un vaste sanctuaire et une nécropole mis au jour au centre-ville de Rennes

un vaste sanctuaire et une nécropole mis au jour au centre-ville de Rennes
un vaste sanctuaire et une nécropole mis au jour au centre-ville de Rennes

Les fouilles se déroulent sur une superficie de 5 600 m2. Est-il courant d’intervenir dans la ville sur un territoire aussi vaste ?

Romuald Ferrette – Ce n’est pas très courant, mais nous avions déjà réalisé une opération contiguë en 2016-2017 sur plus de 7 000 m2. Les fouilles en cours sont le prolongement de cette campagne. Cela permet une zone d’étude de plus d’un hectare. Cette zone fut occupée peu après la fondation de la ville. À la fin de jeest siècle, un grand sanctuaire en maçonnerie est érigé. Il s’agit d’un bâtiment public, l’utilisation de la pierre est donc normale.

Que révèlent les recherches sur ce sanctuaire ?

Il mesurait plus de 100 mètres de long dans la direction nord-sud et remplaçait un bâtiment similaire en bois. Le mur de maçonnerie, présent sur trois côtés, a remplacé une clôture. Il comprend une cour destinée à l’accueil des fidèles et il y a probablement un temple, au nord, au fond de cet espace. Au sud, une rue, orientée est-ouest, est intégrée à ce complexe religieux qui s’est développé au IIIeet siècle. Compte tenu de sa taille, nous pensons qu’elle est le sanctuaire civique, c’est-à-dire le plus important, de la cité du peuple gaulois de Riedons. Elle est peut-être dédiée à Mars Mullo°, le dieu gallo-romain, mais nous n’en avons pas de preuve formelle.
Nous n’avons pas trouvé d’inscription concise et il y a peu de chance que nous en trouvions une. On sait que le temple de Mars Mullo fut détruit à la fin du IIIee siècle et ses pierres furent réutilisées pour construire la première enceinte de Rennes, mais son emplacement exact n’a pas été localisé.

Y a-t-il d’autres découvertes importantes ?

Oui, dont plusieurs domusdont un a déjà été en partie fouillé en 2016 et qui fait plus de 1000 m2 par terre. Il y en a au moins trois, datant du 3ee siècle avec de grandes pièces de réception, sur la zone actuellement fouillée. Une des pièces est chauffée grâce à un hypocauste à piliers (petits piliers en pierre ou en brique, ressemblant à des pilotis. NDLR), une autre par un chauffage au sol avec conduits radiants. Entre la fin du IIIe siècle et début du IVee siècle, l’autorité municipale donna l’autorisation de démanteler entièrement l’une de ces résidences qui n’était plus occupée et d’en extraire des matériaux de construction, notamment du sable pour fabriquer du mortier de chaux. Elle servit probablement au seul grand programme de construction de cette époque, qui fut la construction de la première enceinte urbaine. Cette carrière jouxte alors domus qui sont encore occupés.

Piliers en terre cuite qui étaient superposés pour permettre la circulation de l’air chaud dans les hypocaustes (chauffage au sol).© Cyril Cornillot, Inrap.

Ces fouilles permettent-elles d’avoir une idée plus précise du tracé de ce premier mur ?

Nous avons proposé un plan qui reste hypothétique dans de nombreuses zones, car il n’y a pas eu de fouilles à ces endroits. Une partie de la restitution s’appuie sur des documents plus anciens. Mais on estime la superficie à l’intérieur de cet enclos à une quinzaine d’hectares maximum. Cependant, la ville, à l’époque du Haut Empire, est bien plus vaste puisqu’elle atteint 80 hectares.

Ces recherches ont également révélé la présence d’une nécropole ?

En effet, parallèlement, à la fin du IIIe siècle et début du IVee siècle, une nécropole était installée dans les cours des immeubles ou sur leur emplacement lorsque ceux-ci étaient complètement ruinés. D’après nos recherches, son utilisation s’étend sur plusieurs siècles, peut-être jusqu’au VIIIe siècle.e siècle. Grâce à toutes les fouilles, plus de 600 tombes ont été exhumées à ce jour. Hormis quelques cas particuliers, ils sont tous orientés est-ouest, ce qui pourrait être lié à un rite chrétien, mais rien ne permet de le confirmer au stade actuel. Il existe encore quelques sépultures avec dépôt d’objets selon un rituel païen. Mais il n’y a ni stèle, ni inscription d’aucune sorte. L’opération en cours devrait s’achever fin septembre.

Que deviendront les squelettes exhumés ?

Cette année, nous avons atteint les abords de la nécropole et nous avons retrouvé une cinquantaine de squelettes. Ils seront collectés et confiés à nos laboratoires pour étude anthropologique. L’âge, le sexe, les causes du décès et les traumatismes visibles seront ainsi déterminés et liés au mode d’inhumation. Nous n’avons trouvé ni sarcophage en plomb ni cercueil en pierre, comme nous l’avions exhumé en 2016. En revanche, il existe de nombreux cercueils, soit en monoxyle – le défunt est enterré dans un tronc d’arbre évidé dont le sommet est recouvert d’une planche – soit entre des planches de bois. Si nécessaire, les analyses seront approfondies avec par exemple une recherche de datation au carbone 14.
Tous les meubles retrouvés – pièces de monnaie, céramiques, bijoux comme des bagues ou des épingles à cheveux – sont également sauvegardés.

Petite lampe à huile trouvée dans la zone fouillée en 2022.© Emmanuelle Collado, Inrap

 
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