« L’État doit changer dans son organisation »

« L’État doit changer dans son organisation »
« L’État doit changer dans son organisation »

Une triangulaire au second tour des législatives à Quimper, est-ce une première ?

C’était le cas en 1962 mais plus depuis. Mais c’est une tripolarisation superficielle puisqu’il y a un bloc, le Rassemblement national, les autres sont des coalitions. La première force politique, à Quimper comme ailleurs, c’est le RN. Qui progresse de 2 % dans le Finistère par rapport aux élections européennes. C’est en retard par rapport à la France, mais on est sur les mêmes critères, et plutôt dans les zones rurales avec ce sentiment d’y vivre moins bien. Car les services publics ne sont plus aussi présents qu’hier. Que peut-on dire par exemple de l’état d’« urgence » dans les hôpitaux ? Et ça, c’est la responsabilité de l’État.

Dans un bureau de vote à Quimper, on m’a raconté qu’un électeur s’était fâché parce qu’il voulait le scrutin Bardella.

Le second tour sera-t-il du même acabit ?

Je me garderai bien de faire des projections. J’ai été élu en 2007 après avoir été largement battu au premier tour. Dans une telle configuration, il n’y a pas de campagne locale, c’est au niveau national qu’elle se joue. A Quimper, il n’y a heureusement aucune menace du Rassemblement national. De plus, le RN n’existe pas en termes d’incarnation. Dans un bureau de vote à Quimper, on m’a raconté qu’un électeur s’était emporté parce qu’il voulait le bulletin Bardella. Ce second tour est incertain. Le fait que la députée sortante soit en tête lui confère un avantage psychologique. Et il reste peu de réserves de voix pour le candidat du Nouveau Front Populaire. Cette circonscription a tendance à élire les députés de la majorité. Mais puisqu’on ne sait pas qui sera majoritaire dimanche prochain.

Plus généralement, cette montée en puissance du Rassemblement national vous inquiète-t-elle ?

Oui, parce que je pense que ce sont des gens profondément hostiles au contre-pouvoir. A majorité relative ou absolue, ils s’attaqueraient aux contre-pouvoirs qui sont justement ceux qui peuvent empêcher l’État de devenir autoritaire. Quand j’entends, comme hier soir, les dirigeants du RN remettre en cause le Conseil constitutionnel… C’est tellement prévisible : ils désignent déjà ceux qu’ils accuseront de les faire échouer s’ils devaient gouverner. Ce ne sera évidemment pas leur faute mais celle des autorités administratives indépendantes, des juges ou encore de la presse.

Arriver au pouvoir aujourd’hui est presque une certitude d’échec

Que révèlent les résultats de ce premier tour ?

J’ai beaucoup de mal à décoder et je ne veux plus me contenter de « on a entendu le message des électeurs » car chacun met dans ce message ce qu’il veut y mettre. J’ai le sentiment que l’État est remis en cause dans son fonctionnement. Je ne crois plus aujourd’hui qu’une alternance politique soit une garantie de changement de politique. Si on prend les dix dernières années, les trois présidents ont été punis, soit par les urnes, soit par l’impopularité. C’est très révélateur car ce sont trois personnalités différentes, avec des convictions opposées, avec des méthodes diverses et qui connaissent tous l’échec. Je crois donc que c’est l’État dans son organisation qui n’est plus capable de produire satisfaction, il doit fondamentalement changer. Sinon, pourquoi réélit-on des maires alors que des majorités nationales sont punies ? Arriver au pouvoir aujourd’hui est quasiment une certitude d’échec, car le fonctionnement de l’État n’est plus capable de fournir le service que les citoyens attendent.

 
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