Espèce protégée, le grand cormoran est devenu au fil des années la « bête noire » des pisciculteurs de la Brenne, qui ont tiré la sonnette d’alarme. Il y a quelques mois, le préfet de l’Indre envisageait déjà d’expérimenter des tirs ciblés sur un dortoir identifié en limite de Creuse. Mais entre-temps, la donne a changé au niveau national avec la décision du Conseil d’État de revenir sur l’interdiction de réguler les grands cormorans en eaux libres, prise le 8 juillet 2024. Cette décision fait suite à la demande de la Fédération Nationale des Pêche et Protection du Milieu Aquatique (FNPF) qui souhaitait reprendre la régulation du grand cormoran, en raison de son impact sur les populations de poissons.
Dans l’Indre, le préfet est ainsi parmi les premiers à signer un arrêté en ce sens. Elle concerne les populations de cormorans dans les dortoirs du Vilnet, de la Roche et de la Gastevine, sur les communes de Ruffec et du Blanc. Ces dortoirs sont situés à environ 30 km des grands étangs de la Brenne. Or, “le cormoran peut parcourir jusqu’à 30 km pour se nourrir”, rappelle l’ordre, motivé par «les impacts » prédation “sur les populations de poissons” observé « au moment de la pêche en étang et transmis en novembre 2023 et 2024 par le syndicat des pisciculteurs ».
Autorisé jusqu’au 15 janvier 2025
Le décret autorise désormais le tir ciblé du grand cormoran, jusqu’au 15 janvier 2025. Ce feu vert est très « encadré et proportionné »précise le préfet, Thibault Lanxade, qui entend répondre aux inquiétudes soulevées par les associations de défense de l’environnement comme Indre Nature. L’autorisation est en effet limitée aux trois dortoirs mentionnés, et vise « agents titulaires d’un permis de chasser validé ». « Les tireurs pourront intervenir depuis le secteur fluvial de la Creuse. Le tir se fera avec des fusils de chasse équipés de grenaille d’acier. »
Enfin, le décret précise que ces opérations de régulation feront l’objet d’un « rapport hebdomadaire à adresser à la Direction Départementale Territoriale ». Doit être détaillé pour chaque dortoir : « Le nombre d’oiseaux présents, le nombre d’oiseaux capturés, l’impact de l’intervention sur les plans d’eau soumis à une prédation massive en raison de la vulnérabilité des poissons au moment de la pêche, l’impact sur la population de cormorans.