Par
Editorial Guérande
Publié le
19 novembre 2024 à 6h46
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Vendredi 15 novembre, au tribunal correctionnel de Saint-Nazaire, lorsqu’elle a appris que l’homme de 26 ans, qu’elle a épousé religieusement l’an dernier, allait en prison, et était interdit de séjour sur le territoire français pour dix ans, la jeune femme , qui a tremblé pendant les deux petites heures d’audience, a fondu en larmes. Les faits ne sont pas anodins. Le ressortissant algérien était soupçonné par l’OFB (Office français de la biodiversité) d’avoir piégé des chardonnerets européens, une espèce protégée, en déposant de la colle sur des branches.
Lors de l’audience, il a seulement reconnu avoir “marché avec deux chardonnerets, un bâtard et un pur-sang”, mais ne pas être à l’origine de la colle sur les branches.
Arrêté, il a été placé en garde à vue et son domicile a été perquisitionné. L’affaire prit alors une autre tournure. Après la libération des oiseaux, un nouveau lui a été imposé pour trafic de drogue.
Le kit du trafiquant de drogue
En effet, si les enquêteurs ont trouvé un chardonneret américain, deux cages, des bagues et des graines pour oiseaux, ils ont également découvert, dans un sac, une pierre de 6 g de cocaïne (cinq sans l’emballage) et deux écailles.
Ils ont également mis la main sur des billets de dix et vingt euros, et d’autres coupures de dix, vingt, cinquante euros dans le double fond du sac.
Lors de son audition, son épouse a reconnu lui avoir confié de l’argent (pas plus de 150 à 200 euros), car elle se considère comme une « dépensière ». Mais pour les 1 410 € trouvés au double fond, c’est clair :
« Ce n’est ni le sien ni le mien. Il y a peu de circulation chez nous. »
Elle avoue seulement « qu’il fume deux à trois joints de hasch par jour et qu’il est trop gentil avec ses amis ».
La présidente est sceptique : concernant les oiseaux, elle précise « qu’il en avait trois depuis quelques jours ».
A la fin de l’audience, son épouse nous a confié : « Il aime beaucoup les oiseaux. Sa mère m’a dit qu’il avait cette passion depuis l’enfance.
« Une procédure viciée »
Sorti de détention en mai 2023, le prévenu comptait six condamnations à son casier judiciaire, dont la première pour vol à son arrivée en France en 2017.
Dans le coffret, il insiste sur son addiction et déclare que la centaine d’euros retrouvés sur lui proviennent de son travail au marché. Pour le reste, il a eu du mal à se justifier.
Un trafic d’oiseaux ? Cocaïne? La présidente penche pour la drogue : « Les SMS enregistrés sur son téléphone ne laissent aucun doute : ‘3g… on te paiera demain… la moitié… oui pour 40 €’ », et gronde : « C’est bien que tu sois revendre ! »
Le prévenu admet :
« Je ne paie que pour financer ma consommation. »
Il a également déclaré avoir consommé de la cocaïne la veille, même si aucune trace n’a été retrouvée dans ses analyses, comme l’a souligné le procureur qui a requis dix-huit mois de prison.
Avant l’examen des faits, l’avocat de la défense, Me Denis Lambert, avait soulevé des nullités de procédure et rageé : « Pas de scellés, un procès-verbal non signé et ouvert en audience libre, alors qu’il était en garde à vue, absence d’interprète en début d’audience. En garde à vue, plus rien ne va plus depuis un moment dans les différentes procédures sur lesquelles je travaille, car des comparutions immédiates sont nécessaires.
Un an de prison
Dénonçant une « procédure manifestement viciée », il a plaidé l’acquittement.
Le tribunal a été moins sévère que le parquet : douze mois de prison avec maintien en détention pour la peine principale. A cela s’ajoutent la confiscation des espèces et une interdiction de séjour sur le territoire français pendant dix ans. M. Lambert a fait appel.
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