Par
Fabien Ce
Publié le
12 novembre 2024 à 18h16
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C’est un problème dont Christophe Nicolas se serait passé. Le dimanche 3 novembre 2024, le maire d’Évecquemont (Yvelines) a appris la formation d’un fontis dans un champion limitrophe de la départementale 922.
Le danger que représente la cavité d’un peu plus d’un mètre de diamètre et d’un profondeur de 30 mètres l’a contraint à fermer le chemin menant au nouveau cimetière. “Les chasseurs étaient passés ici dans la matinée, il n’y avait rien”, raconte-t-il. En revenant dans l’après-midi, il y avait un gros trou. »
Une ancienne carrière condamnée depuis près de 50 ans
Le pire a-t-il été évité ? Sans aucun doute. Une chute dans ce trou aurait certainement été fatale. « Ici, on ne connaît pas le sous-sol. Cette ancienne carrière de gypse est condamnée depuis 1979. »
« Il n’y a pas d’autre moyen d’y arriver que de descendre en rappel un peu plus loin dans un puits d’un mètre de large. Amener un tracteur ici pour remblayer la carrière peut être très dangereux. »
L’élu raconte également que le jour de la formation de la fontis, il s’est approché trop près du trou et a fait prendre un souffleur par des experts présents sur place. «Ils m’ont fait comprendre que j’étais inconscient, car il n’y avait que 30 centimètres de tissu sous mes pieds. »
53 hectares de carrière dans le village
Au fond, Christophe Nicolas espérait qu’un tel problème ne se poserait jamais. « À Évecquemont, il y a un total 53 hectares de carrières sur une superficie totale de 250 hectares, détaille-t-il. C’est 1/5e ton village. Tant qu’il n’y a pas de fontis, on ne se rend pas vraiment compte du danger, on se dit que ça va durer. »
« Depuis des décennies, les maires se renvoient la patate chaude. Aujourd’hui, nous payons pour des bêtises qui ont été faites il y a longtemps par les opérateurs. Pour moi, les carrières relèvent de la responsabilité de l’État. »
Le maire écrira au préfet
Christophe Nicolas envisage d’écrire en ce sens au préfet pour demander leexpulsion de tous les propriétaires de parcelles (dans les champs ou dans les bois) situées en zone rouge.
Après avoir fait constater les fontis par l’Inspection générale des carrières et les services de la Communauté d’agglomération Grand Paris Seine & Oise, le maire n’a pas souhaité prendre aucun risque avec sa population.
« J’ai pris des arrêtés, notamment pour interdire le passage sur le chemin de Tessancourt. Un huissier est venu constater jeudi 7 novembre le dispositif qui avait été mis en place. Si les gens continuent à emprunter le chemin, ce sera leur responsabilité. »
Un détour de 2 km à pied
Problème qui ne vient jamais seul, le maire d’Évecquemont doit aussi régler la question de l’accès à nouveau cimetière… situé au bout du chemin. « Pour les piétons, il est toujours possible d’y accéder via Tessancourt-sur-Aubette. C’est une marche de 2 km et c’est très raide… Pour les voitures en revanche, le seul moyen d’accès est le chemin qui vient d’être fermé. »
Christophe Nicolas s’attend à être rapidement confronté à un problème d’organisation des obsèques. « Je ne peux pas interdire le passage aux piétons et en même temps laisser passer un corbillard. Nous disposons de deux caves qui sont disponibles auvieux cimetièreégalement à la limite de la zone rouge… C’est une solution à très court terme. Deux funérailles, ça va très vite dans une ville, d’autant plus qu’il y a ici une clinique de cardiologie… »
Dans une impasse, le maire devra néanmoins trouver une solution. « La seule possible est de créer un nouveau chemin vers le cimetière en bas de la ville, en évitant les zones rouges. »
Une question de responsabilité
Si les riverains se montrent pour l’instant compréhensifs, Christophe Nicolas s’attend à être chahuté. «J’avais au téléphone un vieille dame qui ne peut plus marcher et qui se rendait chaque jour au cimetière pour se recueillir sur la tombe de son mari. Visiblement, elle n’est pas contente. »
« Mais je préférerais l’entendre gémir au téléphone plutôt que de ne pas l’entendre du tout car elle serait tombée dans un trou. Surtout si c’est de ma faute parce que je n’ai rien fait pour l’empêcher. »
« Une obligation légale d’informer » les habitants
Confronté à «[son] le plus gros problème » Depuis qu’il est maire, Christophe Nicolas espère que des solutions seront bientôt trouvées.
En attendant, il prépare en urgence avec ses équipes un magazine spécialdédié au thème des carrières. « Les habitants pourront y retrouver les plans de la carrière. Nous avons l’obligation légale de les informer à ce sujet tous les deux ans. »
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