Laetitia Hamot ne se rendra pas au congrès des maires de Paris ce mardi 19 novembre 2024. « Nous avons décidé de ne pas y aller pour économiser sur les coûts. Désormais, chaque euro compte… » La maire de La Crèche partage au moins l’inquiétude de ses collègues, qui protesteront, à l’appel de l’Association des maires de France, contre le serrage de vis annoncé par le gouvernement sur les finances locales.
Dans cette commune de 5 700 habitants, une mauvaise nouvelle est déjà tombée : « Nous n’aurons rien du Fonds vert pour la rénovation de notre éclairage public. » Créé en 2022, ce dispositif est destiné à « accélérer la transition écologique dans les territoires ». La Crèche espérait 700 000 € pour installer un millier de lampadaires LED.
Des investissements remis en question
Les 900 000 € lui reviendront finalement. « Nous ne pouvons plus abandonner le projet : les contrats ont été attribués. » La municipalité réalisera des économies d’énergie de 25 000 € par an. Mais d’un point de vue comptable, l’opération n’est plus rentable.
Autre mesure annoncée, l’augmentation de quatre points de la cotisation de retraite des agents. Il y en a une centaine à La Crèche et le directeur général des services, Mathias Champseix, a fait les comptes : « 64 000 € de plus par an, l’équivalent de deux postes. » L’État réduit également le fonds de compensation de la TVA (les communes récupèrent partiellement la TVA sur les chantiers). Encore 109 000 € de moins.
Tout s’additionne au mauvais moment : « On est en fin de mandat, quand arrivent les gros investissements » : rénover l’ancienne piscine et la caserne des pompiers, installer un réseau de chaleur, construire un nouveau centre technique municipal. “Six millions d’euros dans les 18 prochains mois”sur lequel « On se pose désormais des questions. L’inquiétude est totale.
A Saint-Martin-de-Bernégoue, 800 habitants, huit agents municipaux (dont deux à plein temps), le maire Frédéric Nourrigeon n’est pas « naturellement pessimiste ; notre ville n’a jamais eu beaucoup d’argent, nous nous sommes habitués à nous en passer.
Mais lui aussi a fait ses devoirs. Il s’attend à perdre 5 500 € entre le fonds de compensation de la TVA et les cotisations de retraite. « Sur un budget d’investissement de 43 000 €, ça compte… L’écart se creuse entre nos recettes et nos dépenses. D’autant plus que l’Agglo [lire en encadré] et le Département, qui nous aide, sont également concernés. »
Dans ce village au sud de Niort, les derniers travaux ont été réalisés à moindre coût grâce à des agents techniques et à l’aide de bénévoles ou d’agriculteurs. Mais d’ici 2030, il faudra remettre aux normes l’isolation et le chauffage dans l’école, la mairie et la salle des fêtes. « Un projet coûtant entre 800 000 € et 1,2 M€ », pour lesquels les subventions sont désormais incertaines : « L’État peut prescrire toutes les obligations qu’il veut… S’il continue de réduire nos opérations et nos investissements, ce ne sera pas par manque d’envie… »
“Nous ne faisons pas l’aumône”
« Le projet de loi de finances apporte un véritable séisme à Niort Agglo » : le débat d’orientation budgétaire prévu lundi 18 novembre au soir a été reporté compte tenu du contexte, a annoncé son président, Jérôme Baloge : « En l’état, nous demander de trouver 3 millions d’euros de fonctionnement et 10 millions d’euros d’investissement est inacceptable. Nous ne faisons pas l’aumône, mais nous aimerions que le gouvernement ouvre les yeux sur les réalités que vivent les territoires. C’est injuste : pourquoi certaines villes plus riches que nous en seraient-elles exemptées ? Si l’effort budgétaire était mieux réparti, il serait plus supportable et moins dommageable. »