Première puissance agricole de l’Union européenne, la France s’est longtemps prononcée contre le traité de libre-échange que l’Europe souhaite conclure avec les pays du Mercosur, au premier rang desquels le Brésil et l’Argentine, dont les mœurs agricoles sont jugées défavorables aux agriculteurs français. Ces dernières semaines, d’autres pays ont rejoint la France dans son opposition au texte, ce qui suscite la colère du monde agricole.
Pologne, Italie…
Ce mardi 26 novembre, le Premier ministre polonais a formellement indiqué que son gouvernement s’opposerait aux termes actuels de l’accord. “La Pologne n’acceptera pas l’accord de libre-échange avec les pays sud-américains, c’est-à-dire le bloc Mercosur, sous cette forme”Donald Tusk l’a déclaré à la presse, avant une réunion de son cabinet.
Le 18 novembre, le ministre italien de l’Agriculture, Francesco Lollobrigida, s’est également prononcé contre ce projet d’accord. « Le traité UE-Mercosur dans sa forme actuelle n’est pas acceptable »a-t-il déclaré dans un communiqué. “Nous devons vérifier au préalable que les pays du Mercosur respectent les mêmes obligations que nous imposons à nos agriculteurs en termes de respect des droits des travailleurs et de l’environnement”, a justifié ce ministre.
Le gouvernement néerlandais est également divisé sur cette question. Comme rappelé euronews, la chambre basse du Parlement néerlandais a voté contre l’accord en 2020. Plus récemment, la ministre néerlandaise du Commerce, Reinette Klaver, a de nouveau fait part de ses inquiétudes lors d’un conseil des ministres de l’UE.
L’Autriche a également fait savoir ces dernières semaines que l’accord avec le Mercosur ne serait pas forcément validé par son gouvernement. « Pour le moment, nous attendons qu’un texte soit présenté. Nous verrons si cela se produit, et nous pourrons alors en discuter.a déclaré Martin Kocher, le ministre autrichien du Travail et de l’Économie.
Comme le rappelleAgence France Pressed’autres pays ont cependant défendu cet accord, notamment l’Espagne, la Suède, l’Allemagne et les pays baltes.
La recherche d’une minorité de blocage
Cette opposition croissante au traité du Mercosur au sein de la communauté européenne laisse penser que la minorité de blocage au Conseil européen pourrait potentiellement être atteinte, ce qui entraînerait un rejet du texte.
Pour ce faire, quatre États représentant au moins 35 % de la population de l’UE doivent se prononcer formellement contre le texte. Un quorum qui est encore loin d’être atteint mais que l’annonce du gouvernement polonais permet néanmoins d’envisager.