La FDSEA et la JA ont démarré leur mobilisation à Limoges, ce lundi 18 novembre. La Coordination rurale de Creuse et Haute-Vienne prépare des actions ce mardi et la Confédération paysanne en fin de semaine. Si le Mercosur est le point de départ, ce n’est pas la seule raison de la colère. Le mouvement pourrait durer, selon les syndicats agricoles.
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« La colère monte »indique Thomas Hégarty, président de la Coordination rurale de la Haute-Vienne. Les semis étant presque terminés, les agriculteurs ont plus de temps pour “faire le point” sur leur situation, estime-t-il. Une situation difficile. “Trente pour cent des exploitations agricoles sont en grande difficulté au niveau national”, explique-t-il. “C’est assez représentatif de la Haute-Vienne.”
Ainsi, après la mobilisation hivernale, les agriculteurs retournent dans la rue. La FDSEA a démarré ses actions ce lundi 18 novembre à Limoges au moment où le traité de libre-échange du Mercosur est discuté au G20 au Brésil. Un traité qui pourrait même être signé. La Coordination rurale et la Confédération paysanne, d’autres organisations professionnelles, s’apprêtent également à entrer dans la danse. Tout le monde s’accorde sur le malaise des paysans, sur la nécessité d’être entendus par le gouvernement, au-delà du traité.
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« Il s’agit principalement du Mercosur, souligne Boris Bula, éleveur et président de la FDSEA 87, pour expliquer sa présence place Denis Dussoubs ce lundi. Nous pensions que c’était fini. Macron nous avait dit, il y a quelques années, qu’il ne le signerait pas et que cela ne reviendrait pas sur la table et aujourd’hui, on recommence. Il a dit qu’il ne le signerait pas, mais que ce serait l’Europe. Si l’Europe le signe, cela se produira en Espagne ou en Italie et cela déstabilisera tout le marché de la viande en Europe.»
Les agriculteurs adhérents au syndicat ont investi lundi matin cette place du centre-ville de Limoges. L’objectif : communiquer autour du traité, mais aussi autour de la situation des agriculteurs, près d’un an après leur mobilisation hivernale. « Nous avons eu tous les décrets, les lois en place et la dissolution qui ont mis un frein à l’avenir de l’agriculture française. » déplore le syndicat.
«C’est catastrophique. On s’est présenté, on est sorti, on avait l’impression d’avoir accompli quelque chose. Ils ont fait des annonces (membres du gouvernement NDLR)c’était écrit… Là, honnêtement, quand je regarde l’écart entre novembre 2023 et 2024, la situation n’est pas différente, elle est encore pire”estime Thomas Hégarty.
Si le Mercosur est également dans le viseur, c’est la situation globale de la profession qui pousse l’organisation professionnelle à se mobiliser dès mardi.
La charge administrative continue d’augmenter chaque année. Rien n’a changé. (…) Tout le monde a quitté le navire et la nouvelle équipe, je ne sais pas si c’est mieux. La situation empire.
Thomas HégartyPrésident de la Coordination rurale de Haute-Vienne
La Confédération paysanne s’est mobilisée ce lundi à Tulle contre le photovoltaïque au sol. Le syndicat s’y oppose, car il estime qu’il est en concurrence avec l’installation agricole. Concernant la situation du monde paysan, l’organisation prépare des actions en fin de semaine.
Opposé au Mercosur, Philippe Babaudou, l’un des deux porte-parole de la Confédération paysanne de Haute-Vienne, précise : « Cela fait vingt ans que nous nous mobilisons contre les traités de libre-échange. »
Il y a une réelle colère et un malaise paysan que nous exprimons et qui est multifactoriel, accentué par les problèmes sanitaires et climatiques. Nous restons une profession avec les revenus les plus faibles. Il y a un problème de revenus, lié au climat, à la crise sanitaire.
Philippe BabaudouPorte-parole de la Confédération Paysanne 87
Pour toutes ces raisons et pour les promesses gouvernementales non tenues, selon eux, par le gouvernement, que les agriculteurs se mobilisent à nouveau.
La FDSEA et la JA se sont mobilisées dès le début de la semaine et une délégation a été reçue par la préfecture de la Haute-Vienne ce lundi soir. Cependant, la mobilisation va se poursuivre. « Nous allons monter jusqu’à un crescendo comme l’année dernière. Qu’allons-nous faire demain ? Nous ne le savons pas encore. Cela dépendra des décisions qui seront prises. (…) Pour le moment, nous vivons au jour le jour. Là, le Mercosur et demain peut-être la loi de finances… »dit Boris Boula.
La Coordination rurale, de son côté, prévoit de se réunir mardi devant la préfecture de la Creuse et de la Haute-Vienne. « Après, il y aura d’autres actions ciblées en fin de compte, indique Thomas Hégarty, sans vouloir préciser la forme qu’ils prendront. Il y en aura sûrement aussi mercredi. Certes des blocages, initialement non routiers, mais cela peut déborder. Tout dépend de l’ampleur du projet, nous n’excluons rien.»
La Confédération paysanne, mobilisée en fin de semaine, a prévu de s’adresser aux concessionnaires automobiles européens qui bénéficieront du Mercosur.
Nous vendons des voitures allemandes et achetons de la viande brésilienne. Nous voulons montrer qu’aujourd’hui nous sommes dans un accord économique dans lequel nous échangeons des voitures contre de la nourriture qui n’est pas produite selon les mêmes normes que la nôtre.
Philippe BabaudouPorte-parole de la Confédération Paysanne 87
Des opérations de sensibilisation avec une approche pédagogique, des opérations de « sticking » (action de coller des autocollants, NDLR) sur des enseignes d’assurance ou des grandes surfaces sont également prévues.
Faire appel à la préfecture est une des pistes d’action du syndicat. Un syndicat qui souligne que ces manifestations ont lieu dans le cadre d’une campagne électorale pour des élections professionnelles. Elles auront lieu à partir du 15 janvier 2025. Elles visent à élire le syndicat majoritaire qui siégera à la Chambre d’agriculture. Pour rappel, en Limousin, c’est la Coordination rurale qui est majoritaire à la Chambre d’Agriculture de Haute-Vienne et les FDSEA en Creuse et Corrèze. Ces syndicats estiment que ces actions n’ont aucun lien avec la campagne.
Reste à savoir si les Français continueront à soutenir le mouvement de contestation agricole, comme l’hiver dernier. Selon une enquête Odoxa – Backbone Consulting pour Le Figaro, les personnes interrogées ont largement soutenu la mobilisation : 91% des Français déclarent approuver le mouvement.