Le promoteur immobilier a lancé au gouvernement du Québec un défi de construire 1000 résidences pour personnes âgées dans 10 grandes villes du Québec. La fondation n’a pour seule exigence que d’obtenir, en échange de ce projet immobilier de 23 millions $, des terrains gratuits et trois ans de congés fiscaux.
En contrepartie, le bâtiment est érigé et confié aux OMH des municipalités sélectionnées par Mission Unitainées, un OBNL mis sur pied pour gérer le projet sur le terrain. Le promoteur y ajoute également une tranche de 500 000 $ pour couvrir les imprévus et la Ville ou l’OMH n’ont aucun montant à débourser.
« C’est la première fois que j’entends parler de ce projet depuis quelques heures. Ce n’est pas un projet de l’OMH. C’est un projet de la Ville et il y a quelqu’un quelque part qui a dit non au projet. Est-ce que c’est le maire ou le directeur général, je ne sais pas. Mais on va se poser des questions », a expliqué le président de l’arrondissement de La Baie, Raynald Simard, qui siège à l’OMH.
Ce dernier s’est rendu sur le site officiel de la fondation pour s’informer du projet. Il n’arrive pas à croire que Saguenay ait pu laisser passer une telle opportunité, d’autant plus que les 100 logements étaient destinés à des retraités à faible revenu. « Les gens doivent fournir un retour d’impôt pour avoir droit à un logement. C’est un investissement de 23 à 24 millions qu’on perd », a poursuivi le conseiller Simard.
Ce dernier a évidemment questionné les dirigeants de l’OMH en lien avec cette affaire. Le directeur général Éric Gauthier lui a assuré que l’OMH n’avait reçu aucune communication de la part de Mme Caroline Sauriol, la responsable du programme Mission Unitainés.
Entre deux chaises
Jean-Marc Crevier, représentant de Jonquière à l’OMH, n’avait lui aussi jamais entendu parler de ce projet qu’il qualifie d’exceptionnel compte tenu de la crise du logement que traverse la région. Il dit avoir compris que l’OMH, contrairement à ce qui s’est passé dans d’autres villes, n’en a jamais été informé ni même mis en contact avec les promoteurs.
Jean-Marc Crevier (Jeannot Lévesque/Archives Le Quotidien)
« Si on pense que 100 personnes, ou des couples de retraités avec peu d’argent auraient eu la chance d’avoir un logement de qualité à un prix raisonnable, nous devons, en tant qu’élus, exiger des comptes afin de savoir ce qui s’est passé. Montréal a payé pour la décontamination des terrains pour ce projet et ici, on ne nous informe même pas qu’il y a eu une offre à la Ville qui n’est jamais arrivée à nos oreilles. On fait tout ce qu’on peut pour attirer des projets et quand ils sont sur un plateau d’argent, on les laisse passer. Certaines personnes devront s’expliquer. On nous dit que notre projet est maintenant à Drummondville », a déclaré le représentant de Jonquière à l’OMH qui portera le dossier à la prochaine séance du conseil.
Alors que nous perdons un investissement immobilier de 23 millions, poursuit Jean-Marc Crevier, nous faisons sensation en implantant un bureau de développement immobilier chez Promotion Saguenay.
« Ce genre d’histoire est trop choquante pour les citoyens. Il faudra que certaines personnes nous disent ce qui s’est passé et pourquoi l’OMH n’a pas été inclus dans le dossier. »
— Jean-Marc Crevier
Le conseiller Michel Tremblay a soulevé la question auprès du président du comité des finances, Michel Potvin. « Il m’a dit que c’était tombé entre deux chaises dans le changement de direction générale entre Jean-François Boivin et Gabriel Rioux. »
Mercredi, Le Quotidien La maire de Saguenay a demandé à la mairesse de Saguenay pourquoi la Ville avait dit non au projet de la fondation. Julie Dufour a simplement répondu que « Saguenay n’avait pas dit non », mais n’a fourni aucune explication pour justifier le fait que ces projets se réalisent ailleurs au Québec, contrairement à Saguenay.
Les demandes d’entrevue avec la responsable du projet à l’association Mission Unitainés, Caroline Sauriol, sont restées sans réponse.
