Par
Raphaël Lardeur
Publié le
21 novembre 2024 à 20h32
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1 000 et deux nuits de guerre. Le 24 février 2022, la Russie a envahi son voisin ukrainien avec des avions de combat rutilants, des chars pétaradants et une armée professionnelle bien préparée. En face, dans l’urgence, la nation de Volodymyr Zelensky organisé la réponse avec de toutes nouvelles ressources américaines et européennes.
Près de trois ans plus tard, c’est l’usure et l’horreur du conflit qui dominent les esprits. Des milliers de civils ukrainiens sont morts et plus de six millions sont partis en exil. Le conflit a réduit la population du pays d’un quart. Et le le bilan des pertes militaires reste inconnu.
Qu’importe, les volontaires ne suffisent plus à approvisionner le front en hommes. Depuis plusieurs mois, la nation jaune et bleue contraint les citoyens à adopter l’uniforme de l’armée, au point d’enrôler de force des civils, comme le montrent plusieurs vidéos, comme ici sur BFM. En France, en situation de guerre, l’État pourrait-il aussi nous enrôler ?
Aux armes, (tous) les citoyens ?
En cas de conflit armé dans lequel la France serait impliquée, l’État pourrait donner l’ordre à une partie de sa population à rejoindre l’armée. «En pratique, le pouvoir en place pourrait abroger la loi suspendant le service national», explique Annie Crépin, historien, spécialiste de l’histoire militaire et maître de conférences honoraire à l’Université d’Artois, a -. Ce loi du 28 octobre 1997souhaité par Jacques Chirac, a annoncé la fin du service militaire obligatoire.
La mobilisation générale n’existe plus. Mais avec cette abrogation, la France (qui, comme l’Ukraine, ne pouvait pas compter sur son armée professionnelle pour mener la guerre) envisagerait de compter sur les citoyens. « Après avoir épuisé tous les volontaires et réservistes, l’État serait sommé de puiser dans la population. »
Qui serait concerné ? L’âge, le sexe et d’autres conditions seraient toujours définis. Les plus vulnérables pourraient-ils se retrouver en première ligne ? Femmes? Si l’on s’appuie sur les conditions d’accès au service militaire volontaire (SMV), tous les jeunes Français, à partir de 18 ans, est-il écrit sur le site du gouvernement, pourraient être enrôlés dans l’armée. Et ce, jusqu’à 35 ans.
« Les personnes jugées pas assez en forme, les personnes âgées et d’autres cas seraient sans doute libérés », tempère néanmoins Annie Crépin. Autrement dit, si vous êtes adulte, vous avez le droit trente ou moinsque vous ne présentez pas pas de comorbiditévous pourriez vous retrouver avec une arme à la main.
Bref historique du service militaire
La conscription, aujourd’hui appelée service militaire obligatoire, voit le jour sous le Directoire en 1789 avec la loi Jourdan-Delbre. Tous les citoyens âgés de 20 à 25 ans pouvaient servir dans l’armée. Au fil des régimes, la conscription s’est allégée. D’abord en termes de durée, puis en termes de droits, avant d’être définitivement suspendu en 1997.
Ouf, une (petite) armée existe
Autre paramètre à prendre en compte, avant de vous envoyer au front, comme Candide contre les Bulgares : le La France a une armée régulière. Ce sont les forces opérationnelles qui seront mobilisées en premier, en cas de guerre sur le territoire.
C’est-à-dire, comme le rappelle un rapport parlementaire sur le budget de la Défense 2022, 77 000 hommes de l’armée, 34 000 de la marine et 40 000 de la Force Aérienne et Spatiale. Des troupes professionnelles, avec environ 5 000 réservistes en renfort.
Outre ces emprunts, au total, l’armée française, toutes armes, tous métiers confondus, comprenait 269 055 équivalents temps plein. Les trois quarts de ces emplois à temps plein (76,5 %) sont occupés par des militaires, les autres par des civils servant l’armée.
Sur le plan matériel, la France a, selon les derniers chiffres disponibles, 222 chars Leclerc, 6 200 véhicules blindés à roues et environ 3 800 autres véhicules de combat. Avec ça, 211 avions de combat, 45 avions de chasse et une cinquante avions de surveillance, sans oublier les neuf sous-marins et un porte-avions. Bref, la France a, en théorie, ce dont elle a besoin pour se défendre en cas de conflit.
Par contre, pour combien de temps ? A long terme, cette armée professionnelle suffirait-elle à tenir les fronts, à attaquer l’ennemi ou à je défends toujours la population ? « L’armée française est une armée américaine version bonsaï », a rappelé le Infos FranceJean-Dominique Merchet, journaliste, spécialiste des questions militaires et stratégiques.
Qui sait recharger un FAMAS ?
Depuis la suspension du service militaire en 1997, plus personne n’est formé au maniement des armes, ni à ce qu’est réellement une guerre. Avec toute son horreur, sa froideur et son cynisme. Envoyer un citoyen au front, la fleur du fusil, serait considéré comme une hérésie.
“C’est un vrai problème, si l’on en arrive là”poursuit l’historien, avant d’ajouter : « La Première Guerre mondiale a été gagnée avec les réservistes. »
Avant de puiser dans les civils, il existe en fait une réserve militaire composée de deux composantes. UN réserve citoyenne de défense et de sécurité (volontaires agréés par l’armée en raison de leurs compétences et de leur expérience) et un réserve opérationnelle.
Bref, les réservistes avec ou sans expérience militaire, âgés de 17 à 35 ansqui se sont engagés volontairement à relever les armées d’environ 25 jours par an en moyenneindique le ministère des Armées.
Au total, près de 140 000 personnes peuvent théoriquement être mobilisées, dont 40 000 volontaires de la réserve opérationnelle, peut-on lire sous la plume de Jean de Monicault dans le Revue de la Défense nationalepublié en 2021. Cela fait beaucoup de monde, avant de demander aux boulangers, plombiers et banquiers de France de prendre les armes. Mais les chiffres semblent ridicules par rapport à 4,5 millions de Français appelé au service en 1939 pendant la Seconde Guerre mondiale.
Ces scénarios semblent évidemment improbables. La France, avec 31 autres paysest membre de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN). L’article 5 de cette organisation stipule que si un pays est victime d’une attaque armée, chaque membre de l’Alliance considérera cet acte de violence comme une attaque dirigée contre l’ensemble des membres, peut-on lire sur son site.
Le scénario pourrait devenir possible le jour où la France, pour des raisons politiques, se retrouverait sans l’OTANisolé du reste du monde.
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