Derrière l’Hôtel de Ville, une remorque de camion aménagée. À l’intérieur ? Un aller simple vers le futur climatique possible (et effrayant) de la capitale : Paris sous 50°C. C’est l’expérience que propose le Human Adaptation Institute en pleine grisaille automnale. Et surtout, en plein Conseil de Paris où est débattu le plan climat 2024-2030.
« Le but est de ressentir cette chaleur dans sa chair », briefe Dan Lert, adjoint chargé de la transition écologique, du plan climat, de l’eau et de l’énergie. Un pic de chaleur de 50°C pourrait survenir à Paris d’ici le milieu du siècle. Il faut tout faire pour éviter cette échéance, mais aussi s’y préparer. »
T-shirt de rechange, sueur et eau chaude
L’écologiste met l’accent sur les « 400 mesures concrètes » du plan climat, au moment d’envoyer au fourneau une première fournée de journalistes. «Je vais essayer un peu plus tard», dit l’élu. On se range derrière la tactique de l’élu en tergiversant, histoire de recueillir la réaction des premiers collègues cobayes à la sortie.
« Nous proposons une activité physique avec des tapis de course, un espace sensoriel où l’on touche des objets du quotidien (montre, lunettes), et un atelier cognitif avec plusieurs exercices à réaliser », liste Jérémy Roumian, directeur général de l’Institut d’adaptation humaine.
Un collègue sort au bout d’une quinzaine de minutes. « On ressent la chaleur tout d’un coup, même quand on enlève plusieurs couches de vêtements. Même marcher, ça devient intense, on ne peut pas le faire quinze minutes d’affilée. » Le seul bémol selon elle est la courte durée de l’expérience. Nous pourrons juger par nous-mêmes.
Après avoir signé une décharge, il est temps d’entrer dans le four, non sans passer par le sas de Véronique, chargée de veiller sur nous depuis ses écrans de contrôle.
Une expérience éreintante
On prend une grande bouffée de chaleur en ouvrant la porte, tout en sentant que le t-shirt de rechange dans notre sac ne sera pas de trop. La chaleur est sèche (20 à 22 % d’humidité dans le camion). Après une entrée plutôt pénible, les premières minutes s’avèrent supportables.
«Je m’attendais à pire. Ne pas s’exposer au soleil, ça aide», murmure un collègue en s’entraînant sur un tapis roulant. Le vélo d’appartement ne trouve pas preneur.
« Je sais que l’épreuve dure trente minutes maximum, donc je me débrouille », précise un agent de la mairie. Courageux mais pas téméraires, nous abandonnons les appareils de musculation pour aller tester l’atelier dédié aux objets du quotidien. Résultat : le bracelet de la montre exposée est chaud.
Le mardi en sueur a décidé d’attendre une quinzaine de minutes pour faire son apparition, remarqué. La transpiration apparaît sur notre t-shirt et assez abondamment sur le front.
Quoi de plus immersif qu’une gorge sèche et de l’eau chaude comme seule boisson ? Sans prendre la peine de regarder les tests de logique, il est temps de mettre fin à l’expérience, après un peu plus de vingt minutes. L’air frais et la pluie à la sortie ne nous ont jamais fait autant plaisir.
Préparez-vous à des étés de plus en plus étouffants
L’année dernière, à la même époque, la Ville avait déjà organisé un exercice de simulation grandeur nature de ce scénario de chaleur accablante. « Les opérateurs parisiens m’ont dit qu’il pouvait y avoir des problèmes techniques avec cette chaleur. Mais on oublie souvent les gens, qui doivent pouvoir travailler, rappelle Pénélope Komites, adjointe à la maire de Paris chargée de la résilience et de la prospective. Il va falloir réfléchir à la manière dont notre corps s’adapte. »
Face à ces enjeux, la protection des personnes vulnérables fait partie des priorités fixées par Paris. “Les personnes âgées, les malades chroniques, les personnes précaires, c’est-à-dire celles qui ne partent pas en vacances, vivent à proximité de routes polluées, vivent dans des logements mal isolés”, cible Dan Lert.
Avant de citer l’une des mesures du futur plan climat : la rénovation de toutes les écoles et crèches d’ici 2050. Pour lutter contre les étés caniculaires à venir.