Jérémy Jenneson, les dirigeants nationaux de votre syndicat ont appelé à une mobilisation nationale jusqu’à mi-décembre, que va-t-il se passer en Meurthe-et-Moselle ?
« Nous nous mobiliserons à partir de ce mardi 19 novembre. »
Allez-vous bloquer les routes, les autoroutes, comme lors du grand mouvement de l’hiver dernier ?
« Non, nous allons changer notre ligne de conduite. L’année dernière, nous avons été massivement soutenus par les Meurthe-et-Mosellans, les Français en général. Mais les travailleurs qui ne sont pas agriculteurs rencontrent également des difficultés. Cette fois-ci nous nous présenterons juste avec des bottes de paille et peut-être un peu de fumier devant la préfecture, à partir de 13h30 »
Quelle est votre demande ?
« L’Union européenne s’apprête à signer un accord de libre-échange avec le Mercosur (NDLR : zone de libre-échange qui regroupe plusieurs pays d’Amérique du Sud). Nous y sommes opposés car l’Europe nous impose des normes très restrictives, et avec cet accord, nous laisserons entrer des produits sur lesquels les normes sont bien inférieures, donc à des prix bien inférieurs. »
Vous manifestez mardi, et on s’arrête là ?
« Non, en parallèle du Mercosur, nous devons faire pression sur le gouvernement car peu de choses ont été faites après nos mobilisations de l’année dernière. L’année 2023 a été difficile, d’où nos mobilisations de l’hiver dernier. Après les manifestations, les discussions allaient dans le bon sens avec l’Etat, mais la dissolution a tout arrêté net. »
Alors comment s’est passée cette année 2024 ?
« L’élevage se déroulait bien, mais la fièvre catarrhale est arrivée. La récolte de blé est l’une des pires depuis des décennies. Lactalis a abandonné une vingtaine de producteurs de lait en Meurthe-et-Moselle. Les trésors sont secs. Il faut repenser le modèle agricole français, simplifier nos métiers et nos contrôles, pour nous permettre d’entreprendre. Si l’on continue ainsi, près d’un quart des agriculteurs sur 54 pourraient arrêter d’ici deux ans. L’important est de redonner du sens au métier et que l’on puisse vivre dignement de son travail. »