Ce lundi débute la semaine dédiée à la promotion de l’emploi des personnes handicapées dans les entreprises. Les chiffres montrent que la loi est loin d’être respectée. Gwenaël Dupuis, directrice adjointe de Cap Emploi Calvados, est l’invitée de la matinale de France Bleu Normandie.
Ce lundi débute une semaine dédiée à la promotion de l’emploi des personnes handicapées dans les entreprises. Et les chiffres montrent qu’il y a un besoin. Toutes les entreprises, loin de là, ne respectent pas la loi sur l’emploi des personnes handicapées dans le Calvados ?
Dans le Calvados et plus généralement sur tout le territoire, on ne compte qu’environ un tiers des entreprises qui satisfont à cette obligation de travail. Et donc 70% qui ne le respectent pas, c’est énorme.
Comment expliquer cet énorme écart entre les entreprises qui se conforment et celles qui ne le font pas ?
C’est bien souvent un problème de représentations du handicap, de clichés où l’on imagine le handicap le plus significatif possible, avec le fauteuil roulant, ou la personne complètement aveugle, la personne complètement sourde. En réalité, les personnes en fauteuil roulant représentent 3 % des personnes handicapées. Mais cela ralentit les employeurs.
Justement, l’objectif de cette semaine de promotion de l’emploi des personnes handicapées en entreprise est de montrer que le handicap peut aussi être une force pour une entreprise ?
Oui, c’est une force. Et vous devez également revoir votre style de management. La population vieillit. On nous demande de travailler des heures de plus en plus longues. Il faut savoir que la grande majorité des personnes handicapées, soit près de huit sur dix, ont subi un handicap au cours de leur vie. Avec l’usure professionnelle, les maladies, les troubles musculo-squelettiques, les problèmes psychologiques liés au milieu professionnel. En conséquence, les gens ont des problèmes de santé. Pour certains d’entre eux, ils avancent vers la reconnaissance, mais d’autres s’y maintiennent, cachant ces problèmes.
Que prévoit la loi en la matière ?
Elle prévoit que l’employeur, qu’il soit public ou privé, dans les établissements de plus de 20 salariés, les entreprises doivent embaucher 6 % de leurs effectifs handicapés.
Nous comprenons que beaucoup de gens ne le font pas. Qu’est-ce qui peut les inciter à le faire ?
Eh bien, il suffit de répéter encore une fois qu’une personne handicapée est aussi une personne qui a des compétences. Et puis il y a des leviers pour encourager les entreprises un peu prudentes. Il y a beaucoup d’aide. Ils restent néanmoins significatifs pour les entreprises privées ou publiques.
Comment se fait-il que, si les aides existent, les entreprises préfèrent finalement payer les amendes plutôt que d’employer des personnes handicapées ?
C’est un problème de représentation. Une personne handicapée, c’est des problèmes de santé, des arrêts de travail répétés. Les employeurs craignent l’absentéisme alors que la conception des tâches peut contribuer à éviter ce type de problème.
Peut-on plutôt imaginer une sanction plus lourde ?
Je suis favorable à pénaliser un peu plus lourdement les entreprises qui ne jouent pas le jeu. Sachant qu’on a un taux de chômage qui est relativement faible aujourd’hui en France et c’est tant mieux, mais le taux de chômage des personnes handicapées reste le double de celui des personnes valides. Et il y a aussi un gros travail de sensibilisation à poursuivre.
Et d’ailleurs, l’un des moments forts de cette semaine, ce sont les Journées en duo. Elle aura lieu jeudi prochain. C’est l’accueil en entreprise de personnes handicapées qui vont expérimenter un métier. Est-ce que c’est payant ?
Oui dans le sens où il y a de belles histoires à la fin des journées en duo. Souvent les gens font une journée d’essai et tout le monde est satisfait. Cela peut être prolongé par un stage. Et parfois, les gens finissent par être embauchés. Un poste dont la personne rêvait et les employeurs se sont rendu compte que cette personne en situation de handicap moteur est aussi une personne qui a des compétences et qui est disponible.