Par
Marc Louison
Publié le
18 novembre 2024 à 7h00
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De nombreux habitants de Parcelle avoir du mal à trouver un dentiste. Certains sont contraints de se rendre dans les départements voisins, voire plus loin. Face à ce problème démographique dentaire, les autorités tentent de trouver des solutions. On fait le point avec Stéphanie Bénézet, présidente de l’Ordre Départemental des Chirurgiens Dentistes du Lot.
Lot : les retraites non remplacées
« De nombreux dentistes ont pris leur retraite et n’ont pas été remplacés. Les bureaux n’ont pas été repris. C’est pire avec le Covid. Leurs patients n’ont pas trouvé de dentiste. C’est un phénomène national et régional. Il existe des zones sous-financées dans toute la région Occitanie », explique Stéphanie Bénézet, présidente de l’Ordre départemental des chirurgiens-dentistes* du Lot depuis 5 ans.
Le département du Lot ne déroge pas à la règle. « C’est un peu tendu partout » constate Stéphanie Bénézet, qui précise que « le nord du Lot est plus déficitaire, Saint-Céré, Souillac…Il y a aussi des domaines plus compliqués, comme Cajarc. À Figeacois, nous avons actuellement un arrêt de travail. Cela crée immédiatement des tensions. Sur le territoire de Cahors, nous sommes un peu plus nombreux donc c’est un peu moins. »
Les dentistes disposent déjà d’une large clientèle et ne peuvent plus accepter de nouveaux patients. Des refus qui peuvent créer certaines tensions. « Les patients ne comprennent pas. Parfois, certaines personnes se mettent en colère. Nous refusons, nous faisons ce que nous pouvons. Nous n’avons que deux mains. Nous ne pouvons pas travailler sur une chaîne de montage, sinon nous bâclerons le travail. Nous travaillons déjà des journées de 8h à 18h avec une pause de 20 minutes à midi. Les gens oublient qu’il n’y a pas que des soins, il y a aussi du travail administratif à faire. Nous aussi, nous avons le droit de voir nos enfants ! » explique le président de l’Ordre départemental des chirurgiens dentistes.
91 chirurgiens-dentistes inscrits dans le Lot
Actuellement, 91 chirurgiens-dentistes exercent dans le département. Parmi ces 91 professionnels, on compte 8 orthodontistes et 7 « exclusifs » (dentistes spécialisés en implantologie, etc.). Parmi ces 91 dentistes, douze ont plus de 60 ans.
Courant 2024, trois dentistes s’installeront dans des cabinets collectifs à Souillac, Lacapelle-Marival et Cahors.
Un phénomène nouveau est que les jeunes dentistes ne souhaitent plus s’installer à leur compte, comme le faisaient leurs aînés. « Les jeunes cherchent davantage à se rassembler, ils ne se sentent pas seuls. Dans le Lot, les entraînements collectifs affichent complet. Partir s’installer seul représente beaucoup d’obligations. Notre métier comporte de nombreuses contraintes. Être en groupe nous permet de partager », explique Stéphanie Bénézet.
Actuellement, il existe 25 cabinets individuels et 21 cabinets collectifs dans le département (entre 2 et 5 praticiens par cabinet).
Les offres d’emploi ne manquent pas dans le Lot. Cauvaldor recherche par exemple un chirurgien-dentiste libéral pour rejoindre le Centre de Santé Pluridisciplinaire de Sousceyrac-en-Quercy. Un nouveau centre dentaire situé à Figeac recherche un chirurgien-dentiste pour début 2025. Un cabinet de Cahors recherche un orthodontiste privé.
Hausse du numéro fermée
Pour répondre à ce besoin de dentistes, le numerus clausus a été augmenté il y a deux ans au niveau national. Les études de chirurgie durent six ans, plus une année de thèse. Il faudra donc attendre encore quelques années pour voir les effets de cette mesure.
L’ARS (Agence Régionale de Santé) et les ordres ont mené des travaux sur la démographie dentaire, afin de mettre à jour les cartes existantes. Et ainsi mieux discerner les zones sur- et sous-dotées sur le territoire français.
Pour inciter les dentistes à s’installer dans les zones en tension, la convention dentaire 2023-2028 modifie les règles d’installation. « Avant, on pouvait s’installer comme on voulait. Ça change » selon Stéphanie Bénézet. L’installation dans une zone suréquipée, où l’offre de soins dépasse la demande, sera conditionnée au départ d’un dentiste établi dans ladite zone. Le département du Lot n’est pas concerné, du moins pour le moment. Stéphanie Bénézet précise que une aide à l’installation est prévue pour les zones défavorisées.
L’Ordre Départemental des Chirurgiens Dentistes du Lot mène un travail de sensibilisation auprès de ses adhérents pour qu’ils reçoivent régulièrement des étudiants en stage dans leurs cabinets, afin qu’ils découvrent le territoire et aient l’envie de s’y installer. . « Les Lotois ont envie de revenir. Ceux qui ne savent pas, c’est plus compliqué», explique Stéphanie Bénézet, qui pointe les problèmes dans le Lot. « Le travail du conjoint est important. Il n’y a pas beaucoup d’entreprises et de possibilités, c’est compliqué. Il y a aussi les voyages et les moyens de transport. Cahors n’est pas bien desservie par le train. Il existe plusieurs problèmes pour attirer des dentistes dans le département. »
Mais Stéphanie Bénézet garde espoir. « À un moment donné, cela va changer, cela va s’inverser. »
* Pour exercer légalement sa profession en France, tout chirurgien-dentiste doit être inscrit au Conseil de l’Ordre du département de son lieu d’exercice.
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