LLa mort d’un animal est souvent une tragédie pour un enfant, une famille et une personne âgée. A l’heure où l’animal de compagnie a le statut d’être quasi-humain, évoquer la douleur liée à sa disparition est un véritable sujet, qui sera abordé en amont du congrès sur le deuil à La Rochelle, le 28 novembre à Fouras. Marine Debouchaud, vétérinaire à Ciré-d’Aunis, animera la conférence. Rencontrez cette passionnée qui appelle les animaux qu’elle suit « mes patients ».
Quel statut occupe l’animal dans la famille ?
Il en fait totalement partie au quotidien. La relation profonde et inconditionnelle avec l’animal allie parentalité, amitié, tendresse, respect et bienveillance. C’est un confident, un compagnon de vie qui apporte du réconfort. C’est un être à part entière, avec sa propre personnalité et sa sensibilité. Il a été choisi, élevé et éduqué. Puis on le voit décliner et on le soutient comme un petit doyen.
Alors que représente la mort d’un animal de compagnie ?
Le plus souvent, le chien ou le chat accompagne son maître depuis longtemps et représente une partie de sa vie. Dire au revoir à son animal, c’est laisser un peu de soi. C’est la même chose quand on adopte le protégé d’une personne décédée, sa mort sonne comme une seconde mort de son défunt maître.
Dans quel esprit arrivent les propriétaires qui vous amènent un animal malade ?
Chaque propriétaire a sa limite. On acceptera de partir avec son chat ou son chien, même réduit, ils sont prêts à les accompagner ; l’autre n’est pas prêt à vivre avec un animal amputé par exemple. Certains souhaitent mettre fin trop tôt aux souffrances, alors que les traitements sont encore possibles. Je m’adapte et travaille avec ma conscience. Mais je ne suis pas capable d’euthanasier un animal qui peut encore vivre confortablement. Sinon, mon travail perd son sens.
Comment faire face à des propriétaires qui ne sont pas préparés à la mort de leur animal ?
Ils pensent à le sauver, alors j’y vais avec tact. Avant toute euthanasie, il faut parler. Souvent, les gens ont besoin de temps pour digérer la nouvelle et dire au revoir à leur animal de compagnie. Surtout pour les enfants, qui doivent comprendre ce qui se passe.
“La perte d’un animal est souvent la première expérience de deuil pour un enfant”
Parlez-nous des enfants confrontés à cette mort.
La perte d’un animal, véritable figure d’attachement, est souvent la première expérience de deuil pour un enfant. C’est douloureux, surtout à partir de 7 ans, car le jeune comprend que la mort fait partie du cycle de la vie, y compris pour l’humain. Vous devez expliquer le décès de manière concrète, en disant que vous ne verrez plus votre animal, mais que vous vous en souviendrez comme un grand ami. Le jeune est souvent associé au rituel qui accompagne le départ d’un animal, plus qu’aux funérailles des grands-parents dont il est parfois, étrangement, exclu.
Quel est le rituel autour de la mort d’un animal ?
En cas d’euthanasie, la plupart des propriétaires souhaitent être présents. Souvent, ils demandent à récupérer le corps. Ce n’est malheureusement pas légal, mais je comprends, car cela implique de vouloir accompagner l’animal jusqu’au bout. Il existe deux crématoriums animaliers à Poitiers et en Vendée qui permettent une véritable cérémonie et la récupération des cendres.
Pourquoi sommes-nous souvent gênés de parler de la perte de notre chat ou de notre chien ?
De peur d’entendre « oh, c’est juste un animal ». » Cependant, vous devez parler sans crainte, car c’est un deuil qui concerne les gens et beaucoup de personnes vous réconfortent. La perte de cette relation unique ne doit pas être prise à la légère, quitte à consulter un psychologue. Au bureau, on accueille la douleur des clients qui rentrent seuls chez eux, je leur écris des lettres après, on propose même de prendre des empreintes du chat ou du chien avant leur départ.
Vous n’êtes pas vétérinaire par hasard et vous venez vous-même de perdre votre berger australien.
Cirrus avait 15 ans, il est décédé d’un cancer dévastateur le 6 novembre. Il était mon ombre, il me suivait partout et m’accompagnait à chaque étape de ma vie. J’ai pensé à l’euthanasier pour qu’il ne souffre plus, cela faisait partie du contrat de respect mutuel, mais il est mort dans mes bras, comme un cadeau. J’ai organisé pour lui une vraie cérémonie au crématorium des animaux, c’était difficile, mais beau pour lui. En lui rendant hommage, j’ai posté une publication sur Facebook qui m’a fait gagner des messages comme jamais auparavant.
(1) Ehpad Presqu’île à Fouras le 28 novembre à 18h Gratuit.