Après les polémiques, l’apaisement : Emmanuel Macron entend marquer jeudi son soutien à la lutte contre l’antisémitisme en assistant au match de football France-Israël et rassurer la communauté juive, profondément inquiète après les scènes de violences à Amsterdam contre des supporters israéliens.
Ses deux prédécesseurs, Nicolas Sarkozy et François Hollande, ainsi que le Premier ministre Michel Barnier seront également présents au Stade de France qui devrait être aux trois quarts vide et sous haute surveillance pour cette rencontre à haut risque. L’arrivée d’Emmanuel Macron constitue cependant un geste particulièrement fort après une série de tensions avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et la communauté juive sur des positions jugées hostiles à Israël.
« Il y va parce qu’il y a eu une forte émotion, notamment après Amsterdam. Il est important de montrer notre soutien, de dire aussi que nous ne céderons pas face aux peurs »résume son entourage, alors que les autorités israéliennes déconseillent d’aller au match de Ligue des nations à Saint-Denis. “Je sais qu’il y a eu des controverses et des malentendus”poursuit un proche du président. “Mais pour nous, l’implication du président de la République contre l’antisémitisme ne fait aucun doute”note-t-il.
Dans la nuit du 7 au 8 novembre, après un match de Ligue Europa, des supporters du Maccabi Tel Aviv ont été pourchassés et tabassés dans les rues d’Amsterdam. Ces attaques, qualifiées d’antisémites notamment par Israël et les autorités néerlandaises, ont fait entre 20 et 30 blessés et suscité l’indignation dans de nombreuses capitales occidentales.
« Contre-match d’Amsterdam »
Emmanuel Macron a enflammé Israël et la communauté juive de France en appelant à l’arrêt des ventes d’armes utilisées à Gaza et en accusant l’État juif de « sèmer la barbarie » à Gaza et au Liban.
Commentaires décrits comme“excès” et de ” blessure “ par le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif). Au point que le nom du chef de l’Etat a provoqué des huées le 7 octobre, lors d’une soirée à Paris marquant le premier anniversaire des massacres commis par le mouvement islamiste palestinien Hamas en Israël.
Sa présence jeudi au Stade de France est donc d’autant plus bienvenue. « C’est un symbole fort de l’affirmation républicaine face à l’antisémitisme et je me réjouis qu’elle ait débuté derrière une forte présence d’élus »a déclaré le président du Crif, Yonathan Arfi, à l’AFP.
Pour Lukas Aubin, expert en sport et géopolitique à l’Institut des relations internationales et stratégiques (Iris), “L’idée derrière tout cela est de faire de cet événement un contre-match à Amsterdam et d’essayer d’apaiser les tensions.” « Nous sommes déterminés à soutenir l’équipe israélienne, à dénoncer les actes commis à Amsterdam et, en retour, à montrer le soutien de la France à Israël. […] même si toutes les zones d’ombre ne sont pas éclaircies » sur Amsterdam, ajoute-t-il.
Au risque de s’attirer les foudres des détracteurs d’Israël, au nom d’une délicate politique d’équilibre entre le droit d’Israël à se défendre et la dénonciation des actions de l’armée israélienne à Gaza depuis les attentats du 7 octobre 2023. Paris insiste sur le fait que ils doivent respecter le droit international.
“Abandonner ce match, c’est faire marche arrière”
« La France doit parvenir à faire de ce match le symbole de l’anti-Amsterdam. Un stade vide serait une victoire symbolique pour l’antisémitisme »ajoute Yonathan Arfi.
Seul « 25 000 » Des places ont été vendues mercredi, selon le ministre des Sports Gil Avérous, du jamais vu dans l’histoire du stade qui peut accueillir jusqu’à 80 000 spectateurs. “Ce désamour d’un certain nombre de supporters n’est pas forcément lié à un boycott du match, il y a aussi la peur potentielle que les événements d’Amsterdam se reproduisent”, souligne Lukas Aubin.
La pression s’annonce forte sur la police et le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, qui ont refusé de délocaliser le match, sur fond d’appels de la gauche radicale à son annulation ou au boycott. « au vu des crimes commis par l’armée israélienne » à Gaza.
« Abandonner ce match, c’est revenir en arrière. Il n’est pas question de donner raison à ceux qui se livrent à l’antisémitisme.» insiste le secrétaire d’État à la Citoyenneté Othman Nasrou, interrogé par l’AFP. Un raisonnement réfuté par La France insoumise. « Cela conduit à assimiler nos compatriotes juifs à l’État israélien alors qu’ils ne sont en aucun cas responsables de ses actes ! »estime le député David Guiraud.