Il s’agit d’un dispositif unique dans la gendarmerie de l’Hérault. Au sein de l’entreprise de Castelnau-le-Lez, qui couvre un large territoire autour de Montpellier, un groupe spécialisé dans les violences conjugales a été créé en octobre 2023. Objectifs : aider la victime et aboutir à une réponse pénale au plus vite.
C’est une cellule unique en son genre, au sein de la gendarmerie de l’Hérault. Dans la compagnie de Castelnau-le-Lez, qui couvre un large territoire autour de Montpellier, huit militaires sont désormais affectés au traitement des situations de violences conjugales : le « groupe VIF ». Leur activité concerne principalement les violences domestiques, mais également les violences visant les enfants. Ces gendarmes spécialisés sont répartis dans plusieurs brigades : Castelnau-le-Lez, Jacou-Clapiers, Saint-Georges-d’Orques et Saint-Jean-de-Védas. Objectif : améliorer la prise en charge des victimes et accélérer les procédures, du dépôt de plainte à la réponse pénale.
« D’un retard de plusieurs semaines, on est passé à quelques jours »
Basé à la brigade de Saint-Georges-d’Orques, l’adjudant Jérémy Sarrazin fait partie de ce groupe créé en octobre 2023 à l’initiative du lieutenant-colonel Vanessa Demaria, qui dirige l’entreprise. « Nous avons beaucoup de cas de violences conjugales. Il fallait trouver une solution pour soigner rapidement les victimes et éviter que les faits ne se reproduisent. Et ainsi, évitez une potentielle tragédie. D’un retard de plusieurs semaines, nous sommes passés à quelques jours, voire une journée »explique-t-il aux côtés de l’adjudant Mélanie Ausset, également impliquée dans ce projet. « Régulièrement, des interdictions de contact entre l’auteur des faits et la victime sont prononcées, ainsi que des saisines du parquet. C’est une satisfaction pour celui qui subit la violence, mais aussi pour nous. Nous revenons à la base de notre métier.
« Dans 80 % des cas, les conséquences sont immédiates. La victime est recontactée après un jour ou deux. Des mesures sont prises. Cela permet par exemple à la victime de retrouver une tranquillité d’esprit jusqu’à ce que le divorce soit finalisé. “, ajoute le capitaine Benoit Poidevin, adjoint au commandant de compagnie.
En un an d’existence, le groupe VIF a noué des contacts privilégiés avec le pôle famille du parquet de Montpellier, « très réactif »ainsi qu’avec le service de médecine légale du CHU, chargé d’observer et d’évaluer les blessures physiques et les traumatismes psychologiques en termes de préjudice. De quoi rationaliser considérablement les processus métiers. La collaboration avec l’assistante sociale de la gendarmerie est également très importante.
Localisation GPS, piratage téléphonique : de nouvelles formes de harcèlement
Outre les coups et les menaces de mort, la violence contre les femmes peut également prendre la forme de harcèlement ou d’espionnage. Comme l’utilisation de balises de localisation GPS, par exemple placées sur une voiture. « Nous rencontrons également des cas de piratage téléphonique pour récupérer des appels et des messages. C’est quelque chose qui devient de plus en plus courant. »révèlent les gendarmes du groupe VIF. Ces agissements font l’objet de qualification pénale : « atteinte à la vie privée par captation ou enregistrement » ou « atteinte au secret des correspondances ». Les soupçons d’adultère, notamment à travers les informations retrouvées sur les réseaux sociaux, sont souvent à l’origine de violences. “Un répondant nous a dit que sa femme n’était pas autorisée à communiquer avec d’autres hommes.” Les gendarmes rappellent l’existence de la plateforme « Mémo de vie » (memo-de-vie.org) qui permet aux victimes de violences d’enregistrer en ligne, comme dans un journal intime, des éléments de leur vécu, des photos, des documents, mais aussi de retrouver des contacts. pour trouver de l’aide.
Jusqu’à trois gardes à vue le même jour
Ce jour-là, à la brigade Saint-Georges-d’Orques, un homme était en garde à vue depuis la veille. Il était recherché depuis un an, après avoir fui suite à des violences conjugales en présence d’un très jeune enfant. Inscrit au fichier des personnes recherchées, il a été identifié lors d’un contrôle de police à Montpellier. La victime a été immédiatement informée de son arrestation.
Pour le groupe VIF, les nouvelles affaires sont quotidiennes. « Nous avons eu jusqu’à trois gardes à vue le même jour à la brigade de Villeneuve-lès-Maguelone, suivies de trois saisines du parquet »révèlent les adjudants Sarrasin et Ausset. « Aujourd’hui, nous encourageons les victimes à prendre la parole, à porter plainte. La parole est plus libre. C’est aussi pour cela que nous recevons davantage de signalements d’infractions.» Expérimenté depuis un an, le groupe VIF de la compagnie de gendarmerie de Castelnau-le-Lez a été protégé en octobre dernier. En douze mois, il a traité 379 procédures. 256 suspects ont été placés en garde à vue, 135 ont été entendus librement.
Missions d’une durée de trois à six mois
Les gendarmes du groupe VIF de la compagnie Castelnau-le-Lez effectuent des missions de 3 à 6 mois, avant d’être remplacés par d’autres militaires. « C’est une activité moralement lourde, car nous sommes quotidiennement confrontés à des violences et des viols, impliquant parfois des mineurs »expliquent les adjudants Sarrazin et Ausset. Les gendarmes affectés à cette mission sont tous des officiers de police judiciaire. Certains, comme l’adjudant Ausset, ont suivi une formation à l’audience « Mélanie », ce protocole spécifique au recueil de la parole des enfants victimes ou témoins de violences. “Un enfant témoin d’une scène de violence est automatiquement considéré comme victime de ces violences”se souvient l’adjudant.