Cette semaine, Rachel Parent, directrice générale de l’événement HUB Montréal, dédié à la créativité numérique, répond à nos questions sur le leadership.
Publié à 1h50
Mis à jour à 8h00
Avez-vous l’impression que vous devez faire plus pour être pris au sérieux en tant que PDG parce que vous n’avez que 23 ans et que vous êtes une femme ?
Pour le principe d’âge, j’ai la chance d’être dans une industrie innovante, et le luxe de mon âge, c’est que j’ai grandi dans cette industrie avec Internet, avec le téléphone, avec l’interactif. C’est l’une des raisons pour lesquelles j’ai eu plus de facilité dans mon environnement que certaines personnes plus âgées que moi, qui ont dû apprendre à naviguer dans cette industrie. Je pense donc que c’est plutôt un avantage d’être un jeune dans le poste de PDG que j’occupe. Quant à être une femme, j’ai la chance d’avoir grandi dans une famille à l’esprit entrepreneurial. Ma famille m’a motivé à atteindre mes objectifs et à ne pas avoir peur de m’affirmer. C’est peut-être pour cela que je n’ai pas l’impression de devoir faire plus puisqu’on m’a appris à donner le meilleur de moi-même et à faire de mon mieux pour obtenir les résultats souhaités. C’est certain que je commence un parcours professionnel et que j’ai beaucoup à apprendre. J’ai des mentors, des collaborateurs qui m’encouragent, qui croient en moi. J’apporte une vision plus jeune, celle d’une nouvelle génération dans une industrie innovante. Je ne pense pas qu’être une jeune femme soit un problème. Pour ceux qui en voient un, je ne veux pas travailler avec eux.
Vous rêviez d’être PDG à 23 ans ?
Non ! Mais je me sens privilégié et très choyé de pouvoir décider de ce qui apparaîtra au HUB Montréal, de rassembler des discours importants et riches, d’aborder des enjeux sociaux, environnementaux et économiques. J’ai rejoint HUB Montréal en tant que coordonnatrice de programmation. J’ai gravi les échelons et développé pendant trois ans une relation étroite avec l’écosystème que nous représentons. J’ai eu trois ans pour comprendre tous les enjeux. Il y a finalement eu des changements en interne et l’écosystème a soutenu ma nomination.
Comment décririez-vous HUB Montréal?
Nous sommes un rendez-vous annuel du marché international de la créativité numérique, c’est-à-dire de tout ce qui rassemble l’art, la culture et les nouvelles technologies, tous secteurs confondus. Nos deux missions sont le rayonnement des talents créatifs québécois et le réseautage d’affaires international. Nous nous distinguons par la qualité de nos participants et notre volonté de rester niche et qualitatif et moins dans le mainstream quantitatif. C’est un groupe de créateurs qui se réunissent lors d’un événement et qui vont parler des grandes tendances du moment et de ce qui nous attend.
Où se situent Montréal, le Québec et le Canada sur le marché international de la créativité numérique ?
Nous sommes dans une position avantageuse. Nous disposons d’un pool de studios qui sont des leaders mondiaux pour leur expertise, ce qui signifie que nous devenons un pôle créatif où les personnes internationales peuvent venir et s’inspirer. Nous sommes souvent comparés aux Américains et nous avons dû trouver le moyen de nous démarquer pour atteindre les calibres américains. Nous avons réussi parce que nous recevons d’importantes délégations américaines qui viennent rencontrer les studios québécois pour leur expertise, qu’il s’agisse de Disney, Universal, de firmes d’architectes comme Gensler.
Comment gérez-vous les employés plus âgés que vous ?
Je collabore avec eux. Je pense qu’il est important qu’un manager ne soit pas spécialisé dans tous les aspects de l’organisation, mais qu’il soit un rassembleur. J’ai toujours été très à l’aise pour poser des questions aux gens autour de moi et leur demander des conseils. Cela m’a permis d’évoluer professionnellement. C’est ma stratégie actuelle d’inclure les employés dans ma gestion. Lorsque vous êtes jeune dans un poste de direction, vous devez vous rappeler que vous avez travaillé dur pour obtenir le poste, que vous le méritez et que vous êtes au bon endroit. J’ai confiance en ma méthode de management tout en restant ouvert à la collaboration. C’est la meilleure stratégie pour traiter avec des personnes plus âgées que vous.
