En plus d’être opaque, la bouteille en carton de Green Gen ressemble à n’importe quelle bouteille en verre de 75 centilitres. Surfant sur le succès de « BIB »le « bag in box » auparavant disponible en 3, 5 ou 10 litres, le vin est en effet contenu dans un sac en plastique placé à l’intérieur du contenant en carton. La technologie est donc éprouvée, seul le format change. “Le principal avantage est qu’il ne pèse que 130 grammes, soit trois à dix fois moins qu’un récipient en verre”, argumente Aline Rogeon, directrice recherche et développement chez Green Gen. Et quand on sait que la bouteille en verre représente 21% de l’empreinte carbone de la filière vitivinicole, ce n’est pas un mince atout, notamment à l’export ! »
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Autre avantage : les deux matériaux, carton et plastique, sont recyclables séparément. « Il faut avant tout analyser l’ensemble du cycle de vie du produit pour savoir si cet emballage est véritablement vertueux, notamment son impact sur l’eau, l’air ou la biodiversité », insiste Medhi Besbes, responsable du marché des vins et spiritueux chez Adelphe, filiale du spécialiste de l’écoconception et du réemploi Citéo. Déjà à l’origine des premières bouteilles en lin il y a deux ans, Green Gen prévoit déjà de produire 2,8 millions de ses bouteilles en carton en 2025. Les deux tiers ont déjà été réservés, assure l’entreprise qui a repris les locaux d’un ancien site logistique de l’armée. à Bergerac pour installer son atelier. Elle emploie désormais 14 personnes.
Sortir par l’innovation
Principal frein à la commercialisation de ce packaging nouvelle génération : son prix. Avec un prix de revient de 0,80 euro, elle coûte environ deux fois plus cher qu’une bouteille en verre. « C’est aussi une manière de se démarquer dans une période morose, répond Aline Rogeon. La situation de la filière vitivinicole est préoccupante et c’est grâce à l’innovation qu’elle pourra sans doute s’en sortir. » Cette bouteille en carton sera également destinée uniquement aux vins à consommer rapidement. Impossible, en effet, de conserver de grands millésimes dans un sac plastique pendant des années ! L’entreprise assure que le concept suscite l’intérêt en France mais aussi à l’étranger, au Canada, en Australie et dans les pays nordiques.
“Toute approche permettant de réduire l’utilisation des ressources naturelles, comme la silice pour le verre, va dans la bonne direction”, de son côté, salue Anne-Laure Ferroir, directrice de la fédération des viticulteurs et vignerons Terra Vitis. Sur l’aspect RSE (responsabilité sociale des entreprises, NDLR)Plus les conteneurs sont légers, moins les employés qui transportent des cartons toute la journée risquent de se casser le dos. C’est vraiment le genre d’initiative que nous encourageons, mais le produit doit être économiquement viable pour l’entreprise. » Reste donc à convaincre le consommateur de changer ses habitudes d’achat, et d’arrêter de penser que « Plus la bouteille est lourde, meilleur sera le vin qu’elle contient ». Pas facile puisque, selon une enquête publiée l’année dernière par Terra Vitis, les trois quarts des personnes interrogées se disaient encore attachées à la traditionnelle bouteille de vin en verre.
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