la métropole de Lyon la plus touchée par les économies demandées par le gouvernement

la métropole de Lyon la plus touchée par les économies demandées par le gouvernement
la métropole de Lyon la plus touchée par les économies demandées par le gouvernement

A la fois agglomération et département, la métropole de Lyon serait l’intercommunalité la plus touchée de par l’effort demandé par le gouvernement. Son président écologiste Bruno Bernard s’alarme, à Paris Match.

Alors que Michel Barnier prononce un discours très attendu ce jeudi 21 novembre en clôture du Congrès des maires, Bruno Bernard, patron écologiste de la métropole de Lyon, nous confie son inquiétude face aux économies demandées par le gouvernement…

MATCH PARISIEN. L’intercommunale estime qu’avec les économies demandées par l’État aux collectivités, la Métropole de Lyon verrait ses recettes diminuer de 96 millions d’euros ; vous estimez cela à environ 100 millions d’euros. Qu’est-ce que cela représente ?

Le reste après cette annonce

BRUNO BERNARD. D’abord une réaction, qui est un profond sentiment d’incompréhension et de colère face au discours que l’on entend depuis plusieurs mois sur les collectivités, responsables de la mauvaise gestion du pays et du déficit incontrôlé de la France. La réalité est que depuis trente ans, la dette des collectivités locales représente moins de 9% du PIB alors que celle de l’Etat a triplé, passant de 30 à 90% du PIB. Nous remboursons la dette. Après, le fait que l’État soit en très grave difficulté, qu’il ait besoin de faire des économies et qu’il soit plus facile de sortir de l’argent de nos poches, on peut le comprendre, on peut même aider, mais pas comme ça, pas à ce rythme-là. !

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Qu’est-ce que cela représente concrètement en termes d’économies ?

Le reste après cette annonce

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La particularité, c’est que la Métropole de Lyon est une agglomération et un Département (seule collectivité de France à disposer de ces compétences étendues, NDLR). Nous disposons d’un budget de fonctionnement de 2,6 milliards d’euros : 900 millions d’euros de dépenses sociales (RSA, allocations d’invalidité, autonomie), que nous ne gérons pas. Le RSA augmente de près de 5 %, c’est décidé par l’État, nous payons ce supplément. On a une masse salariale de 450 millions, on peut gérer ça un peu, pas remplacer les départs, mais ça prend du temps. Et les cotisations de retraite vont augmenter, donc quoi qu’il arrive la masse salariale va augmenter. Ensuite, nous avons 400 millions de subventions aux communes, de financements pour les pompiers, les transports en commun, qui ne peuvent qu’être stables ou augmenter. Ensuite nous avons 775 millions d’euros qui sont les masses sur lesquelles on peut jouer. Sur cela, il faut donc payer les majorations automatiques et les revenus supplémentaires demandés (les économies à réaliser). Cela implique de supprimer 30 à 40 % de ce volume qu’il faudrait réduire : ce sont les aides aux associations, l’entretien de l’espace public… Nous sommes en train d’arbitrer mais j’espère qu’on n’ira pas si loin…

Avez-vous des échos dans ce sens ?

Pour la partie Département, des annonces ont été faites, pour le reste je sais que le Sénat qui est aux commandes (le Budget arrive en discussion lundi prochain à la chambre haute, NDLR) défendra les collectivités. Le président du Sénat a fixé les économies à réaliser à 2 milliards, et non 5 milliards comme le demandait le gouvernement (en fait, ce serait plus de 8,5 milliards d’euros, selon l’Agence des intercommunalités de France, NDLR). Mais dans ce débat, je n’ai pas compris quelles étaient les économies de l’Etat sur son propre fonctionnement… Je suis prêt à chercher des solutions, mais le rythme ici est intenable…

L’intercommunale souligne également le fait que ces économies sont demandées en fin de mandat communal, au moment du lancement des projets. C’est une première : on ne peut pas empêcher un camion de rouler…

Nous ne pouvons pas ! Mais nous le demandons surtout à l’heure où les Départements sont déjà en grande difficulté. Pour d’autres communautés, on peut chercher, mais ce dialogue n’a pas eu lieu. On paie aussi le fait que Michel Barnier ait eu deux semaines pour élaborer un budget en raison de la dissolution et qu’Emmanuel Macron ait tardé à nommer un Premier ministre, même s’ils sont un peu les mêmes hier et aujourd’hui…

À qui la faute ? A droite et à la macronie qui a gouverné hier et gouverne aujourd’hui !

Bruno Bernard

À qui la faute exactement ?

A droite et à la macronie qui a gouverné hier et gouverne aujourd’hui !

Un Premier ministre de gauche aurait dû faire face aux mêmes difficultés financières, il aurait aussi dû faire des économies, non ?

Bien sûr, mais nous devons aussi augmenter les revenus. Nous voulons réinstaurer la CVAE (Contribution sur la valeur ajoutée des entreprises) c’est immédiatement de l’argent supplémentaire et les entreprises ne se sont même pas rendu compte que cela avait été supprimé, on me le dit chez moi. La transmission du FSI signifie également des ressources supplémentaires. La situation n’est pas simple pour Barnier, mais il existe des choix politiques. Si on ne veut pas augmenter les revenus et réduire les dépenses, celles des communautés notamment, cela ne marchera pas. Les entreprises de mon territoire ont jusqu’à présent demandé de l’aide pour recruter, exigeant des transports, pas moins d’impôts ! Quand on les fera travailler moins dans deux ou trois ans, ils me demanderont du travail, pas des économies d’impôts ! Certains représentants des entreprises, en exigeant toujours plus de baisses d’impôts, mettent à mal le secteur sur lequel ils sont assis : les investissements des collectivités locales.

À quoi seriez-vous alors prêt, quel niveau d’économies ?

Avec les sommes qu’on a déjà perdues, pour la partie départementale, ce n’est pas possible, on ne sait plus comment financer les pompiers, l’action sociale comme il faut ! Au contraire, il faut trouver d’autres sources de revenus. Pour le reste, il ne faut pas faire ces économies pour 2025, c’est trop tard, ça crée de l’incertitude. Nous faisions déjà des économies obligatoires et, au cours des quatre années qui se sont écoulées depuis mon élection, nous avons réalisé d’autres économies. C’est anecdotique mais j’ai éliminé trois postes d’huissiers qui étaient devant le bureau ouvrant la porte du président de la métropole. J’ai supprimé la moitié du parc de chauffeurs des vice-présidents et de la direction, le restaurant officiel, redéployé 800 postes pour appuyer nos nouvelles politiques avec celles existantes. Nous faisons le travail.

Dans la Métropole de Lyon, un effort est-il fait pour réduire la dette ? Que représente-t-il ?

Nous avons eu de bonnes années en 2021 et 2022, notre dette était donc de 1,6 milliard en 2023, contre 2 milliards en 2019. Mais cette dette n’était pas un problème avec nos revenus, nous avons su la gérer. Mais nous avons été en grande difficulté côté Département car les droits de mutation (les frais de notaire pour résumer) ont baissé : ils sont de 183 millions d’euros entre 2022 et 2024. Nous avons aussi perdu 41 millions d’euros en 2023 dans la suppression par l’État de la CVAE, compensé par la TVA. Cela nous obligeait déjà à économiser de l’argent, en demander davantage n’était pas raisonnable.

Sur les droits de mutation, le gouvernement a annoncé que ce serait moins important, non ?

Oui, mais cela ne s’appliquerait qu’en juin sur notre territoire. On estime que 17 millions d’euros pourraient être récupérés en plus. Mais tout cela va changer, je ne vois pas comment le gouvernement pourrait maintenir ce qu’il demande, les 100 millions d’euros, pour moi à ce stade, ça n’existe pas… Ce qui se passera autrement, c’est de payer pour Avec les projets actuels, les communautés devront s’endetter beaucoup plus rapidement puisque notre épargne nette diminuera à la suite de ces mesures. Le deuxième effet, d’ici trois ou quatre ans, c’est qu’on investira moins, et comme les collectivités locales représentent les deux tiers des investissements publics en France, on va créer une récession, du chômage et une baisse des recettes fiscales… On leur enlève 100 millions. de nous !

Je suis très inquiet pour le tissu économique de mon territoire et du pays en général

Bruno Bernard

Les difficultés financières s’ajoutent à une situation économique tendue. Vous êtes également chef d’entreprise, comment ça se passe dans votre Métropole ?

Depuis la dissolution, nous avons considérablement affaibli la situation économique du pays et de notre pays également. Nous sommes passés d’une incertitude politique à une période anxiogène, nous créons un processus récessif, sans croissance l’année prochaine ; Je suis très inquiet pour le tissu économique de mon territoire et du pays en général.

 
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