ST. JOHN’S, TERRE-NEUVE, T.-N.-L. — Des centaines de personnes se sont rassemblées dans la capitale de Terre-Neuve-et-Labrador, lundi matin, pour rendre hommage à un soldat de la Première Guerre mondiale qui est finalement revenu des champs de bataille de France après plus de 100 ans.
Le soldat inconnu de Terre-Neuve a été enterré dans une tombe en granit noir au Mémorial national de guerre de Terre-Neuve à St. John’s à 11 heures. La matinée était grise et humide, mais la pluie s’est arrêtée pour la réinhumation du soldat, qui a été précédée d’une puissante interprétation de « Ode à Terre-Neuve ».
Alors que les membres des Forces armées canadiennes déposaient délicatement une couverture temporaire sur le lieu de repos final du soldat, plus de 100 ans après sa mort, le ciel s’est à nouveau éclairci.
« Nous confions donc ce corps à la terre », a déclaré l’aumônier des Forces armées canadiennes, le lieutenant-colonel Shawn Samson, s’exprimant alors qu’il se tenait au sommet de la tombe du soldat devant une foule comprenant le premier ministre Justin Trudeau et la gouverneure générale Mary Simon.
Partout au pays, le 1er juillet marque la fête du Canada, mais à Terre-Neuve-et-Labrador, c’est le jour du Souvenir qui est célébré en premier.
Cette journée vise à rendre hommage aux centaines de jeunes hommes du régiment de Terre-Neuve qui sont morts lors de la désastreuse bataille de Beaumont-Hamel, dans le nord de la France, à une époque où Terre-Neuve ne faisait pas encore partie du Canada.
Environ 800 membres du Royal Newfoundland Regiment ont chargé à travers les tranchées le matin du 1er juillet 1916, armés seulement de fusils et de baïonnettes, dans la direction des tirs de mitrailleuses allemandes.
Seuls 68 d’entre eux étaient encore en état de combattre le lendemain matin. Les autres étaient tués, blessés ou portés disparus.
Environ 12 000 hommes de Terre-Neuve se sont enrôlés pour combattre pendant la Première Guerre mondiale, et plus de 3 500 ont été blessés ou tués, selon Heritage Newfoundland and Labrador.
L’île, qui ne faisait pas partie du Canada, comptait quelque 240 000 habitants. Malgré une population aussi réduite, le nombre de victimes fut ressenti dans toute la province de Terre-Neuve – et il est encore ressenti aujourd’hui.
Pour ceux qui ont suivi la cérémonie de lundi, que ce soit en personne à St. John’s ou à la télévision dans de petites communautés plus éloignées, le soldat inconnu se tenait peut-être dans les tranchées aux côtés de ses grands-pères ou de ses grands-oncles.
La cérémonie d’inhumation du Soldat inconnu dans son pays d’origine coïncidait avec le 100e anniversaire du dévoilement du Monument commémoratif de guerre du Canada à St. John’s. La tombe du soldat représentera les Terre-Neuviens et les Labradoriens qui sont morts dans toutes les branches de service et qui n’ont pas de tombe connue. L’identité du soldat ne fera donc pas l’objet d’une enquête.
Le premier ministre de Terre-Neuve-et-Labrador, Andrew Furey, a agi en tant que plus proche parent du soldat inconnu, marchant derrière le cercueil alors qu’il montait les marches du monument national, qui comprend une statue d’une femme tenant une torche enflammée haut dans le ciel avec sa main gauche, et une épée pointée vers le sol dans sa main droite.
Avant que le revêtement temporaire ne soit posé sur la Tombe du Soldat inconnu, celle-ci était parsemée de 820 myosotis bleus, représentant les 820 soldats terre-neuviens qui ont combattu pendant la Première Guerre mondiale et qui n’ont pas de tombe connue.
« Aujourd’hui, nous accueillons l’un des nôtres », a déclaré le vétéran Perry Grandy, qui a co-dirigé la cérémonie.
