Des lots datant de la Seconde Guerre mondiale, dont des objets nazis, ont été mis aux enchères samedi 23 novembre 2024 à Caen, suscitant l’indignation de certaines personnes et associations qui estiment que ces ventes devraient être davantage encadrées.
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Une paire de bottes fourrées, un manteau de cavalerie, des masques à gaz, mais aussi des photos de soldats SS et des cartes d’identité de juifs français de confession juive, publiées sous le régime collaborationniste de Vichy.
La liste des objets de la Seconde Guerre mondiale mis aux enchères à Caen, vendredi 22 novembre et samedi 23 novembre au soir, est pour le moins insolite. La polémique aussi.
Samedi soir, une vingtaine d’acheteurs étaient présents dans la salle des ventes de Caen, tandis que d’autres suivaient les négociations en ligne ou par téléphone. Les ventes se portent bien,belles affiches“et le”belles médailles d’histoire» sont achetés les uns après les autres.
C’est justement ce qui pose problème à certains particuliers et associations, comme Souvenir Français. L’un de ses membres, Frédéric Pécout, également archéologue auInstitut National de Recherche Archéologique Préventive, campagnes pour réglementer ce type de ventes.
Il analyse certains objets du catalogue : « CCette carte est estampillée « juive », ces éléments ont été estampillés par la Gestapo, on imagine bien que ces personnes ont disparu dans les camps de concentration« .
“On peut se poser des questions, notamment lorsque les descendants nous interrogent sur ces ventes publiques, et on peut aussi se poser des questions sur l’intérêt des collectionneurs à acquérir ce type d’objets.», proteste-t-il.
La détention et la vente d’objets et de documents nazis sont légales, sous réserve du respect de l’article R. 645-1 du Code pénal. Il précise qu’il est interdit de transporter ou d’exposer des objets »rappelant celles des organisations ou individus responsables de crimes contre l’humanité », sous peine d’une lourde amende.
Un album photo d’un milicien français a ainsi été vendu à partir du 1 000 euros légalement. Un objet intéressant selon le commissaire-priseur, Jean Rivola, car il est «le seul connu au monde qui montre malheureusement des Français qui ont pris le mauvais côté« .
Alors, comment trancher entre intérêt historique, devoir de mémoire et risque d’entretenir le néonazisme ? ? Le commissaire-priseur refuse de vendre les objets aux mauvaises personnes.
N’importe qui peut acquérir [ces objets]mais c’est de l’histoire que vous achetez. Imaginez blesser quelqu’un avec ça ? Non pas du tout.
Jean Rivola, commissaire-priseur
Les lots proposés dans la vente de Caen ne posent pas tous problème, et pas tous au même degré. Jean Rivola affirme de son côté que la majorité de ces petits bouts d’histoire sont vendus “aux passionnés qui écrivent des livres, des articles, qui travaillent chaque année sur ce qu’ont été la résistance et l’occupation, ou aux institutions publiques, qui les ouvrent au public.”
Les musées acquièrent souvent ces objets. Selon le célèbre historien et avocat Serge Klarsfeld, qui s’exprimait sur le sujet pour France Info, leurs propriétaires devraient les confier d’emblée à ces institutions, plutôt que de les vendre.