“Je ne peux pas l’expliquer… J’ai fait n’importe quoi, mais je l’ai fait.” A la barre, debout dans sa robe noire ce lundi, la prévenue regarde fixement le magistrat dérouler les faits. De 2014 à 2017, cette Périgourdine de 48 ans a escroqué, volé et abusé de la confiance d’une trentaine de personnes, des clients, ses employeurs et sa famille.
Banque Populaire, Allianz assurance, le centre hospitalier de Périgueux ainsi qu’une vingtaine de personnes a porté plainte contre elle.
Le procureur de la République a requis, à l’issue de l’audience qui s’est déroulée ce lundi 17 juin, 30 mois de prison avec sursis probatoire. Il a demandé qu’elle soit soumise à une obligation de soins ainsi qu’à une interdiction d’entrer en contact avec les victimes. Le jugement, réservé, sera rendu le 16 septembre.
Plus de 300 000 euros détournés
En 2016, le prévenu avait fait l’objet d’une première plainte. La Banque Populaire, son ancien employeur, l’accuse d’avoir détourné plus de 200 000 euros. A cette époque, elle venait d’être licenciée pour faute grave. Elle a procédé avec trois modes opératoires : les chèques, les virements et les retraits sur les comptes de ses clients. Ses cibles : une clientèle majoritairement britannique.
“Un rapport pathologique à l’argent”
Le prévenu affirme n’avoir pas voulu “à aucun moment ne leur faire de mal.” Trois ans plus tôt, son fils avait eu un grave accident de voiture. C’est là qu’elle a commencé à développer ce qu’elle appelle elle-même »de relation pathologique avec l’argent.
Obsédé par « pour faire plaisir à ta famille, pour être sûr que [ses] les enfants ne manquent de rien », elle indique qu’elle a utilisé le matériel pour traiter des traumatismes. Le magistrat répondit : « un vélo à 5 000 euros ? Des travaux de piscine à 80 000 euros ? Sports d’hiver? C’est du luxe Madame, ce ne sont pas des dépenses indispensables pour vivre.
Un profil « machiavélique » selon les avocats des victimes
Les avocats des parties civiles ne pèsent pas leurs mots. Ils décrivent un profil » machiavélique ” Et ” manipulateur « . Le prévenu, discret au début, répond sur un ton plus franc. « Je n’avais absolument aucun contrôle sur quoi que ce soit. J’ai perdu pied. » Elle prend un traitement, des antidépresseurs et des somnifères, mais n’a aucun suivi avec un psychologue, point sur lequel le magistrat insiste à plusieurs reprises.
Un récidiviste
Malgré une première garde à vue en 2017, la perte de son emploi, la Périgourdine repart avec son nouvel employeur, Allianz. A cela s’ajoute l’utilisation des cartes bancaires de ses proches : son père, sa mère, mais aussi des prêts de sa tante. Son ex-mari a également porté plainte. Elle admet tous les faits. C’est elle qui s’occupait des dépenses familiales, mais elle insiste pour que son ex-mari “était au courant.” et l’a encouragé à dépenser.
De son côté, la prévenue estime le montant de ses dettes à 500 000 euros. Elle promet de les rembourser “une fois le jugement rendu.”