Écrit par Clemence Blanche
En rémission d’un cancer et habitant près de Pontarlier (Doubs), Maeva Pigny s’apprête à gravir le sommet de l’Orizaba, au Mexique, à près de 5 600 m. Récit de la préparation de son incroyable expédition, rendue possible grâce à l’association bisontine « Semer l’Espoir ».
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Maeva Pigny a deux montagnes à gravir dans sa vie. La première ascension est déjà accomplie et surtout métaphorique : un cancer appelé maladie de Hodgkin ou lymphome, dont elle s’est complètement remise après plusieurs mois de chimiothérapie. La deuxième ascension est bien réelle : la jeune Franc-Comtoise de bientôt 23 ans s’apprête à gravir un haut sommet mexicain fin novembre.
La rémission du cancer à plus de 5 600 mètres d’altitude est un programme ambitieux. Pour accomplir ce petit exploit, la jeune femme ne part pas seule. Elle fait partie d’un programme appelé Summits of Hope.Cimas de la Esperanza » dans sa version mexicaine, portée par l’association bisontine Semons l’Espoir.
L’objectif affiché de cette association est de montrer qu’il y a une vie après le cancer en accompagnant les personnes en rémission, notamment avec l’aide de psychologues. Alors qu’elle se remet de la maladie de Hodgkin (qui se manifeste par un gonflement des ganglions lymphatiques, le plus souvent au niveau du cou), la Franc-Comtoise Maeva Pigny découvre les sorties en haute montagne proposées par l’association.
En juillet 2024, elle gravit son premier sommet, celui de la Tête Blanche, à Chamonix, culminant à 3 400 mètres d’altitude. “Que ça s’est très très bien passé et j’y ai fait des rencontres inoubliables», raconte la jeune femme à France 3 Franche-Comté, un sourire perceptible dans la voix.
Une expérience de dépassement de soi et de partage qui l’a tellement bouleversée qu’elle a accepté de réitérer l’expérience fin novembre. Mais cette fois, il va falloir affronter le vertigineux pic d’Orizaba… au Mexique. “J’aime les nouveaux défis ! Je suis quelqu’un qui aime sortir de ma zone de confort », s’enthousiasme-t-elle.
Le départ pour l’Amérique du Nord est prévu ce samedi 16 novembre. “Je ne suis pas particulièrement préparé, mais tout ira bien, du moins je l’espère.plaisante la jeune femme, qui n’a suivi aucune préparation particulière pour gravir la haute montagne en dehors de ses séances de sport hebdomadaires.
“CCe que je crains beaucoup c’est le froid, il fera -18°C, et l’altitude aussi, mais nous avons des guides super avec qui nous sommes partis en juillet, je suis donc rassurée sur la sécurité.»
Le responsable de la branche mexicaine des Sommets de l’Espoir, Mathieu Dornier, fils de Pierre Dornier, fondateur de l’association, le confirme : rien n’est laissé au hasard. “Nous y allons avec notre équipe depuis plusieurs années, nous sommes expérimentés. Il y a un suivi psychologique des participants avant et après l’expédition», explique-t-il depuis le Mexique.
Lire aussi : “Il y a une vie après le cancer” : en rémission, elle gravit un sommet à 6 000 mètres avec l’association Sow Hope
Parmi les participants, Najma Monnier, une Bisontine de 43 ans, également en rémission, que nous avions déjà interviewée lors de son expédition au sommet d’une montagne en Bolivie. Mais aussi deux unijambistes, qui grimperont avec des pantalons et des prothèses adaptées à l’exercice, notamment financées grâce aux sponsors corporatifs.
Trois jours d’escalade attendent la quinzaine de Français et de Mexicains. “Nous irons jusqu’à 4 002 mètres jusqu’au camp de base, puis 5 000 mètres pour le deuxième camp et enfin à 5 600 mètres jusqu’au sommet le troisième jour“, explains Mathieu Dornier.
Une ascension difficile dans un cadre magnifique qui permet aux participants de tisser des liens forts. “On a l’impression de se connaître depuis toujours, c’est vraiment comme une nouvelle famille, dit Maeva Pigny. Quand on marche, on parle aussi de la maladie, chacun peut exprimer des choses qu’on ne dit pas autour de nous car cela aurait inquiété nos proches.« .
Je veux montrer aux gens que même si nous avons l’impression que la vie nous touche un peu, nous pouvons essayer de voir le positif qui vient après le cancer, la rémission. C’est plus facile à dire qu’à faire, mais au fond nous sommes forts, et bien plus que ce que nous pensons
Maeva Pigny, participante à l’expédition
Le directeur des « Cimas de la Esperanza », Mathieu Dornier, qui a perdu ses deux sœurs à cause d’un cancer, voit les bienfaits psychologiques des sorties en montagne sur les participants. “On pense que la rémission est facile et que tout est derrière soi, mais ce n’est pas le cas… Les séquelles psychologiques du cancer sont énormes», témoigne-t-il.
Un constat partagé par la Franc-Comtoise Maeva Pigny : «Je veux montrer aux gens que même si nous avons l’impression que la vie nous touche un peu, nous pouvons essayer de voir le positif qui vient après le cancer, la rémission. C’est plus facile à dire qu’à faire, mais au fond, nous sommes forts, et bien plus que nous ne le pensons.“
Avant d’ajouter, avec une touche de philosophie apportée sans doute par les épreuves de sa vie : « La montagne est si belle, nous sommes si petits, mais si vivants ensemble. »