Pour financer la Sécurité sociale et l’aide aux personnes âgées, le Sénat a voté ce mercredi en faveur d’un jour de travail supplémentaire par an. Avant le vote final, qui aura lieu avant Noël, vous ne demandez pas sept heures supplémentaires… mais dix-huit ?
Michel Canévet : Oui, mais ces heures, contrairement à la mesure actuellement votée, seront versées aux salariés ! Et cela rapportera à l’Etat non pas 2,5 milliards d’euros par an, mais plus de 6 milliards. Les sept heures prévues permettent justement de faire face au déficit actuel des maisons de retraite. Dans le Finistère par exemple, plus des trois quarts des quelque 110 établissements publics sont dans ce cas. Je dis qu’il faut aller plus loin. Ce n’est pas seulement ce problème immédiat qui doit être résolu. Il faut anticiper et corriger la situation pour avoir un réel impact sur l’avenir.
La situation sociale du pays est électrique. Ne craignez-vous pas que cette mesure et votre proposition enflamment un peu plus les esprits ?
Mais que veulent les Français ? ! Maintenir leur modèle de protection sociale ou réduire les prestations sociales ? Parce que c’est de cela qu’il s’agit ! Comment financer nos maisons de retraite ? Est-ce qu’on les ferme ? Les salariés sont impliqués, mais les entreprises aussi. La mesure prévoit de doubler le taux de la CSA (contribution de solidarité autonomie pour les personnes âgées et handicapées), qui passera de 0,3% à 0,6%. J’ajoute aussi qu’en travaillant davantage, la France gagnera en productivité, et donc en compétitivité. Nos produits s’exporteront mieux, le pays deviendra plus riche et les gens vivront mieux. Actuellement, nous sommes l’un des pays où les gens travaillent le moins parmi d’autres pays comparables (OCDE). En moyenne, les autres pays travaillent 132 heures de plus que nous par an ! Alors, en demandant 18 heures supplémentaires, on est encore loin du compte !