OPPORTUNITÉS ET IMPÉRATIFS DANS LES RELATIONS AVEC L’OCCIDENT – .

OPPORTUNITÉS ET IMPÉRATIFS DANS LES RELATIONS AVEC L’OCCIDENT – .
OPPORTUNITÉS ET IMPÉRATIFS DANS LES RELATIONS AVEC L’OCCIDENT – .

Le nouveau paysage politique du Sénégal ouvre de nouvelles perspectives pour les relations avec les pays occidentaux. La nette victoire du président Faye sur l’ancien Premier ministre Amadou Ba a été saluée par les partenaires internationaux, notamment la France, les États-Unis et le Royaume-Uni. Emmanuel Macron s’est même illustré en adressant ses félicitations en wolof, un geste interprété comme une volonté active de rapprochement avec la nouvelle administration.

En effet, une frange importante de Pastef, parti panafricaniste de gauche, avait fortement prôné une rupture avec la France lors de la campagne présidentielle. Le président Faye, de son côté, avait promis de renégocier les contrats pétroliers et gaziers pour obtenir des conditions plus avantageuses, suscitant l’inquiétude de certaines chancelleries occidentales.

Les premières décisions du nouveau chef de l’Etat laissent toutefois penser que les craintes d’une rupture radicale n’étaient pas fondées. Il a préféré mettre l’accent sur l’importance de maintenir des relations solides avec les partenaires étrangers tout en privilégiant les intérêts nationaux.

Dans l’une de ses premières déclarations publiques en tant que président élu, Bassirou Diomaye Faye a exhorté le Niger, le Mali et le Burkina Faso, qui ont annoncé leur intention de quitter la CEDEAO plus tôt cette année, à rejoindre l’union économique régionale. Dans son discours inaugural, le Président Faye a réaffirmé une fois de plus que le Sénégal, sous sa direction, privilégierait la coopération avec la communauté internationale plutôt que la confrontation.

Cette nouvelle réalité offre aux pays occidentaux une courte fenêtre d’opportunité pour redéfinir durablement leurs relations avec le Sénégal et la région, relations fragilisées par les tensions persistantes avec l’ensemble des pays du Sahel.

Pour saisir cette opportunité, il est impératif que l’Occident revoie sa posture et propose des partenariats véritablement équitables. Ces partenariats doivent être conçus en vue de soutenir le co-développement et de renforcer la stabilité régionale, répondant ainsi aux besoins locaux tout en respectant la souveraineté des nations concernées.

En adoptant une approche collaborative et respectueuse, les pays occidentaux peuvent non seulement réparer les liens endommagés, mais également construire une base solide pour une coopération fructueuse et durable avec le Sénégal et ses voisins.

Une nouvelle ère pour les relations entre le Sénégal et l’Occident

La victoire du président Faye incarne donc la profonde frustration de la jeunesse sénégalaise face à un taux de chômage élevé. Un problème persistant. En 2023, le chômage des jeunes au Sénégal a atteint 4,2% selon les chiffres officiels. Cependant, avec 84 % de l’emploi concentré dans le secteur informel, une grande majorité des moins de trente-cinq ans vit dans une situation de précarité absolue, avec un accès limité à l’éducation, à l’emploi formel et aux besoins. basique.

C’est pourquoi les promesses du président Faye en matière de réforme économique, de lutte contre la corruption et de promotion de la préférence nationale trouvent un fort écho auprès de la jeunesse des grands centres urbains, des populations marginalisées et de certains intellectuels frustrés par la complaisance traditionnelle du Sénégal à l’égard des pays occidentaux.

Ces engagements de campagne de la Coalition Diomaye 2024 répondent aux attentes des citoyens en quête d’un système plus juste et transparent, capable de leur offrir de meilleures perspectives de stabilité économique et de gouvernance fondée sur le mérite, la responsabilité et l’intégrité.

En luttant contre la corruption endémique et en favorisant les entreprises nationales, le président Faye pourrait donner aux Sénégalais un plus grand contrôle sur leurs ressources et leur avenir. Des réformes aussi ambitieuses sont susceptibles de susciter espoir et enthousiasme parmi les citoyens en quête de changement.

Les défis de développement au Sénégal sont considérables et offrent une opportunité précieuse aux pays occidentaux de revoir leur posture et de redéfinir leur approche de la coopération. En soutenant les ambitions de la nouvelle équipe gouvernementale, qui vise à créer des emplois pour les jeunes et à promouvoir la croissance d’un secteur privé national fort, les pays occidentaux peuvent jouer un rôle clé dans la transformation économique du Sénégal.

Cette coopération technique et financière ciblée, ainsi que les investissements favorisant le transfert de compétences et de technologies, soutiennent non seulement le développement durable du Sénégal mais démontrent également l’engagement en faveur d’un partenariat gagnant-gagnant, bénéfique pour les deux parties.

En outre, les récentes découvertes de réserves de pétrole et de gaz au Sénégal sont sur le point de transformer radicalement les perspectives économiques et sociales du pays. En engageant un dialogue constructif sur des questions cruciales telles que la gestion durable des ressources naturelles, les pays occidentaux ont l’opportunité de soutenir activement un partenariat mutuellement bénéfique avec le Sénégal. En apportant leur expertise et leur soutien, ils peuvent contribuer à la gestion responsable de ces nouvelles richesses, tout en renforçant les liens économiques et diplomatiques entre les deux parties.

L’exploitation minière dans la région de Kédougou, par exemple, donne un aperçu des conséquences néfastes que peut engendrer le décalage entre les intérêts économiques des entreprises étrangères et les réalités des populations locales. Dans cette région, les activités minières ont parfois conduit à des expulsions forcées et mis à mal les moyens de subsistance des habitants, suscitant un profond ressentiment anti-occidental. Les communautés locales ont organisé de nombreuses manifestations, parfois violentes, pour protester contre les pratiques abusives des entreprises.

Seule une approche soucieuse des populations et de leur développement durable peut donc créer un climat propice à une coopération mutuellement bénéfique. Dans le cas contraire, le risque est grand de voir les conflits et les mouvements de rejet se multiplier, au détriment des bonnes relations entre le Sénégal et ses partenaires occidentaux.

Une opportunité pour repenser les alliances au Sahel

La posture contestataire de la coalition Diomaye 2024 avait suscité des inquiétudes au sein de la communauté internationale pendant la campagne, alimentant les craintes quant à la stabilité et à l’orientation future du Sénégal.

Mais les premières annonces du président Faye ont rapidement rétabli la confiance. Son engagement à promouvoir la transparence de la gouvernance, à maintenir l’équidistance dans les relations internationales et à mettre en œuvre des mesures fortes contre la corruption a démontré sa détermination à améliorer la gestion des affaires publiques.

Preuve supplémentaire de cette confiance retrouvée, le prix des obligations sénégalaises sur les marchés internationaux a connu une croissance spectaculaire au lendemain du scrutin, passant de 1,4 centimes à 75,88 centimes pour un dollar, réalisant ainsi la meilleure performance du jour parmi les émetteurs de dettes souveraines des pays émergents. . Ce rebond post-électoral suggère un optimisme prudent de la part des investisseurs quant aux perspectives économiques du Sénégal sous la direction du président Faye.

Pour que cette dynamique positive se matérialise durablement, il est désormais indispensable que la communauté internationale apporte son soutien inconditionnel à la nouvelle diplomatie régionale du Sénégal.

En effet, le président Faye a clairement affiché sa détermination à défendre une idéologie souverainiste, en appelant notamment le Niger, le Burkina Faso et le Mali à rejoindre la CEDEAO. Par ailleurs, le Chef de l’État s’engage à promouvoir une intégration africaine plus forte, en prenant le leadership en faveur d’une réforme profonde du franc CFA. Ces initiatives ambitieuses visent à redonner au Sénégal un rôle de premier plan dans la définition des orientations stratégiques de l’Afrique de l’Ouest.

Cette position contraste fortement avec l’approche de son prédécesseur, Macky Sall, qui privilégiait la recherche de consensus au sein de l’organisation régionale avant de définir la position du Sénégal sur les questions régionales.

Le changement de cap stratégique annoncé par Bassirou Diomaye Faye offre l’occasion aux pays occidentaux de s’appuyer sur le leadership régional du Sénégal pour réinitialiser leurs relations, devenues exécrables, avec un certain nombre de pays du Sahel par exemple. Ce partenariat permettrait ainsi d’envisager une coopération plus fructueuse dans une région ravagée par l’instabilité, devenue le théâtre de conflits entre grandes puissances et où le sentiment anti-occidental est répandu.

Le panafricanisme de gauche prôné par le président Faye ne se limite pas à une vision de souveraineté nationale et d’autonomisation économique du Sénégal. C’est aussi une opportunité pour les pays occidentaux de repenser leur approche de la coopération, en adoptant une logique d’équité et de co-développement avec le Sénégal et, plus largement, avec la région du Sahel. Le nouveau contexte politique au Sénégal constitue une opportunité unique pour la communauté internationale de démontrer son sérieux dans l’établissement de relations avec les pays africains basées sur le respect mutuel et la coopération gagnant-gagnant.

En changeant de paradigme, les pays occidentaux peuvent inaugurer une nouvelle ère de coopération et de prospérité partagée dans la région. Cependant, s’ils tardent à adopter cette nouvelle approche, le sentiment anti-occidental croissant dans la région risque de s’enraciner durablement.

Mayecor Sar conseille les gouvernements africains dans la conception des politiques publiques, l’élaboration de stratégies et la mise en œuvre de leurs priorités (Delivery/Delivery Units) en Afrique. Il est également fondateur et directeur de l’Initiative pour le développement endogène en Afrique (IDEA), un groupe de réflexion panafricain travaillant sur la géopolitique et les relations internationales, la gouvernance, les finances publiques et le développement du capital humain.

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