Au siège parisien de la Conférence des évêques de France (CEF), avenue de Breteuil (7e arrondissement), une cinquantaine de personnes se sont rassemblées lundi 18 novembre au soir pour la restitution du rapport des états généraux du patrimoine religieux. Le nonce apostolique Celestino Migliore, la ministre de la Culture Rachida Dati et le président de la Conférence des évêques de France Éric de Moulins-Beaufort étaient notamment présents.
Leurs interventions respectives ont été l’occasion d’un échange sur la récente proposition controversée formulée par Rachida Dati de faire payer un droit d’entrée aux touristes visitant la cathédrale Notre-Dame de Paris.
Dans une allusion à peine voilée à cette mesure, Mgr Éric de Moulins-Beaufort a voulu réaffirmer le caractère unique des édifices religieux, « des lieux ouverts à tous, et en premier lieu aux pauvres, aux personnes blessées par la vie ». « Les maintenir fermés pour éviter tout dommage, limiter ou compliquer l’accès pour des raisons de sécurité, faire payer l’entrée pour assurer l’entretien, ce seraient autant de manières de trahir leur vocation première »il a continué.
Avant d’interroger plus directement le ministre : « Permettez-moi cependant d’exprimer l’espoir que nos églises et nos cathédrales seront préservées de la marchandisation croissante à laquelle nous assistons dans les lieux de culture. »
Une mesure à l’étude
“Le message est passé”lui a dit Rachida Dati, avant de prendre la parole. «Je n’avais pas envie de faire du commerce sur le patrimoine religieux » avec cette proposition, a-t-elle ensuite expliqué. La locataire de la rue de Valois a néanmoins maintenu sa proposition, insistant notamment sur sa portée symbolique. « fort »devant les représentants de l’Église de France et les acteurs de ces États généraux du patrimoine religieux : « Cette proposition a suscité un débat, je le sais. Mais je le trouve cohérent et j’aimerais qu’on puisse l’étudier sérieusement aujourd’hui. »
Saluant le travail des comédiens rassemblés avenue de Breteuil, le ministre a déploré “l’urgence” dans lequel se situe le patrimoine religieux en France, avant de rappeler que l’enveloppe supplémentaire de 300 millions d’euros annoncée début novembre bénéficierait largement aux églises et chapelles catholiques. « À l’heure où nous sommes tous mobilisés pour notre patrimoine religieuxa-t-elle conclu, Je voudrais rouvrir Notre-Dame (7 et 8 décembre, NDLR) une célébration qui met en valeur la richesse de notre patrimoine religieux partout en France. Un temps de communion, dont pourraient bénéficier toutes les églises et chapelles du pays. »
Le patrimoine, un chemin de foi
Au cours de la soirée, Mgr Alain Planet, évêque émérite de Carcassonne et Narbonne et responsable de ces états généraux, a également salué les quinze mois de travail, d’auditions et d’enquêtes menés dans les diocèses pour inventorier le patrimoine catholique en France. L’évêque a également insisté sur l’importance de poursuivre ce travail.
« Nous avons été étonnés de voir que parmi ces adultes qui ont repris une voie spirituelle, un grand nombre a débuté par le patrimoine »se souvient-il. Selon une étude du CEF réalisée auprès de 83 équipes de catéchuménat, 34% des personnes interrogées ont indiqué que le patrimoine leur avait apporté « envie de savoir » foi.
Bernadette Melois, responsable de la liturgie et des sacrements au sein du CEF, a ensuite remis au ministre de la Culture un guide à destination des maires, « souvent freinés dans leur élan par l’ampleur de la tâche qui leur incombe d’entretenir les édifices religieux ». Ce guide comprend des conseils pour demander une aide ainsi qu’un annuaire des mécènes pouvant contribuer à la restauration du patrimoine religieux.
« Les résultats de cet inventaire ne se limitent pas à une liste. Ils dessinent, comme jamais auparavant, un paysage vivant, mouvant, varié, qui englobe aussi bien des lieux et objets assez banals que des lieux et objets extraordinaires.soutient Mgr Éric de Moulins-Beaufort. Autant de lieux qui, pour l’archevêque de Reims, racontent, « non pas tant celle de l’Église catholique en France que celle de la foi chrétienne, de l’investissement personnel qu’elle est et qui ne peut être facilement décrit dans le seul « sentiment religieux » ou dans « l’histoire religieuse » ».