Il donne une touche verte aux bandes parfumées – .

Il donne une touche verte aux bandes parfumées – .
Il donne une touche verte aux bandes parfumées – .

Léa Steyer a du flair pour ça. L’étudiant grassois, qui poursuit un double diplôme en sciences politiques et école d’ingénieur, a créé Green Touch en 2022. « Comme une révélation. J’étais avec un ami, on testait des parfums sur des mouillettes classiques. Il m’a dit que pour ne pas gâcher, je pouvais la retourner pour tester une autre odeur et là, ça a fait tilt. On s’est demandé ce qui arrivait à ces centaines de petits doigts (ce qu’on appelle dans le milieu, le touch-to-feel) et… personne n’a pensé à les recycler. J’ai tout de suite compris. J’ai eu envie de lancer le projet même si je n’avais jamais pensé à créer une entreprise. »

Partenariat avec Clairefontaine

Et elle le fait tout en étudiant. En un mois, l’entreprise est créée. Nous sommes en mars 2022, Léa Steyer se lance à son compte. La technologie pour capturer les molécules olfactives existe déjà. Elle l’adapte à son activité et noue rapidement un partenariat avec la célèbre marque de papier Clairefontaine. Carnets et ramettes fabriqués à partir de tampons de feutre recyclés, estampillés Clairefontaine, sortent bientôt des usines de la marque. 3,4 millions de touches ont déjà été collectées par Green Touch auprès de ses fournisseurs : Robertet, Firmenich, Parfex, Givaudan, IFF, Mane, le syndicat des parfumeurs, le Musée international de la parfumerie, Dior, L’Oréal. Les précieuses bandes parfumées sont ensuite placées dans des tonneaux pour capturer leurs molécules olfactives et les faire redevenir de simples morceaux de papier. Le tout est ensuite envoyé chez Clairefontaine qui fabriquera des carnets et des ramettes de papier. C’est la première activité de Green Touch. Rien à voir avec ses études ? « Si encore, elle dit. À l’INSA [Institut national des sciences appliquées, ndlr]J’ai choisi comme spécialisation « Optimisation des procédés environnementaux ». J’ai un appétit pour les questions environnementales.
Depuis 2022, la startup a parcouru un long chemin. Elle est incubée à Villa Blu, l’accélérateur de talents du Groupe Robertet, l’un des leaders mondiaux de l’industrie des parfums, arômes et matières premières naturelles. « Nous sommes très bien entourées, sourit Léa Steyer. Ici, à Grasse, on a l’impression de faire partie d’une famille. »

Atelier papier parfumé

Elle dit « nous » car depuis, elle a embauché deux apprentis qui l’aident à l’atelier. Quel atelier ? Celui qu’elle a ouvert pour développer une seconde activité afin de répondre à la demande de certains clients qui souhaitaient transformer leurs touches parfumées en carnets ou cartes de vœux, invitations portant leur signature olfactive. « Nous avons dû nous former à ce savoir-faire ancestral auprès des maîtres papetiers français et nous souhaitons développer davantage ce segment. » On ne capte donc pas les molécules olfactives, au contraire, on va travailler le « millefleur ». C’est-à-dire récupérer des sachets de bandes parfumées auprès des fabricants et les recycler tels quels avec tout un mélange odorant. « Les odeurs dans les sacs de nos clients ne sont jamais tout à fait identiques, c’est vrai, mais au final, je ne sais pas comment l’expliquer, on sait à qui appartient chaque millefleur. »
L’activité de Green Touch rencontre un franc succès. Notamment sur le plan environnemental où l’impact est important. « Depuis le début de l’aventure, notre activité a permis d’éviter la coupe de près de 30 arbres, d’économiser 39 100 litres d’eau, 8 500 000 Wh d’énergie, de réduire les émissions de CO2 d’environ 2,55 tonnes (soit ce qu’une voiture a presque un demi-tour du monde aurait émis).

Triple chiffre d’affaires

Même si elle ne communique pas sur le chiffre d’affaires qu’elle a pu générer dès la première année, elle compte le multiplier par trois d’ici 2024. Tout cela en entamant un master dans une école de commerce à Paris pour se spécialiser dans l’industrie du luxe. La touche-à-tout Léa Steyer ? Certainement! A 21 ans, les plus grands noms du Luxe et de la Parfumerie lui font confiance, et elle reçoit déjà des demandes du Brésil, de Singapour et des Etats-Unis, pour recycler des touches parfumées. Un levier de croissance ? « Pour l’instant, nous allons chercher nos clients à Grasse, Paris et Barcelone (un pôle majeur de l’industrie du parfum en Espagne). Et ce, au gré de nos déplacements personnels. Le développement international nécessiterait de créer des industries sur ces territoires, sinon, la touche environnementale serait annihilée. Pour l’instant, ce n’est pas à l’ordre du jour. »
Peut-être devriez-vous vous adresser aux distributeurs au détail qui utilisent des dizaines de millions de bandelettes chaque mois ? « L’impact environnemental positif serait encore plus grand ! » Léa Steyer va mouiller le maillot et au final, ça devrait sentir le succès.

 
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