Pourquoi un Bordeaux grand cru classé se vend 225 fois plus cher qu’un Bordeaux générique ? – .

Pourquoi un Bordeaux grand cru classé se vend 225 fois plus cher qu’un Bordeaux générique ? – .
Pourquoi un Bordeaux grand cru classé se vend 225 fois plus cher qu’un Bordeaux générique ? – .

L’Un autre jour, je suis tombée sur une brève sur le site de Vitisphère, rédigée par le toujours excellent Alexandre Abellan. Lors d’une vente aux enchères, une pièce de Ducru Beaucaillou 2022 a trouvé preneur pour 54 900 euros, hors frais de vente. Vous ne trouverez pas ces bouteilles en magasin à moins de 250 euros.

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Bien sûr Ducru Beaucaillou est un grand cru classé en 1855 avec une grande réputation, bien sûr il est situé à Saint-Julien, bien sûr… mais là où j’ai eu les bras croisés, c’est quand on a comparé ça au prix de vente d’un litre de Bordeaux en vrac. Accrochez-vous, j’espère que vous êtes assis : on est à moins d’un euro le litre en vrac. Le cru classé coûte donc 225 fois plus cher !

Ce cas, c’est celui de Jean-qui-rit et Jean-qui-pleure. Le propriétaire-qui-rit a beaucoup insisté sur le fait que le problème n’est pas la surévaluation des grands crus, mais la sous-évaluation des petits crus. C’est vrai, et ce n’est pas vrai. Il faut une politique du vignoble cohérente pour ne pas séparer complètement l’un de l’autre. C’est malheureusement ce qui se passe depuis de nombreuses années.

De passage en Bourgogne

Pour comprendre cela, faisons un détour chez nos camarades bourguignons. Là-bas, les grands crus sont valorisés à des prix stratosphériques et cela tire vers le haut les villages (crus moyens) et les Bourgognes génériques (petits crus). L’astuce bourguignonne, c’est que les propriétaires ou négociants sont à l’œuvre des deux côtés. Ils produisent un peu de grands crus et beaucoup de petits crus, mais c’est la même structure. On parle de morcellement du vignoble bourguignon.

A Bordeaux, les propriétaires d’un château célèbre ont assez de volume pour bien vivre et les propriétaires d’un château qui n’est pas célèbre tirent la langue. Le consommateur ne retrouve pas la magie du grand bazar dans le petit bazar. Ce sont des vins différents. Ils s’appellent tous les deux Bordeaux mais ce sont des Bordeaux A et des Bordeaux B. En Bourgogne, c’est l’inverse, on retrouve un zeste de la magie du Montrachet en sirotant un simple Chardonnay.

Ce qui est fondamentalement différent entre les deux régions ? C’est le statut du propriétaire. Dans les deux cas, on parle de grands crus, mais d’un côté, c’est le château qui est classé (Bordeaux) et de l’autre la parcelle (Bourgogne) et cette parcelle est divisée entre plusieurs propriétaires. L’exemple canonique est le grand cru Clos de Vougeot. Ce grand cru fait un peu plus de cinquante hectares, mais est subdivisé en quatre-vingts propriétaires. Si le Clos de Vougeot était réparti équitablement, ces propriétaires (82 au dernier recensement) auraient chacun bien moins d’un hectare. Même au prix d’un grand cru bourguignon, on ne pourrait pas en vivre. Les propriétaires des vignes du Clos de Vougeot possèdent donc tous des hectares ailleurs, y compris des Bourgognes purs et durs (nos fameux grands crus).

Quelque part, quand le Clos de Vougeot s’envole, il tire vers le haut les quatre-vingt-deux propriétaires, chacun possédant des vignes de Bourgogne, et ils s’envolent aussi. Quand Ducru Beaucaillou s’envole, il ne tire vers le haut personne d’autre que son propriétaire et les vins qu’il signe. Autrement dit, la fragmentation du vignoble bourguignon est aussi un facteur de cohésion. C’est une sorte de paradoxe.

*Le professeur Fabrizio Bucella est physicien, docteur ès sciences, il enseigne à l’Université libre de Bruxelles. Sommelier et zythologue (spécialiste de la bière), il dirige l’école d’oenologie Inter Wine & Dine. Il enseigne également dans les masters 2 en droit de la vigne et du vin à l’Université de Bordeaux et en droit des vins et spiritueux à l’Université de Reims-Champagne-Ardenne. Il est l’auteur de nombreux ouvrages sur le vin et nous invite régulièrement à le rejoindre à travers sa chronique, Le prof en liberté.

 
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