Face aux craintes d’une motion de censure susceptible de renverser le gouvernement Barnier, les marchés considèrent que prêter à la France est aussi risqué qu’à la Grèce.
Le croisement des courbes est hautement symbolique. Seize ans après la crise financière qui a durement frappé la Grèce, le taux d’emprunt à dix ans sur les marchés obligataires de la France a brièvement dépassé, pour la première fois, celui de son partenaire balkanique ce mercredi 27 novembre. Vers 14h15, les taux du deux pays s’établissaient à 3,02%. En d’autres termes, le marché pensait qu’il y avait le même risque à prêter de l’argent à Paris et à Athènes.
Un signe incontournable de l’incertitude liée au contexte politique français, alors que le gouvernement Barnier est menacé de censure sur deux textes budgétaires d’ici la fin de l’année. “Ce sont deux trajectoires divergentes des finances publiques”, souligne à l’AFP Aurélien Buffault, gestionnaire obligataire de Delubac AM : “La Grèce rebondit après avoir fait faillite et avoir été placée sous la tutelle du Fonds monétaire international (FMI)”, il rappelle. A l’inverse, la France voit son déficit public se creuser depuis plusieurs années.
Une dette « très liquide »
Les signes inquiétants se poursuivent depuis le début de la semaine, alors que la menace d’une motion de censure se précise à l’Assemblée nationale : mardi, le spread France-Allemagne, c’est à dire que l’écart entre les taux d’emprunt des deux pays avait atteint son record depuis 2012, à 0,87 point.
Il ne faut cependant pas dramatiser ces signaux ponctuels, souligne Aurélien Buffault : en effet, « la France a une des dettes les mieux gérées au monde et qui est considérée comme très liquide, ce qui signifie qu’elle peut être achetée et vendue très rapidement, un facteur très positif. En résumé, il « n’est pas au bord du précipice et reste un pays structurellement plutôt riche ».
