nos premiers coups de coeur – .

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Il y a ceux que nous découvrirons parmi les 1683 spectacles à l’affiche du Festival Off d’Avignon, proposés par plus de 1316 compagnies dans 141 lieux dès le 3 juillet. Comme chaque année, nous sommes sur place pour orienter vos choix dans cette grande fête du divertissement. Voici trois de nos coups de cœur déjà présentés en avant-premières et à découvrir rapidement. Bon festival !

Le poids des fourmis à la Manufacture

Jeanne est en colère.Croire que je peux changer le monde me donne envie d’en faire partie. crie la jeune lycéenne qui tague les pubs de shampoing parce qu’elles lui renvoient une image moche, qui interpelle son proviseur sur la vacuité des programmes scolaires, qui fait irruption dans le bureau du maire pour parfaire son discours. Parce qu’on lui offre la chance d’être élue présidente de l’association du lycée, elle a la rage et la stature, la franchise et le parler fort. De l’autre côté, Olivier, adolescent, rêve d’une planète brûlée et rencontre un libraire souvent ivre qui lui offre le plus beau des cadeaux : L’Encyclopédie des connaissances inutilesqui nous informe sur les mondes infinitésimaux qui nous entourent, tout ce que nous ignorons et qui est bien sûr essentiel. Ces deux-là, Jeanne et Olivier, ressemblent à tous les jeunes révoltés d’aujourd’hui par le réchauffement climatique, le gaspillage du capitalisme, la misère des plus pauvres et la richesse des happy few. Comment agir sur tous les désordres qui nous menacent ? C’est le propos de ce formidable spectacle dont le texte de David Paquet est mis en scène avec une énergie tourbillonnante par Philippe Cyr. Sur une scène envahie par une piscine à balles, surmontée d’une terrasse de gazon synthétique et d’un palmier en plastique flashy, Nathalie Claude, une rousse explosive, interprète une trentaine de rôles, et Gaetan Nadeau incarne le réalisateur bedonnant qui réagit en dictateur. Elisabeth Smith et Gabriel Szabo sont formidables dans les rôles des adolescents rebelles, qui partagent avec nous le bouquet incandescent de nos angoisses collectives tout en nous invitant, malgré tout, à l’entraide et au partage.

A partir du 4 juillet, à 10h

Frères au Théâtre du Saint Corps

© François Fonty

Il s’agit d’une pièce en forme de combat de catch entre deux amis que tout oppose mais qui partagent la même passion : la cuisine dans un restaurant gastronomique. Maxime et Emile se retrouvent en CAP cuisine. Le premier doit gagner sa vie rapidement et vient d’une famille modeste, le second est le fils d’une famille bourgeoise dont le père autoritaire possède un grand restaurant. L’un est flegmatique, peu sûr de lui et peu sûr de lui, l’autre est nerveux, déterminé et prêt à tout. Et ces deux-là, si différents, ne se quitteront jamais. Clément Marchand, dont c’est la première pièce, décrit un milieu qu’il connaît bien pour l’avoir côtoyé étant jeune. Loin des paillettes et de la vitrine télégénique de la cuisine. Excellent chefce qu’il décrit, à travers des dialogues d’une vivacité féroce et pleins d’humour mordant, c’est la rudesse et les exigences des premiers pas dans les cuisines pour les jeunes apprentis. Rythme infernal, racisme, sexisme, le travail en cuisine s’apparente à un sacerdoce au service exclusif du client et du plaisir de la dégustation. Tout cela est raconté avec talent et humour dans une aventure haletante, autour des deux personnages et de leurs dialogues aux petits oignons. Qu’est-ce que l’amitié masculine ? Entre admiration et rivalité, Jean-Baptiste Guinchard et Guillaume Tagnati sont excellents dans une mise en scène serrée de l’auteur, subtilement chorégraphiée par Delphine Jungman. La musique et un décor judicieux complètent le tout, un vrai régal on vous dit !

À partir du 3 juillet, à 18h05




« Mal élevé » au Théâtre des Lila’m

©EliseGotchac

Pourquoi n’apprend-on pas aux filles à dire non ? Pourquoi faut-il sans cesse s’excuser, même et surtout quand on n’est pas coupable ? Continuer à sourire et à remercier malgré les préjudices moraux ou physiques, les vexations ou les blagues grivoises dont les filles sont souvent victimes ? Astrid Tenon et Lætitia Wolf ont partagé leurs expériences, leurs frustrations et leurs révoltes de petites filles, devenues adolescentes et adultes. De ce mélange d’expériences, les deux comédiennes ont concocté un spectacle étonnamment juste et subtil, où se déploient des mots, des dialogues percutants et édifiants sur la manière dont les filles sont mises à l’écart, formatées et méprisées dans la sphère familiale et sociale. Elles récitent ces textes, à la fois prosaïques et poétiques, s’interpellent et s’amusent, évoluant de manière chorégraphique et symétrique sur une scène en forme de marelle comme dans une cour d’école. Elles sont très différentes et pourtant semblent être les deux faces d’une même pièce, celle qui porte en elle le souvenir des abus, du harcèlement et des petits mensonges. Sous un éclairage magnifique, les deux actrices semblent obéir à un rythme de comédie musicale, naviguant sans détour entre le tragique et le comique, le réel et le faux-semblant. Tout est ici signifié, suggéré avec la délicatesse d’un geste artistique porteur d’une puissance magistrale. Une vraie réussite.

À partir du 2 juillet, à 19h10




Hélène Kuttner

 
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