Un secteur en danger ? En mars dernier, Thales, société détenue par l’État à hauteur de 26%, a annoncé la suppression de 1 124 postes d’ici 2025, dont un millier en France (répartis sur les sites de Toulouse et Cannes), soit 715 postes pour Toulouse.
Une conséquence lourde de conséquences, pour une entreprise qui, à ce jour, comprend 4 800 salariés en France, dont 2 800 à Toulouse.
De son côté, Airbus vient également d’annoncer la suppression éventuelle de 2 500 postes d’ici mi-2026 dans sa branche Défense et Espace, qui emploie 35 000 personnes, dont 6 600 en France et 5 100 à Toulouseà l’exclusion des sous-traitants et autres emplois directs.
Dans les deux cas, les entreprises justifient leur choix par un baisse de la demande pour les activités spatiales. Encore, les plans de charge de travail présentés aux représentants du personnel montrent un niveau d’activité occupant l’ensemble des effectifs actuels.
Interrogé par nos confrères de MondeLa direction de Thales a affirmé que « les personnes concernées par les suppressions de postes seront reclassées au sein du groupe »à travers un système de gestion active de l’emploi.
En pratique, il s’agit d’un outil interne permettant à l’entreprise de s’adapter aux besoins du marché et en principe basé sur le volontariat. Le risque, augmenter la charge de travail de ceux qui restent et faire perdre des compétences au secteur spatial.
Pour les syndicats, l’incertitude quant à l’avenir des salariés est un facteur d’augmentation des risques psychosociaux dans les entreprises. Un argument repris par plusieurs parlementaires de gauche de Haute-Garonne qui réclament un engagement de l’État.
C’est le rôle de l’Etat, en tant que pouvoir exécutif et actionnaire de Thales et d’Airbus, de demander aux directions de ces entreprises que soient stoppés les projets de suppressions d’emplois”, écrivent les élus dans une lettre adressée au Premier ministre.
Et d’ajouter : « C’est aussi à l’État de remettre en question la rumeur de vente de plusieurs centaines de milliers d’euros d’actions par Michael Schœlhormprésident d’Airbus Defence and Space, juste avant l’annonce des pertes et provisions de l’entreprise au début de l’été.
« La souveraineté de la France est pleinement en danger »
Après l’annonce d’une réorientation stratégique et d’un abandon des activités liées au spatial, « La France risque une perte massive de compétences dans le domaine secteur spatial“alerter les élus. Une décision préjudiciable au savoir-faire industriel.
La souveraineté de la France est en plein danger alors même que les prévisions de croissance mondiale sont exponentielles pour le marché spatial », insistent les députés et sénateurs de Haute-Garonne.
Alors qu’à l’échelle mondiale, 72 % du chiffre d’affaires de l’industrie spatiale est lié aux marchés institutionnels (défense, météo et science), il ne représente que 49% en France. En fait, notre industrie doit faire face au changements de paradigme ce que le secteur sait.
Airbus Defence and Space et Thales sont également bien positionnés sur le marché des satellites géostationnaires, celui des constellations de télécommunications et du développement de lanceurs réutilisables », indiquent les parlementaires.
En fait, ce sont les seul au Monde offrir plateformes de télécommunications reconfigurables et leurs filiales, comme MaiaSpace, développent lanceurs réutilisablesOneweb, pour les satellites conçus par une filiale d’Airbus.
Ainsi, « la croissance exponentielle des opérateurs privés, souvent soutenus par des États engagés dans concurrence intense pour dominer le secteur, il faut être soumis à la régulation et à la gestion publique», soutiennent les élus.
Face à la concurrence mondiale et afin de renforcer la souveraineté de la France et de l’Europe, ils appellent à la mise en place d’un Feuille de route nationale « claire et pérenne » pour le secteur spatial.
Articuler les priorités civiles et militaires ainsi que les engagements en termes de programmes et de financement, « Cette stratégie doit être soutenue par un financement adéquat pour rester compétitif par rapport aux autres acteurs mondiaux ».
>> LIRE AUSSI : Haute-Garonne : les syndicats enseignants déposent une alerte sociale auprès du DASEN