Les pierres brutes et vivantes d’une chapelle, un paravent blanc où s’impriment des mots, un piano noir, une table en métal, quelques lumières subtiles. Gustavo Giacosa, homme de théâtre total spécialisé dans l’Art Brut, et Fausto Ferraiuolo, compositeur et pianiste, font revivre la folie de Fernando Nannetti, interné pendant neuf ans à l’asile de fous de Volterra, en Italie. Il grave au stylet un livre ouvert sur les murs et la façade de l’hôpital, plein d’éclats poétiques et de jeux de mots.
Un nez de clown rouge, un micro pour les textes de Nannetti, fou solaire. Rien de naturaliste, et pourtant c’est bien la fragilité, le chaos de la folie, l’écrasante solitude de l’enfermement que montre et entend l’acteur-danseur. Accompagné de silences, de sourires ou des éclats brutaux du piano intensément jazz de Ferraiuolo. Il y a aussi cette présence insistante des étoiles, cette liberté d’un papillon, cette douceur du feuillage jusqu’à la vidéo finale : le personnage Fernando Nannetti et son passeur, Gustavo Giacosa, sombrent et disparaissent dans les ruines de l’hôpital de Volterra, fermé pour une trentaine d’années : bouleversant !
Que l’art « appelle » les morts, le Méditerranéen Fausto Ferraiulo et l’Argentin Gustavo Giacosa nous en donnent la preuve. Douloureux. Joyeux.
Nannetti, colonel astral au Théâtre des Halles, jusqu’au 21 juillet à 16h30 (sorties les 3, 10 et 17 juillet).
Tarifs : de 5 à 22€. Billetterie sur theatredeshalles.com et au 0432762451.
Danièle Carraz
