A l’occasion de la journée mondiale contre les violences faites aux femmes ce lundi 25 novembre, France Bleu Gard Lozère a pu entendre la parole d’une victime. Aujourd’hui âgé d’une quarantaine d’annéesLaurence a subi des violences de la part de son compagnon pendant plus de 15 ans. « Des violences multiples, comme elle le dit pudiquement. J’étais sous son influenceajoute-t-elle. Je me suis dit que c’était moi qui avais le problème, parce que j’avais du mal à supporter ce système de vie. » Jusqu’au jour où cette mère de trois enfants a dit stop : «J’ai eu un clic»explique-t-elle. C’était il y a quatre ans.
Un accueil difficile à la gendarmerie
Ce déclencheur est celui qui lui sauvera sans doute la vie : celui d’aller porter plainte auprès d’une gendarmerie du Gard. Sauf que Laurence est mal accueillie. “J’ai été reçu par un gendarme qui soufflait”confie-t-elle. Le militaire lui dit : “D’accord, eh bien… je vais quand même prendre ton nom”sortir un cahier à spirale. « Il n’était pas du tout réceptifregrette Laurence. Encore moins en empathie. Il discutait même avec un ami qui m’accompagnait. » Cette attitude, chez elle, renforce le sentiment de solitude. Pire encore : « Je me suis dit que je n’avais aucune valeur, que je n’étais pas entendu et que ça ne servait à rien… Alors, je suis parti. »
Deux jours plus tard, Laurence trouve la force de réintégrer la même gendarmerie. Encore une fois, tout n’est pas idéal. « J’étais donc avec des professionnels qui ont fait preuve de discrétion et d’empathiesouligne-t-elle, mais ils ne m’ont pas laissé dire à mes enfants que j’étais là. » Les policiers lui expliquent alors qu’elle ne doit pas les appeler pour sa sécurité. « Votre mari ne doit pas savoir que vous êtes gendarmerie », lui ont-ils dit. Ce à quoi elle répond : « Mais, je ne comprends pas, est-ce que c’était moi qui étais en faute ? » Ce retour à la gendarmerie lui laisse un goût amer, même quatre ans plus tard. « Autantelle a dit, J’avais des personnes dans les mêmes soins qui étaient très gentilles pour interroger et déposer des plaintes, même si c’était des choses extrêmement complexes. »
Trois déplacements au commissariat
Malheureusement, ce n’est pas la dernière fois que Laurence reverra la police. « Plusieurs mois après avoir fait ma déposition, j’ai découvert qu’elle n’avait pas été transmise au parquet »explique-t-elle. Le quadragénaire réintègre donc la gendarmerie, une troisième fois. Et cette fois, avec son avocat. Les femmes ignorent souvent qu’elles ont ce droit. « Dans ces moments-là, la présence d’un avocat devrait être automatiquesuggère Laurence. Face à un policier ou à un gendarme, la plaignante n’est pas toujours capable de réfléchir et de mettre des mots sur ce qui lui arrive.fait-elle remarquer. Il s’agit pourtant d’une étape essentielle. En effet, plus une victime décrit bien ce qu’elle vit, plus elle a de chances que sa plainte aboutisse à une réponse judiciaire.
C’est ce qui est arrivé à Laurence. Son ex-compagne a été condamné à 18 mois de prisonaccompagné d’une ordonnance de soins. Il a également pu maintenir un lien avec ses trois enfants, à travers un système de protection. « Il ne les voit pas beaucoupprécise Laurence. Très occasionnellement. Mais je reste dans l’échange avec lui car il restera à jamais le papa. Ce sera aux enfants de décider ce qu’ils feront de cette relation. Mais il ne m’appartient pas de leur imposer une ligne de conduite. Pour le reste, la sécurité, je serai toujours là pour eux. »
Témoigner aux forces de l’ordre
Aujourd’hui, Laurence – qui a entamé une reconversion professionnelle – se reconstruit. Elle envisage également, comme elle le dit, de “faire quelque chose” de ce qu’elle a vécu. Peut-être témoigner auprès des gendarmes ou des commissariats, pour améliorer la prise en charge des victimes, lorsque des plaintes sont déposées. « Oui, témoignez sans jugerinsiste-t-elle. Sans rejeter la faute sur la justice, la police ou la gendarmerie. Le sujet n’est pas là. L’enjeu est là : si l’expérience que j’ai vécue peut servir à quelque chose pour que cela ne se reproduise plus, ma seule mission est là. »
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