Les pharmaciens devront se passer du « garde-fou » policier – .

Les pharmaciens devront se passer du « garde-fou » policier – .
Les pharmaciens devront se passer du « garde-fou » policier – .

Les pharmaciens de Dordogne qui ont manifesté dans les rues de Périgueux, mercredi 29 mai au matin, n’avaient pas que des revendications nationales. Outre leurs interrogations sur la rémunération, la dérégulation du marché ou la pénurie de médicaments, les professionnels de la vente de médicaments périgourdins ont aussi tenu à partager des craintes plus locales liées notamment aux conditions de travail des veilleurs de nuit.

Récemment, la police a informé le syndicat des pharmaciens de Dordogne qu’elle ne pourrait plus jouer son rôle d’interface entre les patients et les pharmacies de garde la nuit, que ce soit à Périgueux ou à Bergerac. “A partir du 1er juillet, les appels des patients iront directement aux pharmaciens, sans passer par la police comme c’est le cas aujourd’hui”, explique Julien Migot, le président du syndicat du Périgord.

Plus simple pour les utilisateurs ?

« Les règles vont effectivement changer », confirme-t-on depuis le commissariat de Périgueux. Les usagers n’auront plus besoin de se présenter au commissariat avec leur ordonnance du jour et pourront se rendre directement à la pharmacie de garde. »

Plus simple pour les utilisateurs ? Peut-être, mais « le système sera beaucoup moins sécurisé pour nos adhérents », poursuit Julien Migot. « Le filtrage des appels par la police a joué un rôle de sauvegarde psychologique pour les usagers », confirme un pharmacien basé en périphérie périgourdine. Passer par le commissariat et donner son identité pourrait permettre de freiner les incivilités ou les comportements déviants. »

« Il a sorti un couteau »

Loin des policiers la tentation de minimiser les arguments des pharmaciens, mais il n’en demeure pas moins qu’ils « n’ont plus les moyens humains » pour assumer cette tâche qu’ils effectuaient jusqu’à présent sans avoir l’obligation réglementaire de le faire. « Nous l’avons fait de bon cœur tant que nous avons pu, précise le commissariat. Mais aujourd’hui, ce n’est plus possible. Continuer à prendre ces appels, c’est prendre le risque de rater des appels d’urgence. »

«Quand je lui ai demandé de me donner son pass santé, il a sorti un couteau», explique le pharmacien.

« C’est sûr qu’il vaut mieux faire courir aux pharmaciens le risque de se faire choper par un type armé d’un couteau », râle une professionnelle du centre-ville qui a vécu un épisode malheureux il y a deux mois dans son établissement. « Un soir d’avril, un homme est venu à la pharmacie avec une ordonnance de subutex. Quand je lui ai demandé de me donner sa carte de santé, il a sorti un couteau, explique la pharmacienne. Je lui ai donné son médicament et je n’ai pas insisté. »

Pour se prémunir de nouveaux incidents, la pharmacienne n’hésitera pas à emmener son chien avec elle lors de ses prochaines interventions à la pharmacie. « J’espère que cela pourra être dissuasif, au moins pour quelques-uns », murmure le professionnel.

Dans les zones rurales

La gestion des appels de nuit n’est pas la même en ville et à la campagne. En zone rurale, les usagers qui composent le 32 37 sont directement dirigés vers la pharmacie de garde du territoire, sans que les services d’appel d’urgence de la gendarmerie de la Dordogne en soient informés.

 
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