Des antispécistes évacués de l’abattoir Micarna à Courtepin (FR) – .

(Keystone-ATS) La police fribourgeoise a annoncé lundi soir avoir délogé une soixantaine d’activistes antispécistes qui occupaient depuis tôt le matin l’abattoir de volailles Micarna à Courtepin (FR). Une plainte pénale a été déposée.

Des militants, certains cagoulés, avaient pris position sur le toit de l’abattoir, d’autres étaient enchaînés à des machines à l’intérieur du bâtiment. Les militants du collectif 269 Libération Animale accusent la Migros, dont Micarna est une filiale, de favoriser “un système mortifère dans lequel les animaux sont considérés comme des marchandises”.

Des négociations infructueuses

A la suite d’une plainte pénale déposée par Migros, la police – présente sur place depuis le matin – a reçu l’ordre d’évacuer le site en début d’après-midi. Peu après 18h00, une soixantaine de manifestants, âgés de 18 à plus de 60 ans, ont été évacués. La grande majorité d’entre eux sont d’origine française ou italienne et sont domiciliés à l’étranger, a précisé la police fribourgeoise dans un communiqué publié dans la soirée.

La police a arrêté les militants après une phase de négociations qui n’a pas abouti, a indiqué la police. Son porte-parole avait décrit dans la journée une situation gelée avec des militants qui refusent le dialogue.

Selon la police, les militants ont résisté vigoureusement à leur arrestation, qui a nécessité l’usage de la force. Deux personnes, une femme qui s’est évanouie et un homme blessé au coude, ont été transportées à l’hôpital.

Après s’être conformés aux mesures policières, les présumés auteurs ont été libérés. Ils seront dénoncés au parquet. Du côté des autorités, près de 200 agents de tous les départements ont été mobilisés.

Migros ne communique pas

Contactée, Migros a indiqué ne pas être en mesure de commenter l’affaire. La police a «pris l’affaire en main» et toute question doit lui être adressée, a indiqué le porte-parole de l’entreprise, Tristan Cerf.

Interrogé sur l’impact de cette action sur l’abattoir de volailles, le porte-parole de la police fribourgeoise, Bertrand Ruffieux, a estimé dans la journée que la production sur le site n’avait pas été paralysée mais avait “subi des mesures coercitives”. Il a également précisé que des dysfonctionnements avaient été constatés dans le secteur occupé de l’usine.

La police a précisé dans la soirée que la ligne de production concernée serait soumise à des contrôles de Micarna et à une validation du Service de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (SAAV). La reprise des activités devrait être possible d’ici mardi. Les dommages potentiels liés à l’action de blocage pourraient s’élever à plusieurs centaines de milliers de francs.

La plainte pénale a été déposée par Micarna pour dommages matériels, intrusion et coercition. Par leurs actions, les activistes ont maintenu en vie des animaux dans des conditions qui leur ont causé des souffrances inutiles au fil du temps, selon la police. Le SAAV est intervenu pour prendre en charge ces animaux et procéder à leur mise à mort, conformément à la loi.

“Libérer”

Dans un communiqué, le mouvement rappelle que l’abattoir Courtepin abat près de 35 millions de poulets par an. Il accuse Migros, « le plus gros investisseur publicitaire » du pays, d’avoir « une influence particulièrement importante sur la consommation ».

Pour 269 Libération animale, Migros « a démontré à de nombreuses reprises que ses bénéfices valaient plus que la vie des animaux et le respect des salariés. Son modèle d’élevage et de production intensifs pollue et dégrade l’environnement, s’opposant à la perspective d’une société qui produit ses aliments de manière écologique et durable. »

Le mouvement antispéciste, fondé en France en 2016, appelle à 26 blocages d’abattoirs en Europe, à l’occupation de sièges de grands groupes agroalimentaires et à la « libération » de plus de 3.800 animaux.