Depuis janvier, il y a ceux qui concèdent des progrès, d’autres qui parlent de mesures. Cette semaine, le monde paysan descend à nouveau dans la rue. Ce lundi, la FNSEA a donné le « la » en déployant les premières banderoles. Mardi, place à la tournée des Grands-Ducs avec la Coordination rurale, qui mènera des actions devant la préfecture du Lot-et-Garonne, la MSA, la DDT.
Ces manifestations devraient se poursuivre tout au long de la semaine, à travers le blocage du fret alimentaire. Si tous les syndicats n’ont pas la même lecture politique de la crise, ils s’accordent néanmoins sur un point : le manque de revenus. Qu’attendent les agriculteurs ? Quels progrès ? « Sud Ouest » en propose un aperçu. Non exhaustif.
1 Coûts inférieurs = plus de revenus
La liste des griefs est – encore – longue. CR 47 demande notamment une baisse des cotisations sociales MSA en réformant leur mode de calcul, ainsi qu’une baisse des charges sociales salariales. « Le coût élevé du travail en France a un fort impact sur les coûts de production agricole, les rendant peu compétitives sur le marché européen. » Bien qu’ayant obtenu une exonération partielle de la taxe sur les terrains non bâtis, CR 47 demande une exonération totale.
Enfin, les agriculteurs souhaitent une juste rémunération de leurs produits, dont le prix reste bas, alors que les marges de la grande distribution et des intermédiaires, comme les coopératives, augmentent. Les différentes lois EGalim visent également à assurer cet équilibre dans les relations commerciales agricoles. « Des lois qui sont inefficaces », regrette CR47.
2 Mettre fin à la concurrence déloyale
«Nous demandons encore aujourd’hui de mettre fin aux incohérences européennes, pour que le continent ne soit plus une passoire. » La sentence est signée Hervé Lapie, secrétaire général de la FNSEA, en visite dans une exploitation agricole du Lot-et-Garonne, aux côtés de représentants locaux de la JA et de la FDSEA 47. Dans ce cas, les importations de produits étrangers, qui ne sont pas soumises à les mêmes normes phytosanitaires et les mêmes conditions de production qu’en France, sont visées. On pense entre autres aux fraises espagnoles et aux noisettes italiennes. Cette distorsion de concurrence vaut également pour les produits ukrainiens (poulet, céréales…), massivement importés en Europe depuis le début du conflit avec la Russie.
3 L’accord UE-Mercosur met le feu aux poudres
À ces exigences s’ajoutera cet automne le futur accord commercial UE-Mercosur. Le monde agricole est attentif au G20, qui s’est ouvert ce lundi à Brasilia, et aux négociations autour de l’ouverture du marché avec l’Amérique du Sud. Cet accord permettrait “l’importation de 99 000 tonnes de viande bovine, 180 000 tonnes de volailles élevées aux hormones, interdites en France depuis les années 2000, et 45 000 tonnes de miel”, soupire la Confédération paysanne. Soit une concurrence supplémentaire pour des secteurs français déjà en grande difficulté, auxquels ils s’opposent.
Ce que l’État a fait et promet de faire
Selon la FDSEA 47, dire que rien n’a été fait n’est pas vrai. «Nous avons obtenu la simplification de l’entretien des voies navigables, des assouplissements sur la PAC [politique agricole commune, NDLR]la détaxation du GNR [gazole non routier, NDLR]etc. » Cet automne, face aux mauvaises récoltes liées au climat et aux besoins de trésorerie, le gouvernement a annoncé la mise en place de prêts de trésorerie bonifiés exceptionnels sur deux ans, au taux de 1,75 % (réduit à 1,5 % pour les jeunes agriculteurs). De même, les prêts à long terme (sur douze ans, ndlr) pris en charge à hauteur de 70 % par l’État et à hauteur de 200 000 euros par emprunt, devraient entrer en vigueur début 2025.
Quant à la Mutualité sociale agricole, 1 700 agriculteurs lotois-garonnais ont déposé une demande de soutien. « 1,5 million d’euros seront distribués pour les aider, afin qu’ils puissent se mettre à jour », indique le président du fonds, Jean-François Fruttero.
Si les revendications portent aujourd’hui essentiellement sur les revenus, on a beaucoup parlé l’hiver dernier de normes abusives et de complexités administratives. Aussi, l’Etat promet l’adoption de nouvelles mesures de simplification.
Par ailleurs, un contrôle administratif unique dans l’agriculture vient d’être mis en place. Un écran de fumée, selon CR 47. « C’est annoncé comme une avancée majeure par le ministre Genevard. Ce n’est pas le cas, car les contrôles par satellite sont bien entretenus ! » Enfin, au titre du fonds d’urgence, sur les 270 millions d’euros versés aux agriculteurs au niveau national, 31 millions d’euros ont été alloués à l’agriculture biologique en Nouvelle-Aquitaine, soit 1 525 dossiers.