Les repas genevois des écoliers de la région sont agaçants

Les repas genevois des écoliers de la région sont agaçants
Les repas genevois des écoliers de la région sont agaçants

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L’Association scolaire de la région payernaise invoque la loi sur les marchés publics pour justifier son choix de confier à une entreprise genevoise la fourniture de repas à cinq unités d’accueil pour écoliers.

Plus de 200 repas seront à terme livrés aux écoliers hébergés dans les unités Asipe. © Charles Ellena-photo prétexte.

Plus de 200 repas seront à terme livrés aux écoliers hébergés dans les unités Asipe. © Charles Ellena-photo prétexte.

Publié le 14/06/2024

Temps de lecture estimé : 6 minutes

La société Kidelis SA, basée au Grand-Lancy (GE), a récemment remporté un marché mis en concurrence par l’Association Scolaire Intercommunale de Payerne et alentours (Asipe). Dès la rentrée, elle fournira jusqu’à 256 repas par jour préparés sur son site de production d’Ecublens (VD) et livrés aux cinq unités d’accueil pour écoliers (UAPE) situées à Payerne, Corcelles-près-Payerne, Grandcour. et Granges.

Une annonce faite lors de la dernière assemblée de l’Asipe et accompagnée d’un communiqué qui a fait réagir. Difficile pour certains de comprendre cette décision alors que la prestation avait été progressivement confiée depuis 2020 à l’entreprise Payeuse Au porc d’or. Egalement candidate au contrat, elle assure actuellement 135 repas quotidiens sur quatre des cinq sites.

Du côté de l’association, on souligne les contraintes liées à la procédure d’appel d’offres et les garanties offertes par Kidelis. A noter que le contrat avec Kidelis est désormais signé pour cinq ans, le Cochon d’Or n’a pas fait appel de cette décision.

Un prix plus attractif

Asipe explique dans son communiqué avoir lancé une procédure d’appel d’offres afin de répondre à la loi sur les marchés publics qui impose le renouvellement des contrats après une période de cinq ans et l’appel ouvert pour un service dépassant un montant annuel de 250 000 francs. Nicolas Schmid, président du comité de direction de l’association et membre du bureau de Payerne, rappelle que Kidelis fournit déjà des repas à l’Association scolaire intercommunale de Moudon, Lucens et environs (AISMLE). Ces derniers, ainsi qu’Asipe, sont réunis au sein de l’Association du Réseau des Garderies (ARAJ Broye). Cette dernière a informé l’Asipe que la législation cantonale vaudoise exige qu’un tarif unique soit facturé aux parents pour les repas fournis à l’ensemble de ses UAPE.

« Nous avons dressé une liste d’exigences pour valoriser le côté local »
Nicolas Schmid

Actuellement, Au porc d’or applique un prix unitaire de 10,40 francs contre 7,50 francs pour Kidelis. Cependant, Max Blaser explique avoir proposé un prix de 8,90 francs dans son dossier. « Passer de 135 à 256 repas m’a permis de proposer un prix inférieur mais cela n’apparaît pas dans le communiqué. J’étais très en colère contre cette comparaison complètement hors de propos. Interrogé à ce sujet, le président explique que “comme précisé dans le dossier d’appel d’offres, cette information était confidentielle puisque l’offre du Cochon d’Or n’a pas été retenue”.

Membre du conseil intercommunal d’Asipe et du Conseil législatif de Corcelles-près-Payerne, François Vessaz avait demandé des explications sur le choix de Kidelis lors de l’assemblée. Contacté, il réitère sa critique : « Pour moi cet argument du tarif unique est un non-sens. Je pense que le résultat d’un appel d’offres est aussi lié à la manière dont il est rédigé.

Dans ce document qu’Asipe a fourni à Liberté, le prix a un poids de 30% par rapport à l’ensemble des critères. Nicolas Schmid le juge bas, « dans la majorité des appels d’offres, le prix représente généralement 50 % du total ».

Pour François Vessaz, également président de la commission financière de l’Asipe, « ils n’ont pas pris en compte les retombées économiques pour la région, ce que je déplore. Je souligne souvent qu’il faut réduire les coûts au sein de l’association mais si une dépense est nécessaire, je préfère investir un franc dans la région qu’à l’extérieur de la région.

Le poids des étiquettes

Selon Nicolas Schmid, l’origine des produits était un aspect très important dans l’appel d’offres. Un critère faisant partie de la « qualité technique de l’offre » d’un total de 40 %. « Nous avons rédigé une liste d’exigences pour promouvoir l’aspect local. » Parmi ceux-ci, doivent venir de Suisse : des œufs, des produits laitiers, de la viande et même des pommes de terre. Les cantons de Vaud et Fribourg ou la Suisse romande ne sont en revanche pas mentionnés.

Le patron de Cochon d’or souligne que « plus de 80% des producteurs avec lesquels nous collaborons sont vaudois ou fribourgeois et nous utilisons une majorité de produits suisses comme la viande portant la marque Porc d’ici en provenance des cantons de Fribourg et Vaud ». , et nos fruits et légumes sont produits en Zélande.

Des arguments qui ne faisaient pourtant pas le poids face aux étiquettes présentées par Kidelis. Son directeur Adil Baudat mentionne notamment que « nous avons l’avantage d’être certifiés EcoCook, imposant une rigueur importante en termes d’achat local, d’approvisionnement, de gestion de l’énergie et in fine de durabilité sociale ». Un certificat créé par l’entreprise suisse Biolia basée dans le canton de Vaud et qui a marqué des points auprès de l’association : « Nous n’avons aucune possibilité de vérifier qu’un des candidats proposait plus de produits locaux que l’autre, en dehors de ce label. Nous sommes obligés, lors d’un appel d’offres, d’attribuer des points de manière très factuelle. Elle indique également que « ce label impose de rechercher des producteurs dans un périmètre proche de l’agent ». Adil Baudat affirme que « nous achetons tous nos produits localement et à proximité de nos clients comme nous nous engageons à le faire lors de nos appels d’offres ». En vous rendant sur le site EcoCook, vous avez accès à l’audit opérationnel concernant le site d’Ecublens de Kidelis. Selon cette analyse, 46% des produits alimentaires utilisés sont suisses.

Si la livraison de repas représentait un tiers des activités du secteur restauration Cochon d’Or, son patron tergiverse. « On s’est remis de cette nouvelle, même si c’était très dur mais c’est le jeu quand on est entrepreneur. Nous allons avancer, nous sommes confiants dans l’avenir de notre entreprise.

La proximité géographique : pas un avantage

La situation de l’entreprise Au porc d’or, à Payerne, donc très proche des UAPE concernées par la livraison de repas, n’a pas pu être prise en compte dans l’appel d’offres publié par l’Association Scolaire Intercommunale de Payerne et environs (Asipe ). Une contrainte juridique apparaissant dans l’Accord intercantonal sur les marchés publics et plus précisément dans ses articles sur l’égalité de traitement et la non-discrimination.

Dans le Guide francophone de la commande publiqueil est expliqué que « la non-discrimination vise à garantir que certains soumissionnaires, ou catégories de soumissionnaires, ne soient pas écartés ou exclus des procédures de manière arbitraire ou en raison de caractéristiques qui ne devraient plus être utilisées dans l’attribution des marchés publics, telles que l’origine, le lieu du siège social et de la provenance.

Ainsi, le camion de la société genevoise Kidelis à qui Asipe a confié le mandat de fourniture de repas parcourra 120 km par jour entre le site de production d’Ecublens (VD) et la Broye.

 
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