le tissu associatif craint d’être réduit en miettes par le RN – Libération – .

le tissu associatif craint d’être réduit en miettes par le RN – Libération – .
le tissu associatif craint d’être réduit en miettes par le RN – Libération – .

“Je ne veux pas y penser, sinon je vais me mettre à pleurer.”affirme Claire Thoury, présidente du Mouvement associatif, qui regroupe plus de la moitié des structures définies par la loi de 1901. Depuis l’annonce de la dissolution de l’Assemblée, le mouvement s’emploie à alerter sur le danger de la arrivée de l’extrême droite au pouvoir, ce qui risque d’entraîner un assèchement des financements publics et des politiques contraires à ses valeurs. “Le risque qui nous attend pour notre démocratie, pour notre République et les valeurs qui la sous-tendent ne peut être ignoré”, elle était alarmée la galerie le 16 juin, en appelant “Toutes les associations à mobiliser” contre l’extrême droite. Le tissu associatif est particulièrement bien implanté en France : on compte 1,5 million d’associations actives, 12,5 millions de bénévoles, 1,8 million de salariés et 144 000 personnes en service civique. “Si vous n’avez pas d’association, vous n’avez pas de sport, pas de vie culturelle, pas de loisirs, pas d’aide en milieu rural” se souvient Claire Thoury.

Pilier de la vie démocratique, la liberté d’association est inscrite dans la Constitution. Les critères d’octroi des aides publiques dépendent cependant des pouvoirs politiques. En cas de victoire de l’extrême droite, Claire Thoury ne s’attend pas à voir tout disparaître, heureusement, “mais ce serait un coup dur.” Parmi les organisations les plus concernées figurent celles qui viennent en aide aux populations vulnérables, ou encore celles des défenseurs de l’environnement ou des promoteurs d’initiatives citoyennes. A l’image des associations du monde de la culture, qui souffrent de l’interventionnisme des élus régionaux du Rassemblement national dans l’attribution des subventions.

« Le FN a utilisé le sida comme un repoussoir »

“Ça ne peut pas bien se passer” alerte Marc Dixneuf, directeur général d’Aides, qui lutte contre le VIH et les hépatites virales. Forte de 500 salariés, la structure est en contact avec 400 000 personnes et réalise 80 000 dépistages par an. Elle tire son financement de la Sécurité sociale mais aussi du ministère de la Santé, ainsi que des Agences régionales de santé (ARS), que le RN veut supprimer. L’ARS finance notamment des actions en direction des étrangers et des toxicomanes afin de réduire le taux d’infection par le VIH. « On peut imaginer que le financement de ces projets serait réduit, craint Marc Dixneuf. J’imagine mal le RN combattre et observer l’épidémie telle qu’elle est. Ce n’est pas un sujet pour eux. Il y a quelque chose d’irrationnel, de haineux et de haine des autres dans ces partis. Dans les pays où un parti fasciste arrive au pouvoir, comme en Pologne, la haine du public LGBT, des hommes homosexuels, des femmes trans et des étrangers d’origine subsaharienne désignés comme cibles s’affiche.

Le directeur d’Aides rappelle que « Le registre des injures envers les personnes porteuses du VIH a été établi par le Front National dans le domaine politique, qui a utilisé le SIDA comme un repoussoir», comme en témoigne https://twitter.com/davidperrotin/status/1590393902489513984 où l’acronyme de SIDA a été détourné en “socialiste, immigration, drogue, hommes d’affaires”, avec un virus à la place de la rose dans le logo du Parti socialiste, ou du terme “SIDA” employé par Jean-Marie Le Pen. Au-delà de la question du financement, Marc Dixneuf dresse un sombre tableau d’une France avec l’extrême droite au pouvoir : «On n’a pas besoin de coupes budgétaires pour savoir que des militants d’extrême droite vont s’en prendre à des militants, à des populations locales, pour dire que les gens seront traqués, harcelés et auront plus de difficultés à se faire soigner. . Parce que si vous ne pouvez pas agir, soyez fier de qui vous êtes, vous n’avancerez pas vers la guérison.

« Nous ne voulons pas d’une France repliée sur elle-même »

Des craintes partagées par les associations écologistes, dont un certain nombre, comme France Nature Environnement (FNE), Réseau Action Climat ou Greenpeace, ont pris position contre le Rassemblement national avant les élections législatives des 30 juin et 7 juillet. « Nous sommes très inquiets après années de régression avec les politiques environnementales menées par le président Macron. Si l’extrême droite arrive au pouvoir, les choses seront pires, c’est sûr. a assuré le président de France Nature Environnement Antoine Gatet de Libérer. Le Rassemblement National “C’est une fête qui a en ligne de mire le développement des énergies renouvelablesqui veut mettre en place des systèmes destructeurs », illustre Frédéric Amiel, coordinateur général des Amis de la Terre. Un projet à l’opposé de celui défendu par l’association : « Nous faisons de l’écologie pour tous, nous ne considérons pas que des ressources doivent être réservées aux « français de souche ». Nous ne voulons pas d’une France repliée sur elle-même.»

Les trois associations ont d’autant plus de raisons de s’inquiéter que le Rassemblement national a déjà tenté de limiter leur action, lorsque les députés d’extrême droite ont déposé un amendement au projet de loi de finances 2024 visant à « supprimer l’aide budgétaire de l’État à trois associations opposées à l’énergie nucléaire ou prônant des actions de désobéissance civile, comme le Réseau Action Climat, les Amis de la Terre et France Nature Environnement ». Les Amis de la Terre, qui tire 40% de son budget de subventions publiques, dénoncent la volonté de recourir aux subventions « contrôler et sanctionner » certaines associations. « Nous ne subventionnons pas une structure parce que nous sommes d’accord avec elle mais parce que nous en avons besoin, nous avons besoin d’un contre-discours en démocratie » commente Claire Thoury.

“Une catastrophe”

Des associations moins connues s’alarment également de l’arrivée au pouvoir du Rassemblement national, comme la Fédération française des usagers du vélo (FUB), qui accompagne les collectivités dans le développement du vélo. « Nous sommes le bras actif de l’État qui veille à ce que le « plan vélo » interministériel réponde aux besoins des cyclistes. S’il existe une majorité d’extrême droite, elle sera dépourvue de moyens. s’inquiète Thibault Quéré, directeur du plaidoyer à la FUB. L’association craint qu’un gouvernement d’extrême droite n’attaque « toute mesure qui gênerait la circulation des automobilistes ». « On voit que chez nos voisins européens comme l’Italie ou l’Autriche, des partis d’extrême droite mettent en œuvre des politiques publiques contre la sécurité des cyclistes, avec la suppression des contrôles routiers et des limitations de vitesse. » acquiesce Thibault Quéré. À l’instar du ministre italien de l’Infrastructure et de la Mobilité durable, l’ancien ministre de l’Intérieur d’extrême droite Matteo Salvini, qui a décrit “déraisonnable” la décision du maire de Bologne d’introduire une limitation de vitesse à 30 km/h dans la ville.

Autre problème, la mise en place des outils »extrêmement problématique » sous le mandat d’Emmanuel Macron, comme le contrat d’engagement républicain, décrié par les associations et dont le recours par le RN fait frémir. Institué avec la loi séparatisme pour les associations subventionnées, ce contrat les engage entre autres « à s’abstenir de toute action préjudiciable à l’ordre public », au risque de perdre leur aide. Déjà considérée comme répressive, la disposition laisse place à des interprétations très larges qui pourraient conduire à la mort financière d’associations déjà précaires. « L’arrivée du RN serait une catastrophe pour le monde associatif, une atteinte à la liberté associative. Si cela arrive, il faudra résister, faire appel à d’autres acteurs de l’économie sociale et solidaire, mutuelles, coopératives et fondations. alerte Claire Thoury, sans perdre espoir : “Nous ferons tout pour éviter que cela se produise.”

 
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