P.première question bleue d’un futur « Trivial Pursuit » : quel est le point commun entre la réserve géologique de Saucats, le Banc d’Arguin, les marais de Bruges, les dunes et marais d’Hourtin, les prés salés d’Arès et l’étang de Cousseau ? Toutes ces pépites environnementales de Gironde sont des Réserves Naturelles Nationales (NNR). Bref, des zones de protection fortes, sorte de bouclier contre les assauts du développement concret, du surtourisme et des intérêts privés.
Deuxième question, pour un camembert bleu cette fois ? Pourquoi le Ciron, rivière emblématique du Sud Gironde, est-il si connu ? Ses eaux douces serpentent sur trois départements (Landes, Lot-et-Garonne, Gironde) et 90 kilomètres avant de se jeter dans la Garonne. Une eau miraculeuse capable de préserver une forêt de hêtres au cœur de ses gorges pendant plus de quarante millénaires, et même de créer un brouillard magique sur les vignes de Sauternes.
Une stratégie en deux temps
L’association d’aménagement du bassin versant du Ciron a lancé un projet de création d’espaces protégés. « Les outils juridiques actuels ne suffisent pas », juge le syndicat qui a testé tous ces ustensiles : Natura 2000, Commission locale de l’eau, espaces naturels sensibles, etc. « Le projet de l’Unesco a échoué car le Ciron n’était pas une réserve naturelle. Cette rivière mérite une meilleure protection. » Une étude préliminaire, financée par le Fonds vert, a donc été lancée début 2024. Elle est réalisée par Sepanso Nouvelle-Aquitaine. Objectifs : obtenir un arrêté de protection du préfet dans un délai de deux ans et créer une réserve naturelle nationale d’ici trois à six ans.
Cette stratégie en deux temps pousse le syndicat du Ciron à aller à la rencontre de tous les usagers de la rivière : propriétaires forestiers, chasseurs, pêcheurs, viticulteurs, naturalistes, agriculteurs, kayakistes, industriels, pisciculteurs, etc. « On leur dit que ce projet de réserve naturelle est pas une fermeture », insiste le président Olivier Douence, maire de Pompéjac. De quoi soulager les forestiers, les paloumayres et les amateurs de truites fario.
Le dernier mot au ministre
La création d’une réserve naturelle sur l’ensemble du bassin versant étant impossible, l’union cible trois zones distinctes dont la superficie n’est pas encore arrêtée : une zone amont vers Lerm-et-Musset, une zone centrale vers Bernos-Beaulac et une zone aval secteur vers Barsac. Trois « poches » symboliques et représentatives de sa diversité. « Il y a le Ciron des sables, le Ciron des gorges et le Ciron des vignes », énumère le syndicat.
Sur ces trois sites, des règles communes seront gravées dans le calcaire. Exemples : préservation d’espèces emblématiques, interdiction de coupes à blanc sur les berges, création de zones tampons pour préserver les hêtraies préhistoriques, etc. « Le champ d’application et les règles restent à définir. Nous n’en sommes qu’au début du projet. Les secteurs de protection pourraient être élargis à l’avenir », note le syndicat. La zone d’étude s’étend aujourd’hui sur 800 hectares. Les propriétaires forestiers de Lerm-et-Musset ont déjà donné leur feu vert. Le préfet et le ministère de l’Ecologie rendront leur verdict dans les années à venir.