Le sport suisse face à son plus grand défi

Urs Lehmann cherche à établir des contacts avec les entreprises afin de ne pas dépendre de la Confédération pour financer les Jeux olympiques d’hiver de 2038.
image : Clé de voûte

Les acteurs du sport et de l’économie se sont réunis au Sport Forum Schweiz à Lucerne. Un signal important dans la perspective de la candidature de la Suisse aux Jeux Olympiques de 2038, car l’événement nécessitera un soutien financier d’une ampleur sans précédent.

15.11.2024, 16h5015.11.2024, 17:36

Rainer Sommerhalder

C’est le thème central de la candidature suisse aux Jeux Olympiques de 2038. Et cela a fait l’objet de discussions animées la semaine dernière au Sport Forum Schweiz à Lucerne. Nous parlons bien sûr du budget des JO, un événement qui doit être largement financé par les grandes entreprises. En plus des centaines de millions apportés par le Comité International Olympique (CIO) et des revenus de la billetterie, les porteurs du projet – autour du président de Swiss-Ski, Urs Lehmann – attendent une contribution du secteur privé de 250 millions de francs.

Urs Lehmann parle d’un défi, «car le sport suisse entre dans une nouvelle dimension». Selon lui, il existe déjà deux ou trois pistes, qui méritent désormais d’être approfondies. Les premiers signaux émis par le monde économique font pourtant de lui un homme confiant.

Le plan de financement était déjà bien avancé au regard du projet initial, à savoir celui de 2030. Selon nos informations, le milliardaire Urs Wietlisbach (président de l’Aide suisse au sport) et son réseau extrêmement puissant ont joué un rôle important dans ce budget.

L’entrepreneur est un ami d’Urs Lehmann et s’engage déjà personnellement dans Swiss-Ski.

Les grands mécènes sont attendus

Pour 2038, Wietlisbach émet cependant des réserves. Le milliardaire semble sceptique en raison de la dimension temporelle. En effet, l’âge avancé de ses partenaires peut poser problème. Urs Lehmann ne souhaite pas citer de partenaires potentiels. Mais cela confirme que de nouvelles formes de soutien – au-delà du sponsoring traditionnel impliquant les marques – sont nécessaires. Les particuliers et les grands donateurs sont ainsi ciblés.

Au Sport Forum Schweiz, Michael Hartweg a présenté son projet Muuvr, une application innovante récompensant les sportifs actifs. L’investisseur s’est fait connaître en Suisse en finançant la construction de la Roland Arena, le stade de biathlon de Lenzerheide. C’est l’une des plus grandes infrastructures à avoir vu le jour ces dernières années en Suisse grâce à des financements privés. Hartweg n’est pas assez fort pour les Jeux olympiques. C’est ce qu’on appelle un petit poisson. Mais lorsqu’on lui demande s’il est réaliste de générer un quart de milliard de revenus grâce au secteur privé, il répond :

« 250 millions ? Oui, je pense que c’est possible.

Michael Hartweg

Michael Hartweg a déjà investi dans le sport suisse. Image : Michel Canonica

Il y aurait ici suffisamment de personnes puissantes capables de réunir une telle somme. «Ils ont tous profité de la situation en Suisse et ont bénéficié d’avantages fiscaux. C’est l’occasion de redonner quelque chose. Mais il faut les convaincre de la valeur sociale de l’événement. Pour eux, l’histoire de leur engagement doit être convaincante », note-t-il.

Diego Züger, co-directeur de Swiss-Ski, travaille actuellement sur cette « histoire ». Il siège avec des experts en marketing travaillant au CIO ou pour la société Infront au sein d’un comité baptisé « Circle ». Comme il existe peu de savoir-faire en Suisse en matière de sponsoring pour un événement de cette ampleur, les initiateurs misent sur une expérience internationale. Il y a une dizaine d’années, Züger, qui travaillait alors pour l’entreprise Infront, a participé pour son employeur au projet envisagé par le canton des Grisons en vue des Jeux Olympiques de 2022.

Diego Züger est l’un des rares managers sportifs suisses à avoir déjà développé un concept marketing pour les Jeux Olympiques.image : Clé de voûte

Aucune visibilité pendant les épreuves

Pour Zuger également, la vision vendue à des sponsors potentiels est cruciale. « Ce doit être un projet générationnel, offrant à nos partenaires une visibilité sur au moins 12 ans. Nous faisons partie d’un mouvement. Ce n’est plus un sponsoring classique à cette échelle », précise le dirigeant.

Outre les entreprises et les particuliers, les fondations et les petites et moyennes entreprises pourraient également être prises en compte. Cependant, en raison des règles drastiques du CIO, ils ne bénéficieront d’aucune visibilité lors des épreuves, mais pourront faire de la publicité et utiliser les symboles olympiques. «Je suis convaincu que nous pouvons présenter un concept dans lequel la valeur pour les partenaires est correcte», déclare Züger. Mais il ajoute également qu’il est peu probable que l’engagement en faveur des Jeux d’hiver provienne des budgets de sponsoring traditionnels. Les Jeux Olympiques représentent certainement un effort particulier.

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