas ses convictions, même s’il représente Emmanuel Macron, et l’extrême droite, je n’hésite pas une seconde. »

Pour Josette, 80 ans, « issue d’un milieu populaire qui a toujours voté à gauche », la barrière républicaine se fissure face à une « politique qui ne ressemble plus à rien, à laquelle je ne crois plus. Déjà, voir la gauche collusionner avec cet homme abject qu’est Mélenchon, ça m’a fait très mal. Maintenant, on me demande de choisir entre Macron qui me répugne et une extrême droite nauséabonde. Je crois que je vais voter blanc. Je suis désillusionnée. »

« La seule certitude est que je voterai »

Assise en terrasse, place Gordaine à Bourges, Marie, 65 ans, a voté pour le Nouveau Front populaire au premier tour. Dimanche, l’électrice de gauche fera « bien sûr » barrage au RN. « Le RN est un ennemi de la démocratie. Je fais une distinction entre eux et les adversaires politiques. J’aime cette nuance. »

Sa petite amie Nicole, 78 ans, est du même avis.

« C’est incroyable de voter pour l’extrême droite. Les gens n’ont-ils pas eu une leçon d’histoire ? Ils vont s’en prendre à la culture, aux services publics, aux médias. Ils vont tout privatiser. La France n’a pas su défendre sa démocratie. » vide

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Vincent, électeur de gauche de 34 ans, un tee-shirt Keith Haring sous sa veste en jean, votera à droite « sans réfléchir, c’est évident ». Ses parents, « médecins qui ont voté pour la Lutte ouvrière », ont bloqué l’extrême droite en 2002 ; lui en 2017 et 2022. « Je préfère un candidat démocrate, quel qu’il soit, plutôt qu’un candidat populiste. Emmanuel Macron a été élu deux fois, grâce aux voix de gauche. C’est au tour des gens de droite de lui rendre la pareille. »

In Val d’Auron, in Bourges, Jeanne

Jeanne d’Arc souhaite garder secret son vote du premier tour. Dans sa circonscription du Cher, la troisième, le député sortant Loïc Kervran (Horizons) est arrivé deuxième, à plus de dix points du candidat parachuté du Rassemblement national, Pierre Gentillet (43,15 %). « Je ne voterai jamais pour le racisme, explique Jeanne. Je suis antillaise. Comme j’ai un nom très français, quand j’envoie un CV, tout va bien, ils acceptent ma candidature. Quand j’arrive en réunion, ils m’effacent. Ils ne voient pas mes compétences, juste ma couleur de peau. Je subis des commentaires racistes tous les jours, au travail, partout. Je suis secrétaire médico-sociale, je n’exerce pas ce métier, car je suis noire, de peur que cela ne plaise pas à la clientèle. Je suis française et je ne peux pas profiter de mon identité. »

« C’est effrayant, on peut s’inquiéter »

A Saint-Amand-Montrond, Véronique, qui a voté dimanche pour Emma Moreira (LFI-NFP), reste « perdue ». « Le RN, ce n’est pas moi, ce n’est pas ma famille, plutôt des noirs blancs arabes, et ce qui va se passer après avec eux, on ne sait pas. J’aimerais le bloquer, je l’ai déjà fait une fois, mais ça me gêne de voter pour Kervran. Il est sur le territoire, on le connaît mais ce n’est pas moi non plus. Ou voter blanc ? Le problème, c’est que je n’ai rien à choisir, et je ne veux pas que d’autres choisissent à ma place. »

Elle a confié son dilemme à une amie dimanche, dans la voiture, en revenant du bureau de vote. « Elle a déjà décidé de s’opposer au RN et de voter Kervran. Et pourtant, elle n’aime pas son remplaçant (Emmanuel Riotte, maire de Saint-Amand, NDLR). »

Laurent, un travailleur social à la retraite, raconte avoir commencé à « y penser dans la nuit de dimanche à lundi, au fond de son lit. Je me sens obligé de voter pour Loïc Kervran mais ça me fait mal au ventre. Il faut que tout le monde joue le jeu, car on est à deux doigts d’avoir un gouvernement RN. D’autant qu’on a parachuté dans la circonscription un homme qui incarne vraiment l’extrême droite intellectuelle et qui tient des propos inouïs. Quand il dit : “On va mettre au pas le Conseil constitutionnel”, c’est alarmant. On peut être inquiet. »

Le prénom a été changé.

Carnet de campagne.Nicolas Sansu (2e circonscription) : Assemblée républicaine (réunion), jeudi, à 18h30, salle Madeleine-Sologne à Vierzon ; vendredi, à 18 heures, devant la salle des fêtes de La Chapelle-Saint-Ursin. Loïc Kervran (3e circonscription) : réunions publiques aujourd’hui à 19 heures à la salle du Val d’Auron à Bourges ; jeudi à 19 heures à la salle des fêtes de Saint-Amand-Montrond ; vendredi à 20 heures au centre culturel de Châteaumeillant.Marie-Claire Raymond, Marlène Lestang, Antoine Bailleron et Benjamin Gardel

 
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