Lieux de mémoire s’il en est, les monuments aux morts rappellent les noms de ceux qui ont donné leur vie pour la Patrie. Pas à Chalmessin jusqu’à récemment !
Les coïncidences de l’Histoire ont fait que les villages de Musseau, Villemervry et Chalmessin, alors indépendants, n’ont jamais opté pour la construction de monuments aux morts. Et pourtant plusieurs de leurs concitoyens ont perdu la vie sur les champs de bataille, notamment lors de la terrible Première Guerre mondiale. Aujourd’hui ces trois communes sont regroupées (avec Lamargelle-aux-Bois et Villemoron) sous le nom de Vals-des-Tilles.
Corriger un oubli
Depuis plusieurs années, une association, Vals-des-Tilles Patrimoine, œuvre pour la préservation et la restauration du patrimoine local. Attachée, certes aux bâtiments, mais aussi et surtout à ceux qui faisaient vivre les villages, l’association a souhaité ” réparer “ cet oubli et voir ainsi les noms de valeureux soldats gravés à jamais sur les monuments.
« Nous avons commencé, en 2012, par ériger un monument dans le village de Musseau, avant de faire la même chose, en 2014, à Villemervry. Aujourd’hui, avec l’accord de la municipalité, nous avons construit un socle juste devant l’église, adossé au mur du cimetière, et au-dessus duquel une plaque a été placée.expliquer Jacky Vincenotprésident de ladite association.
Un travail rendu possible grâce au soutien financier duONaC VG (Office National des Combattants et des Veuves de Guerre), Mémoire de France, la commune et Patrimoine du Vals-des-Tilles.
En souvenir de Raymond André et Louis Chaudouet
Une opération réalisée, pour la partie administrative, en collaboration et avec les précieux conseils de Bruno Ghiringhelli, président des associations patriotiques de Langres et délégué général de Souvenir Français. Et « sur le terrain », c’est Didier Gardien, un habitant du village qui s’est chargé de l’aménagement de l’espace commémoratif avec Jacky Vincenot, ainsi que de la restauration des tombes.
En effet, les deux jeunes Chalmessiniens, en l’occurrence Raymond André et Louis Chaudouet, tombés au combat, sont enterrés à quelques mètres seulement de la plaque nouvellement installée. Une initiative très louable qui méritait une inauguration à la hauteur de cet événement (lire ci-dessous) et une belle manière de perpétuer la mémoire de Raymond André et Louis Chaudouet, deux jeunes partis défendre leur Pays et qui n’ont plus jamais revu Chalmessin.
Des vies brisées, un village meurtri
1914, à Chalmessin les vendanges commencent ce samedi 1est Août, quand sonne le tocsin. Les habitants pensent à un incendie, mais il s’agit en fait d’une mobilisation générale. Louis Chaudouet et Raymond-Andréqui se croyaient libérés de leurs obligations militaires, sont rappelés.
Le premier, né à Auberive en 1889, avait alors 25 ans et travaillait comme boucher à Châtillon-sur-Seine. Rappelé avec le grade de caporal, il est incorporé au 21e Régiment d’infanterie, puis envoyé au front. C’est là, au pied de la colline Notre-Dame de Lorette, dans le Pas-de-Calais, au milieu des tranchées, qu’il perd la vie le 9 mai 1915, victime d’un éclat d’obus tombé. . à côté de sa pièce d’artillerie. Il avait vingt-six ans et quatre mois.
Ne soyez plus les « oubliés de l’Histoire »
Raymond André, quant à lui, né en 1885 à Chalmessin, est le fils de l’instituteur du village. Il reçoit une bonne éducation et connaît une enfance paisible, entouré de ses sœurs Angèle et Mathilde. Ses capacités le conduisent à Paris où il est comptable-photographe et épouse Marie-Madeleine Iquille en 1909.
Lui aussi sera rappelé avec le grade de caporal, mais à 221e Régiment d’infanterie. Le 11 mars 1917, les combats font rage à Cernay-en-Dormois, dans la Marne. Le régiment de Raymond André est envoyé à l’attaque avec les objectifs des tranchées d’Haraucourt et de la Maison de Champagne. Après plusieurs heures de combats, on compte le lendemain 25 disparus et 69 morts, dont le jeune homme né dans le Haut-Marne.
Rapatriés, les corps des deux militaires reposent côte à côte depuis plusieurs décennies dans le petit cimetière du village. Leurs tombes ont été restaurées par Vals-des-Tilles Patrimoine et portent désormais la cocarde du Souvenir français. Ainsi, Raymond André et Louis Chaudouet ne seront plus « oubliés » de l’Histoire !