Ovidie, une « femme libre » devant une salle comble à Toulouse

Ovidie, une « femme libre » devant une salle comble à Toulouse
Ovidie, une « femme libre » devant une salle comble à Toulouse

l’essentiel
Avec Ovidie, ex-star du porno, écrivaine, journaliste et réalisatrice de documentaires, le Marathon des mots a accueilli une prose aussi féministe et radicale que drôle et originale. Une très belle rencontre.

Mercredi soir, la librairie l’Autre Rive faisait salle comble pour accueillir Ovidie, signe incontestable qu’une littérature forte et militante a sa place au Marathon des mots. “Toutes les places sont réservées depuis trois semaines et on aurait pu avoir 200 personnes”, se réjouit François-Xavier Schmit, le propriétaire de cette merveilleuse librairie du quartier de Saint-Cyprien.

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Un roman photo hilarant

Le public était venu entendre l’auteure et rédactrice de podcasts et documentaires aussi décalés que pertinents, et aucune allusion à son passé d’actrice de cinéma X n’est venue gâcher l’ambiance très chaleureuse et respectueuse. Souriante et vive, Ovidie parle avec franchise et son langage passe de phrases littéraires à des expressions très dans l’air du temps – qu’elle a sans doute entendues à l’université, où elle travaille régulièrement. Ce fameux zeitgeist qu’elle sait saisir comme peu d’autres en épinglant intelligemment les travers sexistes et ringards qui persistent ici et là.

Elle leur tord le cou, dans son photo-roman hilarant, à l’esthétique très années 70 « La fabrique du Prince Charmant – pire arnaque depuis l’invention du jacuzzi », réalisé avec Marie-Sophie Larrouy à partir de vieilles et étonnantes cartes postales italiennes. « Un trésor secret », sourit-elle quand on lui demande l’origine de ces photos très improbables. J’adore les détournements, comme ce film déjanté « La dialectique peut-elle casser des briques ? », dans lequel des karatékas s’affrontent tout en discutant de Marx et de Bakounine ! J’aime injecter du politique dans une œuvre pop. Ce Prince Charmant, que j’ai appelé Jean-Michel Déconstruit, n’est ni un beau gosse ni un macho : c’est quelqu’un qui pense savoir mieux que nous ce qu’est le féminisme ! »

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« Ovidie est une femme libre qui a vécu des choses et en a tiré des œuvres riches et variées », observe Karine, une Toulousaine qui habite à proximité et qui a été, comme beaucoup, séduite par la clarté et la bienveillance du discours d’Ovide.

“Prendre le chien!”

Cette bienveillance, elle l’exprime – ô combien – dans le formidable « Assis, debout, couché ! » (éditions JC Lattès) dans lequel elle exprime tout son amour pour les chiens. La gorge nouée, elle évoque devant un public ému la mort de son cher Raziel : « J’ai tout simplement perdu un ami. Il ne m’a pas jugé, il avait une totale confiance en moi. Nous n’accompagnons pas le deuil des chiens – et j’aurais eu besoin d’un soutien psychologique et médical. L’amour du toutou n’est pas étranger à l’action et à la pensée féministe d’Ovidie : « À la fin du XIXe siècle, des expérimentations étaient menées sur des chiens et des femmes, considérés comme physiquement inférieurs. Très tôt, la cause animale a été embrassée par les femmes et, si vous allez dans les refuges pour animaux, ce sont les femmes que vous verrez le plus.» Cette passion canine remonte à loin : « Quand j’étais petite, on me disait : « Prends le chien », et non : « Attention aux prédateurs ». J’ai pris le chien et n’ai rencontré aucun problème lors de mes promenades en forêt. Même aujourd’hui, je prends le chien et je ne suis jamais attaqué.

« J’aime la fluidité et la clarté de ses propos : elle sait fédérer autour de concepts très actuels et sérieux avec beaucoup d’intelligence », conclut, des étoiles plein les yeux, Lucile, une autre toulousaine et ex-libraire, avec qui Ovidie , comme tous ceux qui lui tendront un livre à dédicacer, s’engagera dans une discussion courte mais chaleureuse. Une belle personne, certainement.

Derniers ouvrages parus : « La Fabrique du Prince Charmant – la pire arnaque depuis l’invention du jacuzzi » (Seuil, 120 pages, 19,90 €) et « Assis, debout, couché ! » (JC Lattès, 234 pages, 18,90 €)
 
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