mort de Nahel, un an après

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mort de Nahel, un an après

A Nanterre, le 29 juin 2023, marche blanche à l’appel de la mère de Nahel, un garçon de 17 ans abattu par un policier après avoir refusé d’obtempérer lors d’un contrôle routier à Nanterre. VALERIE DUBOIS / HANS LUCAS VIA AFP

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Il y a un an, le 27 juin 2023, Nahel Merzouk, 17 ans, était tué lors d’un contrôle routier par balles à Nanterre, dans les Hauts-de-Seine. Le drame a provoqué de multiples émeutes dans toute la France.

Il y a un an, le 27 juin 2023, Nahel Merzouk, 17 ans, était tué lors d’un contrôle routier par balles de la police à Nanterre (Hauts-de-Seine). Rapidement, la version des deux responsables de la brigade de motards invoquant un cas de légitime défense face à un véhicule menaçant de les écraser est contredite par la mise en ligne d’une vidéo filmée par un passant, puis appuyée par les témoignages des deux passagers, amis de Nahel âgés 14 et 17 ans, présents dans le véhicule.

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Les faits se sont déroulés dans la matinée du 27 juin. Alors qu’ils partaient en service, les deux motards croisent une Mercedes jaune circulant à grande vitesse dans les rues de Nanterre. Après avoir refusé d’obtempérer, une course-poursuite s’est engagée entre les deux policiers et la voiture conduite par Nahel, qui n’avait pas de permis. Après trois kilomètres de poursuite, la Mercedes s’est retrouvée stoppée dans la circulation à proximité du boulevard de La Défense.

La vidéo montre les deux policiers pointer leurs armes sur le conducteur jusqu’à ce que le véhicule redémarre et que l’un d’eux tire. La Mercedes poursuit sa course sur quelques mètres, avant de s’écraser contre un bloc de béton de la place Nelson-Mandela. Lorsque les secours sont arrivés, Nahel était déjà mort, touché par une balle dans la poitrine. L’un des deux occupants du véhicule a pris la fuite. Il comparaîtra au commissariat quelques jours plus tard.

Une enquête avait alors été ouverte par le parquet de Nanterre pour tentative d’homicide volontaire par dépositaire de l’autorité publique. Dans les jours suivants, la France connaît plusieurs nuits d’émeutes, entraînant des incendies de bâtiments publics et des pillages de magasins. Le rapport de la commission des lois du Sénat estime le coût des dégâts à un milliard, soit « quatre fois plus » que lors des émeutes urbaines de 2005 qui ont suivi la mort de deux adolescents, Zyed Benna et Bouna Traore. En avril dernier un rapport du Sénat estimait que 80% des bâtiments publics incendiés ou endommagés entre le 27 juin et le 5 juillet 2023 ont été restaurés.

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Le drame a progressivement dépassé le stade du fait divers pour devenir un symbole de la lutte contre les violences policières. L’enquête tente depuis un an d’établir les circonstances de la mort de Nahel.

Florian M., auteur de la fusillade mortelle

Le policier responsable de la fusillade mortelle, Florian M., âgé de 38 ans au moment des faits, a été mis en examen pour homicide volontaire et placé en détention provisoire à partir du 29 juin 2023. Après cinq mois de détention provisoire, cet ancien militaire, père d’un enfant de 5 ans, a été remis en liberté sous contrôle judiciaire en novembre 2023, les juges considérant « les critères légaux de détention provisoire du policier incarcéré depuis le 29 juin 2023 ne semblent plus remplis à ce stade de l’enquête ».

Il lui est interdit de détenir une arme, de comparaître à Nanterre, d’entrer en contact avec des témoins ou des parties civiles. Selon son avocat Me Laurent-Franck Liénard, le policier, n’a cependant pas interdiction d’exercer. Lui et sa compagne ont quitté la région où ils vivaient après la divulgation de leur adresse. Son confrère, Julien L., a été placé sous le statut de témoin assisté pour complicité de meurtre.

Les deux policiers contestent la qualification pénale, estimant avoir agi en état de légitime défense. ” Il a failli renverser au moins deux personnes à grande vitesse.Florian M. s’est justifié en qualifiant Nahel de « bombe roulante », selon les informations du « Figaro ». «Je sais que s’il était parti, cela aurait été encore pire, il aurait frappé quelqu’un ou même tué quelqu’un. J’ai dû lui ôter la vie, mais je pense vraiment que j’en ai sauvé d’autres.» a ajouté le policier lors de ces interrogatoires.

La guerre des prix

Une cagnotte avait été lancée en faveur du policier. A sa fermeture, elle avait récolté 1,6 million d’euros. Parallèlement, une cagnotte avait également été créée pour soutenir la maman de Nahel, récoltant près de 500 000 euros. Les deux ont depuis été versés aux bénéficiaires respectifs. Ils avaient d’ailleurs tous deux fait l’objet d’une plainte en juillet 2023. La famille de Nahel avait porté plainte contre l’initiateur de la cagnotte de la police, Jean Messiha, figure de l’extrême droite, pour « fraude en bande organisée, détournement de traitements de données personnelles et dissimulation de ces délits. À son tour, M. Messiha avait déposé une plainte contre la famille de Nahel pour « diffamation ».

Mounia Merzouk, la mère de Nahel, a également engagé une vingtaine de poursuites pour diffamation et injures publiques visant son fils contre des personnalités d’extrême droite, qui ont présenté Nahel comme un délinquant et justifié le drame par l’existence présumée d’un casier judiciaire. Contrairement à certaines rumeurs qui circulaient au lendemain de la mort du jeune homme, ni arme ni drogue n’ont été retrouvées dans le véhicule ni sur ses passagers.

Une reconstruction minutieuse

Dans le cadre de la procédure, plusieurs expertises ont été réalisées, notamment pour déterminer si Nahel avait bien reçu des coups de crosse, comme le suggèrent les marques sur ses bras et les témoignages des passagers présents dans la voiture. Ce dernier a également affirmé que le brigadier avait menacé verbalement Nahel : « Je vais te mettre une balle dans la tête. » Ces propos auraient également été entendus par des automobilistes à proximité, mais n’ont pas été confirmés par des appréciations solides.

En mai 2024, une reconstitution des faits ayant conduit à la mort de Nahel a été réalisée sur les lieux du drame. Les deux policiers impliqués étaient présents, cagoulés et protégés par des gilets pare-balles pendant toute la reconstruction. L’un des enjeux majeurs de cette reconstitution était de déterminer si les deux policiers étaient en danger de mort le 27 juin au moment du coup de feu. Est-ce que cette photo provenait d’un “ nécessité absolue » et « strictement proportionné », comme l’exige la loi régissant l’usage des armes à feu par la police ? Florian M. a affirmé avoir tiré parce qu’il craignait pour sa vie. Son collègue affirmait avoir eu peur que Nahel “Déviez vers la gauche et coincez-nous contre le mur.”

Les avocats des deux parties ont tiré des conclusions contraires à l’issue de l’exercice. “Ce qu’on voit sur les vidéos, c’est que le policier n’était pas en danger”a résumé l’avocat de la mère de Nahel, Me Nabil Boudi sur RTL. M.e Liénard, de son côté, a argumenté sur BFMTV : « Objectivement, il n’était pas écrasé, mais il aurait pu sentir qu’il aurait pu l’être. »

Mounia a appelé à une marche silencieuse à la mémoire de son fils samedi 29 juin, veille des élections législatives, pour protester contre « l’impunité policière ». Pour éviter tout opportunisme politique, aucun discours ne sera accepté hormis le sien.

 
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